Le Facebook tunisien et arabe a connu une semaine tumultueuse. Tout a commencé avec la disparition mystérieuse de plusieurs profils de facebookers tunisiens et étrangers (notamment égyptiens). Le buzz a vite fait le tour du réseau social, surtout que parmi les "portés disparus" figuraient les profils d'illustres blogueurs tunisiens comme Big Trap Boy, Massir ou encore Zabrat. Derrière cette vague de disparitions se trouve un mystérieux groupe : المبيد الحشري الفايسبوكي, littéralement "l'insecticide facebookéen". Les créateurs de ce groupe aux relents éradicateurs se sont promis de bannir les "athées, les prosélytes chrétiens et tous les propagateurs de contrevérités dans le Monde Arabe". Vaste programme! à l'application duquel ils se sont immédiatement attelés en diffusant sur la page du groupe la liste noire, mise à jour en permanence, des profils à éliminer. On y trouve essentiellement les défenseurs d'une pensée progressiste, critique vis-à-vis du discours dominant sur la religion, appelant à l'émancipation de la femme ou encore défendant la laïcité. Pour les bannir de Facebook, ces éradicateurs virtuels ont suivi une démarche simple qui profite de la politique floue de Facebook en matière de liberté d'expression. Il s'agit de signaler en masse les profils indésirables, acculant ainsi les administrateurs du réseau social à les bannir. Mais la riposte ne s'est pas faite attendre. Car les victimes de ce puissant insecticide virtuel ont utilisé les ressources de Facebook pour organiser une véritable mobilisation destinée à contrer leurs "bourreaux". Des groupes, notamment من أجل إغلاق صفحة المبيد الحشري الفايسبوكي ou encore TOUS UNIS CONTRE LE GROUPE المبيد الحشري الفايسبوكي ont donc été créés pour lancer la contre-offensive. Le résultat a été efficace puisque le groupe de "l'insecticide facebookéen" a disparu de la Toile après une brève réapparition qui a fait long feu.
Cette affaire nous interpelle sur le statut de la liberté d'expression et l'usage qui en est fait sur Internet, en particulier les réseaux sociaux qui connaissent un succès grandissant depuis quelques années devenant le label du renouveau du Web, communément appelé Web 2.0. Il s'avère aisé de discréditer l'autre au nom de ses propres principes religieux, moraux ou intellectuels. Le caractère même du Web, espace complexe et infini de confrontation d'idées, rend la modération et la médiation difficiles. Dans le cas de Facebook, la politique ambiguë des administrateurs dans ce domaine ne facilite pas les choses. Ces derniers sont coincés entre la nécessité pour eux - pour des raisons commerciales évidentes - d'ouvrir le réseau social au maximum d'internautes et celle de faire respecter un minimum de règles. Reste à le faire dans un espace qui compte aujourd'hui plus de 300 millions d'utilisateurs (dont plus d'un million de Tunisiens).
Hédi Ben Smail
Cette affaire nous interpelle sur le statut de la liberté d'expression et l'usage qui en est fait sur Internet, en particulier les réseaux sociaux qui connaissent un succès grandissant depuis quelques années devenant le label du renouveau du Web, communément appelé Web 2.0. Il s'avère aisé de discréditer l'autre au nom de ses propres principes religieux, moraux ou intellectuels. Le caractère même du Web, espace complexe et infini de confrontation d'idées, rend la modération et la médiation difficiles. Dans le cas de Facebook, la politique ambiguë des administrateurs dans ce domaine ne facilite pas les choses. Ces derniers sont coincés entre la nécessité pour eux - pour des raisons commerciales évidentes - d'ouvrir le réseau social au maximum d'internautes et celle de faire respecter un minimum de règles. Reste à le faire dans un espace qui compte aujourd'hui plus de 300 millions d'utilisateurs (dont plus d'un million de Tunisiens).
Hédi Ben Smail
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