mercredi 29 avril 2009

L’affaire Maklada annonciatrice de temps durs pour les salariés ?

Le sit-in organisé par les employés de l’usine productrice de câbles métalliques «Maklada» à Eljem est le dernier moyen qu’ils ont trouvé pour défendre leur gagne-pain, leurs droits et leur dignité. En effet, invoquant des difficultés économiques, son propriétaire, M. Moez Driss, a tout simplement procédé au licenciement de 39 employés sur les 160 que compte l’entreprise. Cette procédure, qui a touché des employés titulaires ayant contribué pendant plusieurs années à la prospérité de l’entreprise et aussi, comme par hasard, les six membres du syndicat de base, s’est faite, ainsi que l’a souligné l’inspection du travail, en parfaite violation de la législation en vigueur. De même, et pour mieux souligner l’inanité de l’argument avancé par le propriétaire, les licenciés ont été immédiatement remplacés par des employés précaires, fournis par des sociétés de sous-traitance, donc taillables et corvéables à merci !

L’affaire Maklada est grave. Car beaucoup tenteront, à l’instar de M. Driss, de profiter du contexte de la crise mondiale pour invoquer des difficultés économiques et essayer de se débarrasser des employés titulaires et/ou syndiqués, conscients de leurs droits et de leur participation à la création de la richesse, et de les remplacer par une main-d’œuvre précaire, docile et sous rémunérée. De tels agissements, portant atteinte aux droits des travailleurs et au droit tout court, mettent en péril la paix sociale dans le pays. Il est, dès lors, urgent que les autorités prennent conscience du danger et qu’elles interviennent pour faire respecter la loi, même à des personnes influentes, jouissant d’un certain poids économique et politique, tel le propriétaire de l’usine Maklada. Il est de même souhaitable que l’Organisation du patronat joigne l’acte à la parole, en respectant ses partenaires sociaux et en décourageant de telles pratiques ! Car, sans une intervention énergique visant à faire respecter la loi en matière de droit du travail, notre société risque de faire les frais d’une « contre-révolution » et de sombrer dans la féodalité !

Baccar Gherib

mardi 28 avril 2009

Attariq Al Jadid - Brèves

Grève à Tunisie Télécom
Les agents de Tunisie Télécom ont observé une grève pendant la journée du mardi 21 avril dernier à cause du blocage des négociations salariales – l’entreprise n’ayant pas encore donné satisfaction aux revendications salariales de ses employés. Selon Mohamed Belhaj, secrétaire général du Syndicat Général des Postes et Télécommunications, cette grève a été suivie par 90% des agents.

Elissa ?
Nous nous sommes fait l’écho, dans le numéro 124, de l’étonnement et des interrogations de nombreux observateurs quant au nouveau produit « Elissa » de Tunisie Télécom visant la population des jeunes de moins de 25 ans. L’étonnement fait suite à l’absence de toute référence à Tunisie Télécom dans le produit lui-même et dans ses points de vente. Or il semblerait que Tunisie Télécom ait fait exprès de choisir un nom de marque différent pour personnaliser son offre et surtout la démarquer de l'image de Tunisie Télécom qui ne serait pas très bien connotée chez les jeunes. D'ailleurs des consignes auraient été données aux points de vente Elissa de ne pas évoquer de près ou de loin Tunisie Télécom !?

Qui croire ?
Le chroniqueur d’un célèbre quotidien indépendant de la place nous a offert, la semaine écoulée, un excellent billet sur la médiocrité des «débats» organisés par notre chère TV7, notamment ceux du prime time, tout de suite après la météo. Etaient stigmatisées pèle mêle la langue de bois de l’animateur et des invités, la compétition qui se déroulait entre eux sur qui ferait le plus d’éloges et l’absence de débat contradictoire, voire de débat tout court. Cette médiocrité, à l’en croire, nous pousse à émigrer vers d’autres cieux et à suivre les débats d’autrui qui ne nous concernent pas forcément ! Toutefois, deux jours plus tard, le même chroniqueur nous livre, toujours à propos de la même émission, un papier qui salue l’intérêt du débat, bien mené par l’animateur et où les deux «opposants» M. Bouchiha et I. Boulehia se sont … opposés ! En deux temps, trois mouvements, l’émission se serait ainsi radicalement transformée ?? Ou bien un réajustement aurait-il été exigé ?!

lundi 27 avril 2009

A travers la blogosphère #4

L'accident de bus de Mornag a suscité les interrogations indignées de certains blogueurs. Au menu : rumeur et responsabilités.

Errances s'interroge sur la véracité des chiffres des victimes de l'accident avancés par les médias officiels. Le blogueur, convaincu que les dégâts humains étaient plus importants, met en doute ces chiffres dans un pays où "il ne se passe jamais quelque chose". Constatant "une forte perturbation" de la circulation automobile "pendant des heures entières" et remarquant "l’embarras et le débordement" des "agents de la police et de la garde nationale" présents sur les lieux en nombre important, il conclut à "l'atrocité de l'impact du drame" et acquiert la certitude "que ce qui se passe n'avait rien d'ordinaire ni de banal". Les doutes du blogueur sont relayés dans les commentaires de sa note où les internautes, tour à tour, mettent en évidence une variation du bilan de l'accident selon les médias, avancent des chiffres différents des victimes en s'appuyant sur leurs propres sources ou rappellent que des accidents graves ont déjà eu lieu sans qu'aucun organe de presse n'en parle ! Errances stigmatise l'attitude des médias qui présentent une information univoque dont la source est invariablement l'agence officielle TAP. Sa note pointe du doigt la crédibilité de l'information produite par nos médias qui "à défaut d'information crédible et responsable" favorisent la "rumeur" qui, dans le cas de l'accident de Mornag, a fait dire à certains que "le nombre de morts aurait atteint 86" ou que le bus contenait "plus de 250 passagers" alors qu'il ne peut transporter "plus de 80 personnes".

Kiffe Grave, quant à lui, fait l'inventaire des manquements divers qui ont rendu cet accident "tout à faire prévisible" et s'interroge sur l'identité des responsables de la catastrophe. Pour le blogueur, les responsabilités sont multiples et se situent à différents niveaux. Sont désignés l'état vétuste de certains bus "qui mériteraient d'être jetés à la casse", l'attitude coupable de certains chauffeurs "qui (…) en toute impunité (…) ne respectent ni les horaires, ni le code de la route" et enfin, ceux qui sont censés faire respecter l'ordre en assurant qu'il n'a "jamais vu un bus arrêté par un policier parce que les passagers étaient accrochés aux portes (…), pour ne pas avoir respecté le code de la route" ou "pour excès de vitesse". Le blogueur conclut en demandant "des comptes à la Transtu (…) et aux différents responsables en charge de ces dossiers".

