C’est l’histoire de Jimmy, l’un des premiers tunisiens atteints par le virus du Sida et expulsé de France à cause de ce «crime» qui, depuis, a fait de la lutte contre le Sida son combat de tous les instants. Fort apprécié à La Goulette, «son quartier» comme il aime à le répéter, il a élargi son rayon d’action à tous les quartiers populaires dans la limite de ses capacités physiques, étant lui-même malade. Il distribue des préservatifs à des jeunes prédisposés à l’inconscience, offre des conseils dans un langage, celui de la rue, qui «normalise» la maladie sans la banaliser, apostrophe les pouvoirs publics, coupables à ses yeux de ne pas faire suffisamment pour stopper le fléau et mettre un terme à la discrimination dont sont victimes les PVVIH (personnes vivant avec le virus du Sida) et accuse la société arabo-musulmane de refouler la maladie et d’en faire un objet de l’inconscient plutôt qu’un sujet de la conscience humaine.
Tout ce travail est abattu par le seul Jimmy, dans une ambiance de décontraction et de complicité, n’hésitant pas, pour faire accepter le préservatif à un jeune, à lui offrir une canette de bière. Cette démarche intelligente, mise en valeur par la caméra de Karim Souaki, nous interpelle tous pour que nous nous joignions au combat de ce saltimbanque, fan de Hendrix et de Reggae et nous fait surtout réfléchir sur l’absence de finesse et d’intelligence dans la démarche des pouvoirs publics, trop sérieuse pour la tête des mômes et surtout dépourvue de sincérité et d’humanité. Voilà, le mot est lâché. HUMANITE. Tout le film est un questionnement sur le déni d’humanité pour les PVVIH de la part d’une société qui a instrumentalisé la maladie jusqu’à en faire un tabou dans le dessein de s’engouffrer davantage dans les méandres de la fermeture et de l’intolérance.
Quant à Jimmy, pourvu d’une notoriété internationale qui a fait de lui un ambassadeur en Afrique de la lutte contre le Sida, il continuera sa lutte toujours dans la bonne humeur, car «c’est dans l’absolue ignorance de notre raison d’être qu’est la racine de notre tristesse et de nos dégoûts» (Anatole France). Et Jimmy a trouvé sa raison d’être. C’est pour cela qu’il est heureux malgré ses souffrances car il soulage celles de ses compagnons, mais jusqu’à quand ? S’agissant d’un trésor épuisable, je suggère instamment aux ministres concernés par la lutte contre le Sida (et ils sont nombreux) de nommer Jimmy chargé de mission auprès d’eux tous et de mettre à sa disposition un minibus avec chauffeur et un stock de préservatifs et sa liberté de parole et d’action. Car d’instructions et de directives, il n’a nul besoin. Faute de miracle, il fera mieux, j’en suis sûr, que tous les programmes gouvernementaux de lutte contre la maladie qui nous coûtent la peau des f… et qui sont concoctés par des bureaucrates dépourvus, sur le Sida, de toute légitimité.
Courrez voir ce film, un vrai moment de tendresse et de réalité que seul le cinéma, le vrai, peut nous procurer. Karim Souaki a parlé vrai à la manière de Jean-Luc Godard qui ne veut «parler que de cinéma, pourquoi parler d’autre chose ? Avec le cinéma, on parle de tout, on arrive à tout.»
Samir Taïeb
PS : ce documentaire est actuellement à l'affiche au CinémAfricArt (ex-Africa) jusqu'au 18 février, dans le cadre de la session Cinéma 2 docs.
Quant à Jimmy, pourvu d’une notoriété internationale qui a fait de lui un ambassadeur en Afrique de la lutte contre le Sida, il continuera sa lutte toujours dans la bonne humeur, car «c’est dans l’absolue ignorance de notre raison d’être qu’est la racine de notre tristesse et de nos dégoûts» (Anatole France). Et Jimmy a trouvé sa raison d’être. C’est pour cela qu’il est heureux malgré ses souffrances car il soulage celles de ses compagnons, mais jusqu’à quand ? S’agissant d’un trésor épuisable, je suggère instamment aux ministres concernés par la lutte contre le Sida (et ils sont nombreux) de nommer Jimmy chargé de mission auprès d’eux tous et de mettre à sa disposition un minibus avec chauffeur et un stock de préservatifs et sa liberté de parole et d’action. Car d’instructions et de directives, il n’a nul besoin. Faute de miracle, il fera mieux, j’en suis sûr, que tous les programmes gouvernementaux de lutte contre la maladie qui nous coûtent la peau des f… et qui sont concoctés par des bureaucrates dépourvus, sur le Sida, de toute légitimité.
Courrez voir ce film, un vrai moment de tendresse et de réalité que seul le cinéma, le vrai, peut nous procurer. Karim Souaki a parlé vrai à la manière de Jean-Luc Godard qui ne veut «parler que de cinéma, pourquoi parler d’autre chose ? Avec le cinéma, on parle de tout, on arrive à tout.»
Samir Taïeb
PS : ce documentaire est actuellement à l'affiche au CinémAfricArt (ex-Africa) jusqu'au 18 février, dans le cadre de la session Cinéma 2 docs.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire