vendredi 3 avril 2009

Sacrée « source autorisée anonyme » !

Correspondants des médias étrangers et parfois même journalistes tunisiens ne savent plus où donner de la tête ! A chaque fois qu’un responsable d’un parti de l’opposition indépendante ou d’une organisation de la société civile accuse l’Administration d’interdire la tenue d’une réunion publique, de saisir de manière détournée un numéro de leur journal, qu’un événement « inattendu » survient quelque part dans le pays, qu’un journal étranger, une ONG internationale publie une nouvelle jugée « insidieuse » ou un rapport qualifié de « tissu de mensonges »…. surgit aussitôt une « source autorisée » pour nous donner la « version officielle » ou pour « rétablir les faits». Le plus cocasse, ce n’est pas la teneur de la version déclinée par cette « source autorisée », mais c’est le fait que celle-ci se dissimule à chaque fois derrière l’anonymat, comme si les propos qui émanent de cette source ne doivent jamais être attribués à des autorités identifiables comme des personnes par le commun des mortels, comme si les auteurs qui s’expriment au nom de cette « source autorisée » sont censés être classés aux abonnés absents et qu’ils se déploient dans notre univers communicationnel comme des espèces d’OVNI, insaisissables et invisibles, incolores et inodores. Dans ce florilège de « source autorisée anonyme », l’impression qui se dégage est double : soit que les auteurs de ces sources sont si confus et si indécis qu’ils préfèrent garder l’incognito pour demeurer dans l’ombre, soit que la version officielle qui y est livrée est susceptible de recevoir un démenti venu d’une autre source autorisée, toujours « anonyme ». Dans tous les cas, c’est la communication gouvernementale qui devient, elle-même, source de confusion et d’interrogations ; mais, cette fois, qui osera brandir le masque de l’anonymat !

Larbi Chouikha

1 commentaire:

  1. Voyons Monsieur Chouikha... !

    Vos propos sont passibles de poursuites judiciaires pour atteinte à l’ordre public et surtout pour leurs visées tendant à corrompre nos mœurs politiques fermement enracinées depuis des décennies.

    Pourquoi voulez-vous que le palais de Buckingham (oups pardon de Carthage) se rabaisse à répondre aux rumeurs indignes de son rang. En Tunisie aussi, comme à Buckingham, la tradition veut que le palais se refuse à tout commentaire.

    Non mais … tant que vous y êtes, et à defaut de "sources anonymes", pourquoi ne demandez-vous pas non plus la tenue de conférences de presse pour répondre aux interrogations soi-disant légitimes des citoyens et des journalistes !


    Au cas où vous ne l’auriez pas encore remarqué, en politique, les conférences de presse sont un exercice strictement réservé aux élus qui doivent rendre des comptes à leurs électeurs. En Tunisie, nos traditions font que l’on ne se rabaisse jamais à ce niveau.

    En Tunisie on ne demande pas aux électeurs de voter pour le candidat que l’on est, mais on accède à la demande du peuple et des sympathisants pour remporter les suffrages. Dès lors, on n’a pas à rendre des comptes, mais à être en permanence remercié pour avoir rendu service. Aussi, monsieur Chouikha, êtes-vous prié de demeurer fidèle à nos traditions qui font que nos élus n’ont pas à rendre des comptes à des gueux.

    Du reste, avez-vous déjà vu en Tunisie une seule affiche électorale où il est écrit dessus «Voter pour moi»? Et cette tradition et si fermement enracinée que toutes nos affiches électorales, de quelque bord politique que l’on soit, portent inexorablement des mentions qui reviennent à dire « Votez pour le monsieur que vous voyez sur l’affiche ». Et je vous parie que les futures affiches d’Ahmed Brahim ne dérogeront pas à cette tradition.

    Et l’on se demande après pourquoi la mention «sources anonymes» est devenue si banale et pourquoi les tunisiens sont si coupés du «monsieur-pour-qui-il-est-demandé sur-l-affiche-de voter-pour-lui» !


    Cordialement Astrubal
    http://Astrubal.nawaat.org

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