La crise a, enfin, eu raison de l'optimisme béat de nos responsables économiques qui viennent de réviser - encore une fois - le sacro-saint taux de croissance économique du pays.


La plume – For a better world rappelle que cette révision est la deuxième consécutive – une première baisse de 6 à 5,1% ayant déjà intervenu à la fin de l'année précédente. La nouvelle révision établit à 4,7% les prévisions de croissance du PIB pour 2009. Le blogueur affiche une prudence de rigueur pour ce taux qui "ne reflète en rien l'évolution probable de la croissance économique tunisienne dans le second semestre de 2009 (…) dans un contexte international morose et une visibilité à court terme très limitée" de la poursuite de la crise économique et financière. Cette baisse de la croissance se traduira, selon le ministre des finances dont les propos sont rapportés par le blogueur, par "une aggravation du déficit budgétaire" et "une réduction des ressources fiscales" qui sera compensée par la réduction des subventions des prix des hydrocarbures en cas de stabilité des prix actuels. Le blogueur ne se fait pas d'illusion sur "la politique de la Tunisie dans (ce) domaine" : "augmentation et pas recul du prix à la pompe". Celui-ci critique la "prise en charge par l'Etat des cotisations patronales pour les entreprises menacées" par la crise. Une mesure, selon lui, qui "vise à aider ouvertement le patronat" alors qu'on oublie d'augmenter les "salaires des travailleurs" pour "booster l'économie grâce à la consommation", une politique qui, selon le blogueur, ne sera jamais appliquée car jugée "trop coûteuse" par le gouvernement. La plume – For a better world constatant que "nos voisins algériens et marocains" connaissent une augmentation de leur croissance économique finit par s'interroger sur l'opportunité de continuer de "miser sur l'Europe", orientation qu'il considère "un frein énorme au potentiel de développement (…) de la Tunisie".

Hédi Ben Smail

dimanche 26 avril 2009

Achat de Dar Assabah par S. Matri. Un membre du Comité Central du RCD à la tête d’un journal "indépendant" !

L’achat de 70% (et bientôt 100%) du capital de Dar Assabah par l’homme d’affaires S. Matri, membre du comité central du RCD, compte sans doute parmi les informations les plus importantes sur la scène économique, médiatique et politique de la semaine écoulée. D’abord, parce que 58 ans après sa fondation par feu Habib Cheikhrouhou, cette maison de presse, d’édition et de distribution sort du contrôle de la famille qui a veillé à assurer tant bien que mal à ses journaux une ligne plus ou moins indépendante par rapport au pouvoir. Ensuite, parce que le contrôle du journal est désormais entre les mains de M. Matri qui ne peut en bonne logique – à moins de se condamner à la schizophrénie – défendre cette ligne indépendante du journal, étant donné son appartenance à une importante instance du parti au pouvoir. Enfin, parce que l’achat de Dar Assabah est le fait d’un homme d’affaires, déjà à la tête d’un holding, d’une banque et d’une Radio. Ce qui montre que cet achat n’est nullement le fruit du hasard et que, au contraire, il fait bien probablement partie d’une stratégie visant à associer le pouvoir médiatique au pouvoir économique, tout en faisant de la politique. C’est, en gros, la stratégie qui a été mise en œuvre par S. Berlusconi en Italie, au début des années 90. Il semblerait, en effet, que le président du conseil italien est en train de faire des émules sous nos cieux… Déjà, des rumeurs insistantes font état des visées d’un autre homme d’affaires, membre lui aussi du comité central du RCD, sur le journal La Presse. Mais là, par contre, l’achat par un privé n’aura pas de graves conséquences, car, il n’y aurait aucun risque de perte d’une voix indépendante dans notre paysage médiatique !

Mohamed Abdelhak

lundi 20 avril 2009

Politique et mémoire

Le black-out dont a fait l’objet, la semaine dernière, la commémoration du neuvième anniversaire de la disparition d’Habib Bourguiba de la part des médias officiels et, surtout, de la part de l’organe du gouvernement La Presse – au point de le faire disparaître de la rubrique des éphémérides !* – soulève la question du rapport entre politique et mémoire. Il est, en effet, pour le moins paradoxal que ce soient, non pas les héritiers du néo-destour et du PSD, mais les anciens adversaires politiques de Bourguiba, ceux qu’il a réprimés et qui ont goûté à ses geôles, qui traitent de son empreinte, de cette partie de notre histoire, avec sérénité, objectivité et sans le moindre complexe ni ressentiment.

Ainsi, vu du côté de la gauche démocratique et moderniste, et en allant à l’essentiel, l’édifice construit par Bourguiba pendant trente ans à la tête du pays est grand, mais il est bancal. Cette construction portée par un incontestable souffle moderniste a donné au pays des acquis précieux tels la lutte contre la pauvreté, la généralisation de l’éducation, la promotion d’une large classe moyenne et le statut progressiste de la femme tunisienne. Mais elle a raté, pour son malheur et le nôtre, le passage à la démocratie qui devait accompagner ses réalisations, les préserver et les renforcer. Il est, dès lors, nécessaire de penser ce passé proche, ne serait-ce que pour comprendre notre présent. C’est pour cela que l’on a du mal à saisir pourquoi certains s’efforcent de le gommer, a fortiori s’il s’agit de ses héritiers directs. Et ce n’est pas une simple question d’éthique politique !

Parlant, lors d’une émission radiophonique, du propos de son œuvre Khamsoun et de l’importance de ce passé, l’homme de théâtre Fadhel Jaïbi s’est exclamé: «je suis, comme tous ceux de ma génération, le fils de Bourguiba !». Alors, de grâce, n’éludez pas cette page de notre histoire – avec ses réussites et ces défaillances – et ne laissez pas les jeunes s’interroger sur l’identité de leur «grand-père» et ses réalisations...

