dimanche 8 novembre 2009

Quelle est la politique officielle de la Tunisie?

La question a de quoi surprendre! Il est, en effet, légitime de penser que, pour répondre à cette question, il «suffit» d’examiner les actes et les discours officiels, de les analyser, pour en déduire la politique suivie.

Certes. Le problème, cependant, est que l’exercice s’avère, aujourd’hui, particulièrement ardu, sinon impossible, tant la politique officielle comporte des éléments si différents, voire parfois contradictoires, que sa lisibilité en devient très improbable.

Prenons, pour ne pas remonter aux semaines et aux mois précédents, quelques exemples, datant tous de ces tout derniers jours :

Mercredi dernier, les détenus de la région de Gafsa ont été libérés. Emprisonnés depuis près d’un an et demi après le soulèvement de la population de Redeyef protestant contre trop d’abus, de favoritisme, de chômage et de pauvreté…, leur libération constituait une des demandes les plus importantes du mouvement démocratique – politique, syndical et associatif.

C’est donc un sentiment de soulagement et de vive satisfaction que l’on a éprouvé à l’annonce de cette mesure tant attendue, et c’est tout naturellement qu’elle a été qualifiée de très positive par toutes les parties. Elle est incontestablement de nature à créer une atmosphère de détente, non seulement dans leurs familles et chez leurs amis, mais aussi parmi toute la population du bassin minier et l’ensemble de la population tunisienne, passablement traumatisée par ces événements douloureux.

Mais, d’un autre côté, comment ne pas rester perplexe devant une série de faits complètement en contradiction avec cette mesure d’apaisement?

Pensons, par exemple, à l’arrestation, au harcèlement de journalistes et de militants des droits de l’homme – pour des faits plus ou moins graves, plus ou moins avérés ou complètement infondés – aux restrictions, entraves, mesures coercitives de toutes sortes à l’encontre des journaux de l’opposition, aux campagnes, atteignant parfois un niveau de bassesse et d’ignominie jamais égalé dans notre pays, menés contre des responsables politiques et des figures du monde associatif par des journaux qui ne doivent leur impunité qu’à la mansuétude du pouvoir à leur égard ?! Les exemples sont nombreux de mesures de restriction aux libertés et de verrouillage politique.

Quelle grille est donc capable d’intégrer ces deux types d’événements et d’en déduire LA politique officielle?

N’est-on pas dans une situation où l’on a l’impression qu’il y a PLUS D’UNE politique officielle?

Il faut reconnaître qu’une telle situation est déstabilisante et négative: une seule mesure répressive est, à elle seule, suffisante pour annuler l’effet de mesures positives importantes; elle est même susceptible de décrédibiliser l’ensemble de la politique officielle et de faire perdurer le climat de crispation et d’inquiétude qui règne dans notre pays.

On a l’impression que le régime n’arrive pas à opter soit pour l’ouverture soit pour la répression (tout en ayant plus facilement recours à cette dernière). Or, la situation du pays ne manque pas de sujets de préoccupation et la crise mondiale est une source supplémentaire d’inquiétude. Notre pays, notre peuple méritent de vivre dans une atmosphère plus sereine pour se consacrer à la solution de problèmes plus fondamentaux. Tout patriote sincère ne peut que souhaiter que la politique officielle prenne résolument, courageusement, en ce début de mandat présidentiel, le chemin de la réforme politique, de la libéralisation démocratique, du respect des libertés – en particulier la liberté d’expression et de critique – afin que les énergies de notre peuple et de sa jeunesse se libèrent et se consacrent à l’œuvre de développement de notre pays.

Hichem Skik

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