En choisissant de caresser dans le sens du poil, celui de la dure réalité cairote, où 80% des femmes sont voilées, et probablement en réponse tacite à une conditionnalité saoudienne, mais aussi en conséquence des failles connues de la science politique américaine,, avec son approche fragmentée de l’islam, ou tout simplement aussi en esprit fidèle au désengagement masculin, si classique, vis- à-vis de la question fondamentale de la liberté des femmes, le président Obama, par trois fois lors de son discours- par ailleurs génial, transcendant et si historique- persiste et signe : il est du droit des femmes de porter le hijab, il y va de leur liberté si elles le choisissent, dit-il.
Mais pourquoi Mr Obama ?
Serait-il libre celui qui, par un signe ostentatoire, accepte - en ignorance ou en connaissance de cause, cela ne change rien au fond de la question - qu’on réduise son statut à un corps omnisexuel qu’il se doit de cacher honteusement ?
Serait-il libre celui qui accepte qu’une théologie patriarcale moyenâgeuse continue de décider de son être et de son paraître ?
Serait–il libre celui qu’on endoctrine par le discours obscurantiste de dizaines de « cheikhs satellitaires » au nom de la croyance, pour qu’il porte volontairement le sceau de son aliénation ?
Serait-il libre l’esclave qu’on aurait convaincu que son statut d’esclave est scellé par décision céleste ?
Pourquoi, en affirmant si fort et si bien votre volonté et celle de cette partie sage de l’Amérique d’en finir avec toutes les guerres, vous tenez, de la sorte, à nourrir celle que les misogynes de l’islam entretiennent contre la liberté et l’humanité des femmes ?
On en convient, il est plus facile de désamorcer les bombes réelles que celles qui logent au fond des mentalités et des croyances, mais on aurait aimé que vous ayez un peu plus de respect pour celles et ceux qui, malgré le phénomène de « rhinocérosisation » qui envahit leurs sociétés, se battent, des fois à leur corps défendant, pour que la loi des talibans, de quelque nationalité qu’ils soient, ne l’emporte pas sur les femmes musulmanes.
Latifa Lakhdhar
Serait-il libre celui qui a choisi de ne pas être libre?
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