Baccar Gherib

* Voir n°123 d’Attariq Al Jadid

NDLR : Photo d'illustration,
source.

dimanche 19 avril 2009

A travers la blogosphère n°3

Des organisateurs désemparés, des fans dépités et un concert finalement annulé. L'absence sur la scène du groupe anglais de metal (hard rock) Anathema n'a pas fait que des déçus, elle a aussi provoqué un gros dégât collatéral inattendu…
Début février, les fans d'Anathema sur la blogosphère se félicitent de la venue du groupe dont la prestation sur la scène de l'Acropolium de Carthage prévue pour le 4 avril est très attendue. Radio Njoy exprime son excitation sur son blog. Il "n'y crois toujours pas!!!!" à l'idée de "les voir en vrai!!!!!". Les fans affluent même de l'intérieur du pays et du Maroc. Mille billets ont été vendus. Le jour du concert, le blog de Mouse Hunter annonce son report au 6 avril à cause d'"une autorisation manquante du ministère de l'intérieur". Le concert est finalement annulé. Pourtant, l'organisateur affirme dans un communiqué de presse repris par le blog Nothin' but a good time que toutes "les démarches ont été faites comme il se doit" et que "plusieurs réunions de coordinations avec les autorités (…) dont le résultat a été positif" ont été organisées "plusieurs mois à l'avance". Mais les raisons de cette annulation ne seraient pas administratives. L'un des techniciens d'Anathema, qui tient un blog, annonce que le ministère de l'intérieur a été informé que les membres du groupe anglais étaient des "adorateurs de Satan" qui "mangent les chats noirs et boivent leur sang" (sic !). Pourtant, le blog spécialisé Nightwatcher's House of Rock affirme que les paroles d'Anathema n'ont "jamais fait l'objet de controverse" et que le groupe a même donné des "concerts spéciaux accompagné d'amis du Royal Liverpool Philharmonic Orchestra". Il semble donc que le concert a été victime d'un acte de sabotage. L'histoire ne s'arrête pas là et sa fin est tragi-comique. Le concert annulé d'Anathema devait être accompagné d'un groupe tunisien et du chanteur italien Fabio Lione. Tout ce beau monde a donc dû plier bagage. Mais leurs fans ne seront pas déçus car La Presse, sous la plume de Mourad Bouzidi, a tenu à les consoler en leur livrant un compte-rendu imaginaire de la prestation virtuelle de Fabio Lione ce même 4 avril à l'Acropolium de Carthage. Le "journaliste" n'a rien oublié : l'énoncé détaillé des morceaux chantés pendant ce concert, le "public nombreux (…) ravi de la prestation de cet artiste", allant même jusqu'à rapporter des déclarations imaginaires de l'artiste italien "dans les coulisses, juste après le concert". Des blogueurs ont découvert la supercherie. Nothin' but a good time relate dans son blog cette "prouesse journalistique monumentale" digne d'un "journalisme d'une autre dimension". Nadia from Tunis félicite "les journalistes de La Presse" pour avoir inventé un "genre nouveau" : "la chronique des événements qui n'ont jamais eu lieu" et congratule M. Bouzidi un "magicien" qui a trouvé "la dimension parallèle" pour emmener les fans "dans sa machine à réinventer le temps" pour "l'aventure (…) de la téléportation".

La Tunisie aime figurer en bonne place dans les divers classements internationaux. Après le forum de Davos et International Living qui ont loué nos remarquables performances économiques et notre excellente qualité de vie - malgré les nombreuses critiques envieuses - notre pays s'est essayé au dernier concours du The Economist Intelligence unit.
Dans le souci d'éclairer davantage l'opinion publique sur les réalisations de notre pays, Carpe Diem s'est penché minutieusement, document original à l'appui, sur l'article de La Presse qui loue les performances de la Tunisie dans cette étude* du célèbre journal économique britannique. Le blogueur dénonce une information "manipulée" et "incomplète". Alors que les médias officiels se gargarisent du bon classement de la Tunisie qui se situe "au même rang que des pays européens" et se permet même le luxe de devancer "d'autres pays parmi eux", le blogueur découvre avec stupeur qu'on a omis de préciser qu'en fait de stabilité politique, le classement porte sur l'"instabilité politique" et "la vulnérabilité à l'agitation politique et sociale" où notre pays affiche un classement plus qu'honorable puisqu'il n'est devancé que par les meilleurs élèves de la classe, Libye, Emirats arabes unis, Sultanat d'Oman… "des dictatures encore plus enracinées". Un classement qui révèle finalement, selon Carpe Diem, "le degré d'immobilisme politique en Tunisie". Mais l'enthousiasme du journal gouvernemental n'a pas de limites. Dans son élan euphorique, La Presse a malencontreusement oublié de mentionner un autre classement flatteur pour notre pays dans cette excellente étude qui révèle, de manière inattendue, que la Tunisie "arrive à la 141ème place sur 167 pays" dans la catégorie Régimes autoritaires avec une "note globale de 2,96/10" et un "zéro pointé" dans la rubrique Processus électoral et pluralisme. Mais nous le savons tous, les chiffres sont trompeurs, seule l'action compte…

*Les références complètes de l'étude de The Economist intelligence unit (1, 2, 3)

Hédi Ben Smail

NDLR : de légers correctifs de forme ont été apportés par l'auteur à la version électronique de l'article.

samedi 18 avril 2009

ردود أفعال في أوساط المثقفين التونسيين بعد اتهام كاتبة بمهاجمة الرسول


أثار مقال نشره الصحافي التونسي محمد الحمروني ردود أفعال رافضة من طرف قسم كبير من المثقفين في تونس. وعبر الكثير من الكتاب عن رفضهم للاتهامات التي كالها الحمروني على الباحثة في الفكر الإسلامي الدكتورة الفة يوسف، وإدعائه بأنها تهاجم الله والقرآن والرسول على صفحتها بالموقع الاجتماعي الشهير "فيس بوك".

وكانت صحيفة "العرب" القطرية قد نشرت في عددها الصادر بتاريخ 13 أبريل 2009 مقالا للحمروني تحت عنوان: "بعد الرسوم الدنماركية، صفحات "فيس بوك" تونسية تهاجم الرسول (ص)" اتهم فيه الدكتورة ألفة يوسف بالتهجم على الذات الإلهية والقرآن الكريم وشخص الرسول، اتهم فيها الدكتورة ألفة يوسف بالتهجم على الذات الالهية والقرآن الكريم وشخص الرسول،وادعى أن "صفحتها على "الفيس بوك" تحولت في الأيام الأخيرة إلى فضاء يُلْعَنُ فيه الرسول عليه الصلاة والسلام وتكال له أكثر النعوت قبحا".


وجاء في المقال "ومن آخر الموضوعات المثيرة للنزاع، ما طرحته الدكتورة على صفحتها في شكل سؤال بدا بريئا وهو: لماذا رفض الرسول صلى الله عليه وسلم أن يتزوج علي بن أبي طالب على فاطمة الزهراء؟ ليتحول بعد ذلك الحوار إلى حملة تشهير بالمسألة الجنسية في تراثنا نقلا عن أحد المواقع المسيحية المتخصصة في شتم الإسلام."

وتجاوز الحمروني ذلك واتهم دون دليل الفة يوسف باللهث وراء منصب وزاري وكتب: "وقد صار من شبه المؤكد أنها مرشحة لتسلم حقيبة وزارة الثقافة في أقرب تغيير وزاري".


