mardi 8 septembre 2009

Nous, on est méditerranéens!

Rien à faire ! Nous sommes méditerranéens. On parle fort, on gesticule, on crie, on pleure… Tout ce que nous faisons nous le faisons avec la passion de nos origines puniques, phéniciennes, byzantines, berbères, méditerranéennes quoi ! Les Arabes sont venus après ! C’est notre tempérament, plus même, notre nature… Alors, quand on nous dit : parlez plus doucement ou même, ne parlez pas du tout, qu’est-ce qu’on peut faire ? C’est absolument contre notre nature… Regardez chez nos amis italiens ce qui se passe avec Berlusconi… Il était d’ailleurs chez nous. Entre méditerranéens, on se rend visite n’est-ce pas ? Mais avec l’autorisation de l’autre ! Pas question d’y aller sans être attendu comme ces émigrés qui ne comprennent rien du tout à la politesse. D’ailleurs, c’est sûrement pour la leur apprendre, la politesse je veux dire, qu’il est venu. Bref… Berlusconi donc, il drague des lycéennes, il trompe sa femme, elle se plaint, elle divorce et, tout ça, c’est dans les journaux italiens, à la télé, partout dans la rue on ne parle que d’ ça, chez eux ! Eh bien nous, on est comme ça, mais en plus pudiques ça tient p’t-être à l’influence de la rive sud de notre belle mer : par exemple, on n’ sait pas grand chose de nos gouvernants, on comprend pas bien d’ailleurs le rapport qu’il y a entre ce qu’ils disent et ce qu’ils font, on en devient dingue quand on lit leurs journaux, ils n’parlent que d’çà : la démocratie, les droits de l’homme, le progrès, le développement etc. etc… On en vient même à s’ demander : c’est bien d’ mon pays qu’ils parlent ?!! … Mais tout ça, c’est parce que notre pudeur vient se conjuguer avec une autre caractéristique de notre tempérament méditerranéen-rive-sud qui est, c’est bien connu, excessif en tout : nous adorons ou nous haïssons, nous encensons ou nous emprisonnons. Chez nous, faut choisir : ou la dictature ou l’anarchie, la demi mesure, connais pas... Mais faut pas croire c’que les mauvaises langues racontent, nous l’avons la démocratie, mais avec des limites : des médias libres et indépendants et quoi encore ? Penser, critiquer, s’exprimer il manque plus qu’ ça ! Des élections avec de vrais candidats et de la transparence et tout et tout, mais où tu t’ crois ? Figure-toi que, dans un autre pays méditerranéen, pas le nôtre mais pas loin tout d’ même, on n’a même pas besoin d’élections, c’est une véritable passion populaire qui a supplié un chef d’état au pouvoir depuis plus de vingt ans de présenter sa candidature à la Présidence pour les prochaines élections et c’est la même passion populaire qui l’a remercié quand il a accepté, c’est du moins ce qu’on nous a montré à la télé… Un véritable plébiscite avant les élections … Incroyable, non ? Mais faut croire que la passion populaire méditerranéenne-rive-sud n’aime pas l’alternance. Regarde donc notre histoire, j’ dis pas l’ancienne – les chefs de tribus et tout ce qui s’ensuit – mais la récente enfin, celle depuis l’indépendance : ça marchait très bien avec Bourguiba, tous les observateurs étrangers le disaient et nos journaux aussi, ça marche encore mieux maintenant qu’ils disent encore : on a une économie florissante, pas d’ coups d’état, la stabilité quoi… Bon pour le tourisme tout ça et pour l’investissement des milliardaires arabes … et tout ça, c’est grâce à notre démocratie typiquement méditerranéenne-rive-sud et arabe de surcroît! D’ailleurs, j’vais te dire, la Cité idéale du philosophe grec , encore un méditerranéen celui-là - nous l’avons appliquée : la démocratie oui, mais pas pour tous !

Gargoulette

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