En parcourant la Une du quotidien gouvernemental La Presse du samedi 21 février 2009, mon attention a été attirée par un titre : sous la rubrique «Automobile», le journal nous informe, en effet, que La Tunisie a été choisie pour le lancement officiel et international des nouveaux modèles Porsche ! Pour ceux qui ne le savent peut-être pas, Porsche est une marque allemande qui produit exclusivement des voitures de luxe et de grosses cylindrées destinées à de rares privilégiés.
Voulant en savoir un peu plus, j’ai ouvert la page 4 pour connaître les détails de cet événement. Et là, je découvris qu’une société privée, dirigée par un homme d’affaires tunisien, a obtenu que la présentation et le lancement des nouveaux modèles de la marque aient lieu exclusivement en Tunisie. Le journal nous informe également que les principales chaînes françaises de télévision diffuseront de longues séquences de ces essais, en prenant même le soin de nous indiquer les horaires de diffusion et de rediffusion.
Cette publicité, à peine déguisée, a de quoi surprendre. Car le quotidien en question est – ou, plutôt, était, jusque-là – un farouche défenseur de la politique gouvernementale de «maîtrise de l’énergie» et de «protection de l’environnement». Or, ces voitures sont, aussi bien dans leur version «essence» que «diesel», de grandes gloutonnes. Elles sont, de même, par leur puissance, et malgré les nouvelles technologies, de véritables pollueuses de l’atmosphère.
Mais à lire l’article – pardon ! le publireportage – les questions de l’énergie et de l’environnement semblent être de menus détails devant la fierté que tout Tunisien devrait éprouver devant l’élection de son pays comme lieu de lancement et d’essais d’une grande marque auto.
En ces moments de crise économique, où les marchés européens peinent à absorber la production de simples voitures utilitaires, l’accueil par notre pays du lancement de marques de luxe, n’est-il pas le signe, en effet, que notre économie représente un marché intéressant pour ces dernières et que, par conséquent, tout va bien chez nous… du moins, pour une certaine classe de privilégiés ?
Alors, ne boudons pas notre plaisir. Soyons fiers. Au diable, prudence et modération ! Et fêtons, comme il se doit, l’élection de la Tunisie comme terre d’accueil exclusive pour les voitures de luxe en mal de clientèle.
Kacem Erraies
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