وانتقد عبد الحق سيوط كاتب المقال قائلا إن: "هؤلاء ينتهجون النهج نفسه مع كل من يخالفهم الرأي، فالعام الماضي كانت سلوى الشرفي في أهدافهم ثم بعدها رجاء بن سلامة واليوم ألفة يوسف. لاحظوا أن الأهداف كلهن نساء. والمستهدف الحقيقي هو مشروع الحداثة التونسية".

الصحافي جمال العرفاوي شكك من جانبه في حرفية المقال وكتب أنه "مهنيا هذا ليس مقال صحفي لان صاحبه لم يتبع الأبجديات اللازمة للمهنة لأنه أولا لم يحدد تواريخ ولم يعط فرصة لمن اتهمهم للتعبير عن مواقفهم مثل ألفة يوسف".


المحامي انور القوصري دعا الصحافي محمد الحمروني إلى كشف الأدلة عن قيام ألفة يوسف بالمس بالذات الالهية التي اعتبرها مزاعم لا أساس لها من الصحة، داعيا الحمروني إلى تقديم اعتذارات علنية".


في المقابل، افتتح عدد من التونسيين مجموعة في صلب موقع "الفايسبوك" بعنوان: "نطالب الحكومة يتقديم المدعوة ألفة يوسف إلى المحاكمة وعزلها من كافة الوظائف لمساسها بمقدسات دينية إسلامية"، وأضافوا:" لقد ضقنا ذرعا من هذه الشخصية التي صنع منها إعلامنا التونسي شخصية عامة وقدمها لنا على أساس إنها مفكرة وكاتبة لكتاب". وهذا كلام غير معقول ويدخل في باب تجريم الرأي المخالف، ليُطرح التساؤل، لمصلحة من تُثار مثل هذه المعارك؟


سفيان الشورابي

Les Amis d'Attariq apporte son soutien à Olfa Youssef dans son effort permanent de produire une lecture rationnelle de l'Islam et son combat contre les adversaires de la parole libre qui - au nom d'une idée rétrograde et passéiste de la religion - tentent par tous les moyens d'étouffer la pensée libre dans nos sociétés.

Attariq al Jadid parle de la blogosphère

Attariq Al Jadid s'intéresse à la blogosphère ! La rubrique "A travers la blogosphère" revient dans le journal d'Ettejdid.

Le blog des Amis d'Attariq publiera régulièrement cette revue hebdomadaire de la blogosphère tunisienne qui témoigne du dynamisme de cet espace d'expression qui s'est définitivement installé dans le paysage médiatique et citoyen en Tunisie.

N'hésitez pas à réagir avec vos commentaires, opinions... !

Rendez-vous dans quelques jours avec les premiers numéros de cette rubrique... !

Les Amis d'Attariq

lundi 13 avril 2009

Mais il est fou, ce «fou» !

Au pays du jasmin, oser briguer les hautes charges de l’Etat peut être considéré comme un acte de «déficience mentale» et valoir à son auteur l’internement forcé pour «danger public»! C’est le sort qui semble être réservé à un citoyen tunisien âgé de 44 ans, résidant à Tébourba (30km au nord de Tunis), ingénieur en informatique, qui a été interné à l’hôpital psychiatrique d’Al Razi à Tunis, le 28 mars dernier, apprend-on d’un communiqué de l’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT) et du CNLT. M. Alaya Kouki avait annoncé son intention de se porter candidat aux élections présidentielles d’octobre 2009 et aurait adressé le 4 janvier 2009 un courrier au président de la Chambre des députés l’informant de son intention de s’y présenter en tant que candidat indépendant, en y joignant un manifeste électoral. Il avait même « osé » solliciter le parrainage des maires de Tébourba, Béjà, Bou Salem, Jendouba, et d’autres encore, comme le stipule l’article 40 de la Constitution mais, bien évidemment, ces derniers n’étaient ni disponibles, ni disposés… On apprend, par ailleurs, qu’un journaliste de radio Kalima, alerté par la famille du « candidat », a pu réaliser un entretien en direct avec lui, à partir de son lit d’hôpital. Mais au lendemain de la diffusion sur les ondes de cette interview, Kouki n’était plus joignable, croit-on savoir.

Larbi Chouikha

NDLR : l'illustration est une peinture d'Alexandra O'neil intitulée "Le Fou"

dimanche 12 avril 2009

Qui est le mystérieux partenaire de Dar Assabah ?

A la page 2 de notre précédent numéro, nous faisions état de rumeurs de rachat d’une partie du capital de Dar Assabah par l’homme d’affaires qui monte : S. Matri. Or, le vendredi 3 avril, Assabah et Le Temps nous informaient, dans leur une, de «la prochaine entrée dans le capital de la société d’un partenaire de renom opérant, entre autres, dans le domaine de la radiodiffusion».

Ce communiqué, sobrement intitulé «Partenariat», ne nous révèle pas l’identité de ce nouveau partenaire, mais il nous livre des éléments qui peuvent nous aider à la deviner. Or, si les deux premiers éléments (renom et radiodiffusion) pourraient faire croire qu’il s’agit bien de M. Matri, le troisième, au contraire, élude cette piste. En effet, la fin du communiqué nous informe que ce partenariat vise à «promouvoir la presse indépendante» et «contribuer à son développement». Or, tout le monde sait que M. Matri est membre du Comité Central du RCD et que ce statut ne peut être compatible avec la ligne éditoriale de Assabah et Le Temps et, encore moins, avec la promotion de la presse indépendante. Qui est donc ce nouveau partenaire de Dar Assabah ? Le mystère reste entier !

Mohamed Abdelhak

samedi 11 avril 2009

Un doyen de Faculté qui ne veut pas perdre toutes ses facultés !

Etre doyen de Faculté, demeurer digne, susciter le respect de tous, défendre les principes de justice et d’égalité pour tous les étudiants - quels qu’ils soient - et agir selon sa conscience, en ces temps difficiles, n’est pas chose aisée. C’est ce que découvre, à ses dépens, le doyen de la Faculté de médecine de Tunis, le Pr Abdeljelil Zaouche. On apprend, en effet, que depuis plusieurs mois, il s’oppose farouchement à l’inscription en 4ème année d’une étudiante qui n’a même pas réussi aux examens de sa 3ème année ! L’étudiante en question traîne depuis 8 ans en 3ème année et sa famille harcèle le doyen et use de tous les moyens d’intimidation (huissier de justice, tribunaux ...) pour l’inscrire en 4ème année. Une sommation a même été adressée au Pr Abdeljelil Zaouche en personne, pour lui réclamer 200.000 dinars de dommages et intérêts si «l’étudiante en question n’est pas inscrite avant lundi 6 avril dernier» (sic) ! Un petit détail qui vaut son pesant d’or : l’étudiante concernée semble avoir « le bras long » et bénéficier de plusieurs appuis… Fort heureusement, étudiants et enseignants se mobilisent via plusieurs moyens, comme Facebook : ils font circuler une pétition dans laquelle ils appellent à «préserver la dignité et la crédibilité de notre formation, et défendre les principes d'intégrité et de justice du Pr Abdeljelil Zaouche!» Face à cette situation kafkaïenne, le ministère de l’enseignement supérieur préfère tout bonnement afficher un profil bas.

