dimanche 17 mai 2009

A travers la blogosphère #7 : élections 2009, débat et Facebook

Rien de nouveau sous le soleil du pays de la joie éternelle à quelques mois des élections de 2009, nous rappelle d'un des meilleurs blogs de la Tunisphère, la blogosphère tunisienne. Tandis que le père fondateur de cet espace donne à nos responsables politiques une leçon édifiante de communication politique sur les réseaux sociaux.

Carpe Diem s'étonne de l'absence de toute trace de débat politique sur la place publique en Tunisie à la veille des élections législatives et présidentielles de 2009 contrairement à "d'autres pays démocratiques (où) la bataille entre partis et candidats débute un an avant le vote final". Le blogueur constate qu'"à 5 mois (…) du vote (…) rien ne se passe en Tunisie..". Il rappelle que les élections, censées être "le principal sujet de discussion et de débat dans les médias et entre citoyens", ont cédé la place aux sempiternelles discussions sur "la religion, (…) le foot ou (…) la télé-réalité". Les médias sont étrangement silencieux : "pas de débats, pas d'interviews, pas de sondages", remarque le blogueur. "Le calme règne", ajoute-t-il, même au sein du parti au pouvoir, "seul acteur de ces fausses élections", où tout a déjà été joué d'avance puisque ses militants "ne peuvent même pas choisir le candidat de leur parti aux élections" qui est "toujours le même, évidemment…". Le blogueur énumère ensuite la panoplie de sujets de préoccupation des tunisiens qui devraient donner aux politiques, aux médias et aux citoyens "l'embarras du choix" en matière de débat politique. Chômage, croissance déclinante, systèmes éducatifs et de santé déficients, jeunesse désabusée, corruption, clientélisme, justice, administration, disparités entre les régions… autant de thèmes qui devraient aisément trouver leur place dans le débat public à l'occasion de cette "dernière échéance avant qu'un nouveau 'changement' ne survienne" et que beaucoup "ressentent, appréhendent et attendent en silence", selon le blogueur. Carpe Diem conclut malicieusement sur cette ambiance de "fin de règne" qui rappelle "étrangement celle de l'époque du Roi-Soleil au XVIIè" que décrit ainsi Jean Racine dans Phèdre : "Le Grand Siècle devient bigot, les fêtes brillantes appartiennent au passé et le vieux roi prie pour son âme …"


Et si les politiques faisaient plutôt campagne sur Facebook ! C'est l'idée originale osée par Hou-Hou Blog à l'adresse des partis politiques tunisiens à l'approche des prochaines échéances électorales. En présentant les statistiques de la présence tunisienne sur Facebook, le blogueur s'interroge à propos de l'immobilisme des partis et se demande pourquoi ils n'ont pas encore "envahi" le premier réseau social mondial. Constatant que près de 5% de la population tunisienne est présente sur Facebook et que la majorité d'entre-elle (400 mille) est en âge de voter, Hou-Hou Blog rappelle les vertus du réseautage social aux responsables politiques pour mobiliser le vote des jeunes, grands "oubliés" des dernières élections de 2004 qui ont concerné "seulement moins de 5 millions de tunisiens (…) inscrits" sur les listes électorales "alors que le pays comptait au moins 6 millions de tunisiens de 20 ans et plus". Selon le blogueur, un plan de campagne virtuel permettrait aux partis de mettre en place des "campagnes ciblées (…) par région et par tranche d'âge". Ceux-ci devraient ainsi abandonner les supports traditionnels d'une campagne classique que le blogueur juge "inutiles, coûteux et inefficaces" et consacrer "50% de leur budget de campagne" à Facebook. Hou-Hou Blog se permet même le luxe de leur conseiller les axes d'une stratégie de campagne virtuelle efficace. D'abord lancer une campagne pour "inciter les jeunes de 18 à 23 ans à s'inscrire sur les listes électorales". Créer ensuite une "page Facebook" du parti qui deviendrait un "centre de communication virtuel" cité dans les différents supports de communication du parti (journal, site web, affiches électorales, discours de ses candidats). Puis demander aux candidats du parti de créer leurs "profils Facebook actifs et participer aussi activement à la page du parti". Enfin, miser sur la caractère "viral" de la communication dans le réseau social pour "passer (le) message et inviter les jeunes à voter pour (son) parti et (ses) candidats". Un cours de communication politique dans les espaces virtuels pour sortir nos partis de la situation bien réelle, elle, d'inaction dans laquelle ils sont empêtrés en permanence.


Hédi Ben Smail

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