Larbi Chouikha

vendredi 10 avril 2009

Une censure bête et méchante

Le souvenir de la disparition d’Habib Bourguiba se confond, chez les Tunisiens, avec celui d’une extraordinaire, d’une monstrueuse et incompréhensible censure qui les a empêchés d’assister aux funérailles de l’homme qui a incarné le pays pendant plusieurs décennies. Ce jour-là, en effet, et contre toute attente, notre télévision nationale a choisi, devant les yeux du monde entier, de diffuser pendant de longues heures, en lieu et place des obsèques, un documentaire sur … des poissons ! Ce qu’éprouvèrent, alors, les Tunisiens : ce fut de l’humiliation, de la colère et, surtout, de la honte. A l’époque, M. Basti était directeur de la télévision. Il est, aujourd’hui, ministre de la culture !

Effacé de l’histoire !

Selon les éphémérides du journal La Presse, le 6 avril 1923 est né Mohamed Salah Belhadj, néo-destourien, ancien maire de La Marsa, mort le 12 août 1982. Le même jour de l’année 1938, le Dr Slimane Ben Slimane a été arrêté (par qui ?) et, toujours le même jour, en l’an 46 avant J-C, Jules César a eu raison des partisans de son rival Pompée, lors de la bataille de Thapsus (Bekalta aujourd’hui).

Pourtant, il nous semble que le 6 avril 2000, est mort un certain Habib Bourguiba, fondateur du néo-destour (sic), leader du mouvement national, premier chef du gouvernement après la proclamation de l’indépendance, premier président de la Tunisie, après l’abolition de la monarchie et la proclamation de la république, libérateur de la femme, apôtre de la gratuité de l’enseignement… bref, le fondateur de la Tunisie moderne. Et, à ce titre, il mérite, au moins, de figurer dans les éphémérides. A moins que nos collègues du journal La Presse, pensent lui rendre, dans les prochains jours, un hommage digne de son rang, du moins semblable à ceux qu’ils lui rendaient quotidiennement, pendant trente ans, y compris dans leur – premier – éditorial du 7 novembre 1987 !

Kacem Erraïes

mardi 7 avril 2009

Hommage à Bruno Etienne

Bruno Etienne, politologue et islamologue de renom, nous a quittés le 4 mars dernier, à l'âge de 71 ans. Ses nombreux amis tunisiens, en particulier parmi les universitaires, qui l’ont bien connu, ont été très affectés par sa disparition. Bruno Etienne avait, en effet, effectué plusieurs séjours parmi nous, en Tunisie. D’abord, comme étudiant où il avait appris l’arabe à l'Institut Bourguiba des langues vivantes à Tunis dans les années 1960. Ensuite, comme invité par ses collègues universitaires et ses amis de la société civile pour participer à leurs rencontres.

Directeur de l’Observatoire du religieux à l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence, Bruno Etienne est considéré comme un pionnier de la recherche pluridisciplinaire sur le phénomène religieux et fut, à ce titre, régulièrement consulté par des institutions et des autorités politiques sur les questions de l'Islam et de l'Islamisme. Déjà, dans son ouvrage L'islamisme radical (1987), il avait développé l’idée que l'islamisme radical était «un mouvement moderne et pas le cheminement normal de la tradition islamique», écrit-il. Cette thèse avait suscité l’ire de ses collègues de notre rive, qui lui reprochaient à la fois son ton provocateur et ses positions jugées conciliantes à l’égard de l’islamisme politique de l’époque. Ses «coups de gueule» et ses envolées lyriques et gestuelles sur les plateaux des télévision et dans les rencontres scientifiques (agrémentés par l’accent de son terroir du Midi, qu’il avait toujours conservé) étaient devenus légendaires. Il nous arrivait de ne pas partager ses idées, mais nous nous délections toujours en sa compagnie et nos appréciions ses gesticulations ostentatoires et les anecdotes - bien pimentées et sans tabous - qu’il nous racontait avec sa verve habituelle.

En 1965, sa thèse de doctorat en droit avait porté sur Les Européens et l'indépendance de l'Algérie. En 1974, il avait passé son agrégation en sciences politiques puis effectué un séjour de deux années, de 1977 à 1979, au Maroc, où il est nommé Maître de conférences à l'université de Casablanca. En 1980, il devient directeur du Centre de recherches et d'études des sociétés musulmanes (Cresm), un laboratoire du CNRS, et professeur à l'Institut d'études politiques (IEP) d'Aix-en-Provence, où il se spécialisera dans l'étude du religieux dans l'espace euro-méditerranéen, et notamment de l'Islam dans sa dimension politique. En 1985, il fonde l'Observatoire du religieux, dont il prend la direction, avec pour objectif de fédérer les recherches autour du religieux en sciences politiques, en sociologie et en anthropologie. Il est également cofondateur, en 1999, de la revue politico-littéraire La Pensée de midi.

Bruno Etienne est l'auteur de plusieurs ouvrages, dont les plus importants sont : La France et l'Islam (1989), Ils ont rasé la Mésopotamie (1991), Abd-el-Kader (1994), Etre bouddhiste en France aujourd'hui (avec Raphaël Liogier, 1997), La Science politique est-elle une science ? (1998), Le temps du pluriel (1999), Islam, les questions qui fâchent (2003), Pour retrouver la parole : Le retour des frères (avec Alain Bauer, Roger Dachez et Michel Maffesoli, 2006).

Adieu Bruno, tu nous manqueras !

Larbi Chouikha

lundi 6 avril 2009

"Je ne veux pas que ce poème finisse", l'ultime recueil de Darwich

"Il lui dit, en regardant tous les deux la rose
Elle égratigne le mur: la mort s'est rapprochée de moi un peu
Je lui dis: Ma nuit était longue et sans fin
Ne me cache pas le soleil
Et je lui ai offert une rose comme celle-là
Alors il a fait son salut à l'au-delà
Il s'est retourné et a dit:
Si je te voulais un jour je te trouverai
Va t'en !"
Mahmoud Darwich, extrait de son dernier recueil.

Depuis la disparition de Mahmoud Darwich l'été dernier, nous sommes inconsolables! La mort a décidé de l'emporter pour épargner à son grand cœur malade les drames que le peuple palestinien allait vivre encore avec les attaques lâches contre la bande de Gaza! Le ciel a décidé de l'accueillir dans ses bras pour le ménager et le tenir éloigné de la poursuite des massacres contre le peuple palestinien, mais aussi le déni d'humanité et de civilité auquel il continue à faire face devant cet Autre dont la barbarie et la brutalité ont atteint leurs sommets! Et, depuis cette disparition tragique et furtive l'été passé, nous sommes restés orphelins, ne croyant pas à cette disparition! Nous étions persuadés qu'il allait se réveiller un jour pour nous accompagner et nous aider à faire face à l'atrocité de notre monde! Nous étions certains qu'il ne pouvait pas nous laisser à nous-mêmes et qu'il allait de temps à autre nous distiller ses vers qui nous donnaient la force de continuer à espérer dans l'humain! Nous étions persuadés qu'il allait nous envoyer de loin ses poèmes et ses écrits pour nous aider à faire face à ce monde et aux rêves d'empire et de domination qui n'ont cessé de nourrir les rêves de l'Autre! Nous étions persuadés que son absence ne durerait pas si longtemps et qu'il reviendrait comme à son habitude pour nous faire rêver du monde d'après, dont seuls les poètes sont capables de déchiffrer les secrets et les écritures magiques!

Mais, progressivement, il fallait nous rendre à l'évidence! Mahmoud Darwich est bien parti! On ne se réveillera plus pour le trouver à nos côtés, éclairer nos journées par son sourire radieux et espiègle! On ne se couchera pas un soir avec l'espoir qu'il égayera nos rêves avec ses poèmes! Mahmoud Darwich est bien parti, et il est certainement en train de nous observer avec les grandes poètes de là haut! Il fallait bien qu'on s'habitue à ce monde sans lui! Il fallait bien recommencer à vivre dans un monde où la brutalité et la cruauté ne seront désormais plus, dépassionnées par l'espoir que le poète ne cesse d'ériger en une rame de résistance! Il fallait bien reprendre le train de la vie quotidienne, en faisant face à la brutalité et à la bestialité! Notre seul réconfort est que nous savions que le poète travaillait sur un nouveau recueil! Notre seule consolation est que nous pouvions, une dernière fois, toucher de près ses mots secrets et magiques qui nous ont permis de tenir si longtemps! Notre seul soulagement est de pourvoir partager avec lui- et une dernière fois- ses rêves et ses utopies!

Et, finalement ce recueil a été publié la semaine dernière chez son éditeur habituel Riad Erraïss !

Dans son introduction, l'écrivain libanais et proche ami de Mahmoud, Elyas Khouri, nous raconte l'histoire rocambolesque de ce recueil qui a failli se perdre sans la détermination de ses amis. Les proches de Mahmoud savaient qu'il était en train de mettre les dernières touches à son recueil. Il leur en a parlé comme il l'a fait également à son éditeur. Il a aussi lu quelques fabuleux textes lors des dernières soirées auxquelles ils étaient invités. Mais personne n'osait lui en parler, comme pour conjurer le sort! Même le dernier soir avant de partir pour les Etats-Unis, personne n'osait lui demander où se trouvaient ces poèmes au cas où…! Au contraire, lorsqu'il évoquait ce recueil lors de cette soirée triste, tous ses amis lui expliquaient qu'il aurait tout le temps, après son opération et son retour des Etats-Unis, de le finir et de l'offrir à ses lecteurs!

Mais, Mahmoud n'est jamais revenu de ce dernier voyage! Et Elyas Khouri nous raconte dans cette préface la visite de l'appartement de Darwish, après son enterrement, par un cercle d'amis proches-dont le chanteur libanais Marcel Khalifé ainsi que sa famille- pour retrouver le fameux recueil. Certes, il y avait les poèmes qu'il avait lus dernièrement dans les soirées et qui ont été publiés par beaucoup de journaux, mais ces poèmes étaient peu nombreux et ne représentaient pas la totalité du recueil! Une recherche a commencé dans l'appartement par ses amis dans la détresse d'avoir perdu ce grand poète et dans l'angoisse de ne pas retrouver le précieux héritage! La première journée s'est terminée avec la découverte de quelques poèmes éparpillés ici et là, mais le grand recueil n'était toujours pas trouvé! Ils ont pourtant fouillé l'appartement de fond en comble : rien n'y fait ! Celui qui est parti a décidé de garder pour lui ses dernières ballades poétiques! Ils ont décidé de revenir le lendemain pour continuer leurs recherches ; mais avant leur arrivée, son ami Ghanem Zouraikat avait pu mettre la main sur l'essentiel du recueil, avec surtout un long poème qui constituera un grand moment de la poésie arabe ! Mais, Darwish n'avait pas terminé ce poème et, surtout, ne lui avait pas donné de titre. C'est Elyas Khouri qui a choisi de lui donner comme titre "Je ne veux pas que ce poème se termine!".

Ce recueil a finalement été publié la semaine dernière : il contient 31 poèmes. Une première lecture de ces poèmes montre que le poète pressentait son départ, et le thème de l'absence va marquer l'ensemble de ce recueil. Mais avant de partir, le poète prend le temps de revisiter ses anciens recueils, marqués par ce dialogue intime qu'il entame avec la mort et la volonté de vivre et de résister à ce rappel que les anges ne cessent de lui renouveler. Mais dans ce recueil, cette volonté semble faiblir et l'appel à un autre monde prend le pas, et le thème de l'absence devient plus marqué. Une absence physique qui ne tardera pas à se présenter, mais aussi une absence symbolique, car le poète se rend compte que, finalement, ses poèmes n'ont pas réussi à faire face au mal et à le faire reculer pour permettre à l'humain de trouver son chemin! Alors, pourquoi continuer à écrire et pourquoi poursuivre ses appels à l'humain, au rêve et à l'amour? Et, comme la mort se fait plus pressante, le poète prend le temps, dans ce recueil, de visiter l'enfance et son village natal, El Birwa, qui a totalement disparu! Il prend le temps de se rappeler les moments heureux de l'enfance, comme pour effacer la cruauté et la barbarie de notre monde au soir de son départ! Il prend aussi le temps de revoir les amis et les proches qui sont partis! Il se rappelle le grand poète Nizar Kabbani, ce grand chantre de l'amour devant l'éternel, à qui il dédie un poème! Et bien d'autres figures absentes sont évoquées dans ce recueil, comme si Darwish voulait à sa manière secrète, les informer de sa venue prochaine!

Plus rien ne sera comme avant et on ne se relèvera jamais de la disparition de Mahmoud Darwish, de sa silhouette longiligne et de son rire éclatant! Ce dernier recueil rend la séparation moins douloureuse : mais jusqu'à quand?

Slim Ben Taleb


PS : l'illustration est un portrait d'Ismail Shammout (1971)

dimanche 5 avril 2009

En marge du Meeting d’El Hamra. L’éternelle antienne, l’éternel disque rayé

Eternel fouineur, je suis allé chercher sur les blogs et les sites de différents organes de presse ou de sites politiques, l’écho du meeting de lancement de la campagne d’Ahmed Brahim. Qu’ai-je trouvé? Beaucoup de sites n’ont fait que reprendre la dépêche de l’AFP dans son intégralité. Sinon, sur le site d’Al Jazira et sur quelques blogs, on pouvait lire certaines réactions dont le contenu peut se résumer en une phrase : une charge en règle contre le candidat Ahmed Brahim et la "Moubadara" elle-même.

Résidu de communistes, coalition d’athées en guerre contre les croyances du peuple tunisien, ramassis de gauchistes à la solde d’un pouvoir exterminateur d’islam et d’islamistes. Un internaute commentant la photo du candidat portant un couvre chef le traita même de cow-boy. Un autre raillait la bande de cocos qui allait infliger un 10/0 au pouvoir, argumentant le tout avec un remarquable langage footballistique. Un dernier, pour ne pas trop m’étaler sur des réactions faites d’ imbécillités, de raccourcis et d’injures, trouvait dans le manifeste de la Moubadara, le discours du candidat et l’orchestration du meeting, l’exemple même de l’amateurisme, rien que ça !! Des remarques de fond ? que nenni ! Des suggestions ? Absolument aucune ! Des critiques constructives ? Jamais de la vie ! Faites un tour sur la toile et sur le mur de certains "facebookers", pour en avoir le cœur net.

Si j’avais à répondre à une seule «attaque», la plus redondante et la plus injurieuse, qui est celle de dire «Attention ! Les cocos, les staliniens sont de retour !», je dirais que le Parti Communiste Tunisien a été au cœur de toutes les luttes nationales, que ce soit pour la libération nationale ou bien sur le front syndical et social. Demandez donc à la population du gouvernorat de Gafsa pourquoi ils ont voté en masse pour le PCT en 1981 avant qu’on ne «tripatouille» les urnes. Demandez-leur aussi pourquoi ils ont trouvé dans le mouvement Ettajdid un des plus solides soutiens lors des événements du bassin minier.

Sans doute, ce parti s’est-il trompé sur certaines orientations ou sur certains de ses concepts fondateurs. Toutefois, ceux qui y ont milité n’ont point à rougir de son bilan global. Aujourd’hui, Le Mouvement Ettajdid, après avoir fait une première mue en 1993, une rectification de tir en 2001 et une grande ouverture sur les indépendants démocrates et progressistes en 2007, est devenu, avec ses alliés et ses sympathisants, un des piliers de la mouvance démocratique en Tunisie. Qu’il y ait au sein de cette plateforme des militants communistes qui n’ont jamais renié leurs convictions, aux côtés de militants venant d'autres horizons, ne peut être que source de richesses et de fierté, n’en déplaise aux anti-communistes primaires !

Mehdi Ben Jemâa

samedi 4 avril 2009

Cachez-moi cette affiche que je ne saurais voir !

C’était le branle-bas de combat ! Des dizaines de policiers en civil, la police politique, le chef du district, le délégué de Bab B’har… Tous s’agitaient, des téléphones portables à la main, recevant des «instructions», donnant des ordres et des contre-ordres, devant le 7 avenue de la liberté…

Pour quelle raison ? Aurait-on repéré, dans le coin, un dangereux terroriste ? Ou bien aurait-on identifié le repaire d’une terrifiante bande de criminels ? Non ! C’était beaucoup plus grave : il s’agissait d’une… affiche accrochée au balcon du local d'Ettajdid qui reprenait la une du numéro saisi d’Attariq Aljadid.

Vous vous rendez compte ? Une grande affiche où l’on pouvait voir la photo d’Ahmed Brahim, candidat aux présidentielles de 2009, et lire sa volonté d’entrer dans «une compétition d’égal à égal avec le candidat du pouvoir».

L’ordre était carrément menacé ! Il y allait de la sûreté de l’Etat… Heureusement qu’une grue de la municipalité a été rapidement dépêchée sur les lieux pour décrocher cette affiche subversive… d’un candidat aux élections.

Dormez en paix, braves gens ! On veille à votre sécurité. En cette année électorale, vous verrez, partout dans le pays, les milliers de photos, de posters et d’affiches (petites ou géantes)… mais d’un seul et unique candidat ! Ouf !

Messieurs les censeurs... !

Décidément ! Depuis quelques mois, les saisies des publications reviennent de plus belle, comme si notre pays est condamné à avancer en reculant : ceux qui prétendent régenter nos médias ne semblent arborer que leur pouvoir d’interdire, de censurer, de museler….

Le plus déroutant et déconcertant, c’est que toutes ces mesures coercitives qui s’abattent sur les quelques médias indépendants sont de plus en plus enveloppées, enrobées, dissimulées dans du « velours », comme si le but - non avoué - était de ne pas laisser de traces, pour que notre belle vitrine, aux yeux de l’Autre, demeure toute reluisante, sans la moindre ombre au tableau. En effet, «l’exception tunisienne» en cette matière se distingue par son usage acrobatique des subterfuges, des prétextes, des faux semblants, susceptibles d’embobiner les esprits trop cartésiens. Et les faux-fuyants ne manquent pas ! Pour les uns, la responsabilité en incombe aux sociétés de distribution des journaux qui n’ont pas fait correctement leur travail ou ne daignent pas le faire, et pour cause! Pour d’autres, c’est tout bonnement les entreprises économiques qui ont décidé de fermer leur robinet publicitaire qui alimentait jusque là les recettes de certaines publications indépendantes, et après tout, c’est la loi du marché qui prime, n’est-ce pas ? Nous pouvons de même proposer comme autre argutie rhétorique, cet argument «dialectique» : que les lecteurs de ce pays se détournent carrément de ces publications et refusent de les acheter, parce qu’ils n’y retrouvent pas leur style journalistique préféré, fait d’un mélange de panégyrique et de langue de coton. Je propose que nous enrichissions cette panoplie discursive en affirmant que les gérants des kiosques à journaux sont devenus très mal à l’aise face à ces publications «subversives au contenu insidieux», et ils préfèrent donc préserver le lecteur en dissimulant ces damnées publications ! Et pour couronner cette comédie aux accents burlesques, en réaction à nos réprobations publiques relayées par les médias étrangers, «un démenti formel» surgi aussitôt d’«une source anonyme» et repris par des agences de presse, nous apprend que «le journal n’a jamais été saisi», et qu’«il est même exposé dans les kiosques» ; certes, mais cinq jours après son impression ! Voilà qui lèse considérablement un hebdomadaire.

Décidément, le ridicule ne tue plus, mais il devient grotesque à l’ère de l’explosion des technologies de la communication. En effet, face à ces réactions somme toutes primaires, se dressent des franges de plus en plus importantes de notre population qui assouvissent leurs besoins en informations et en analyses critiques dans les chaînes satellitaires de télévision et, surtout, à travers Internet. Que nos décideurs ouvrent grands les yeux pour découvrir qu’aujourd’hui, les Tunisiens ne sont plus dupes, et ils se laissent encore moins berner par ces prétextes fallacieux qu’on leur assène. Ils sont de plus en plus critiques à l’égard des informations que leur livrent à satiété les grands médias et peuvent aisément les croiser avec celles qu’ils reçoivent via les médias étrangers et Internet.

Aujourd’hui, la métaphore édifiante qui prime est celle d’un pays qui avance sur deux béquilles : la première, toute frileuse, sous le coup des réflexes autoritaires dont les germes gisent dans ce conservatisme politique ambiant entretenu par la volonté de vouloir perdurer. La seconde, totalement à l’opposé, est celle d’une société toute bouillonnante d’idées et de projets, qui ne demande qu’à s’extérioriser et à se déployer en toute liberté. Ainsi, à quelques mois d’une compétition électorale, le recours aux artifices les plus saugrenus pour masquer la persistance des pratiques autoritaires nous laisse plus que dubitatifs devant la contradiction criante entre ces pratiques et la proclamation que la prochaine échéance sera «transparente et loyale» !

Larbi Chouikha

vendredi 3 avril 2009

Saisie d’Attariq Al Jadid : qui est responsable ?

Le Mouvement Ettajdid et l’hebdomadaire Attariq Al Jadid ont tenu, mercredi 1er avril, une conférence de presse pour dénoncer la «saisie déguisée» du dernier numéro du journal.

Deux faits méritent d’être soulignés.

Le premier concerne la présence des media à la conférence de presse : on ne va pas citer tous les journaux et agences de presse, tunisiens et étrangers, présents, car ils étaient nombreux. Pour faire comme chez Laurent Ruquier, on parlera plutôt de ceux qui ne sont pas venus. Devinez donc quels sont les media qui ont estimé que cela ne valait pas la peine de déranger un de leurs journalistes pour une conférence de presse tenue par un parti dont le premier responsable est candidat à la présidence de la république et dont le journal vient d’être, une nouvelle fois, saisi ? Bravo ! Vous avez deviné juste, ce qui montre que vous avez tout compris de la situation dans notre pays. Donc ni journaux du RCD, bien entendu (?), ni journaux «gouvernementaux»…, mais ni, non plus, d’agence Tap et de télévision – ces dernières étant pourtant censées être «nationales» !!!

Le second point concerne un aspect qui a perturbé les journalistes présents, qui ont posé des questions illustrant leur trouble à ce sujet. Il s’agit de la question de savoir s’il y a eu «saisie» du journal, «saisie déguisée» ou «allégation de saisie» !? Eh bien, les journalistes ont tout à fait raison d’être troublés et, pour être francs, nous le sommes aussi au sein d’Ettajdid et de la rédaction d’Attariq.
  • Comment, en effet, ne pas l’être lorsque des «sources autorisées» (ah ! celles-là, on aimerait bien savoir qui elles sont, de quoi elles sont la source et qui les a autorisées ??!!) publient lundi un communiqué (oui, des sources publient, chez nous, des communiqués !) dans lequel elles «nient les allégations du Mouvement Ettajdid» et affirment que «le journal est en vente normale dans les kiosques, alors que nous avons soigneusement vérifié, vendredi soir, samedi dimanche, lundi (et même mardi à midi, nous y reviendrons) qu’aucun marchand de journaux n’avait reçu le numéro, ni à Tunis ni à l’intérieur du pays ?!
  • Comment ne pas l’être lorsque, lundi et mardi, des responsables au niveau de ministères nous confiaient, de bonne foi, nous n’en doutons pas, qu’ils n’étaient nullement au courant des faits ?!
  • Comment ne pas l’être lorsque, durant plusieurs jours, il nous a été impossible de contacter le moindre responsable dans la société de distribution, qui était censée, en temps normal, faire parvenir le journal entre vendredi soir et samedi matin ?!
  • Comment ne pas l’être lorsque, mardi soir, à la veille de notre conférence de presse, le journal se retrouve chez les marchands de journaux, subitement et comme par miracle ?!
C’est à n’y rien comprendre… à moins que cela ne soit clair comme de l’eau de roche !

Plus sérieusement, il n’y a que deux possibilités : ou bien les autorités officielles ont bien donné des instructions pour empêcher la distribution du numéro, ou bien c’est «une autre autorité» qui l’a fait. Si c’est le premier cas, les autorités officielles nous doivent-à nous, à nos lecteurs et à l’opinion publique- des explications circonstanciées sur ce qui s’est réellement passé ; ou bien c’est quelqu’un d’autre qui a pris la décision et a pu l’exécuter : dans ce cas, c’est encore plus grave cela signifierait qu’il y a, dans notre pays, comme l’a dit le premier Secrétaire d’Ettajdid, des «forces occultes», capables de prendre des initiatives aussi graves : il devient alors impératif et urgent d’ouvrir une enquête sérieuse afin d’identifier ces éventuelles « orces occultes» et de mettre fin à de telles activités, dangereuses et nuisibles.

Hichem Skik

Sacrée « source autorisée anonyme » !

Correspondants des médias étrangers et parfois même journalistes tunisiens ne savent plus où donner de la tête ! A chaque fois qu’un responsable d’un parti de l’opposition indépendante ou d’une organisation de la société civile accuse l’Administration d’interdire la tenue d’une réunion publique, de saisir de manière détournée un numéro de leur journal, qu’un événement « inattendu » survient quelque part dans le pays, qu’un journal étranger, une ONG internationale publie une nouvelle jugée « insidieuse » ou un rapport qualifié de « tissu de mensonges »…. surgit aussitôt une « source autorisée » pour nous donner la « version officielle » ou pour « rétablir les faits». Le plus cocasse, ce n’est pas la teneur de la version déclinée par cette « source autorisée », mais c’est le fait que celle-ci se dissimule à chaque fois derrière l’anonymat, comme si les propos qui émanent de cette source ne doivent jamais être attribués à des autorités identifiables comme des personnes par le commun des mortels, comme si les auteurs qui s’expriment au nom de cette « source autorisée » sont censés être classés aux abonnés absents et qu’ils se déploient dans notre univers communicationnel comme des espèces d’OVNI, insaisissables et invisibles, incolores et inodores. Dans ce florilège de « source autorisée anonyme », l’impression qui se dégage est double : soit que les auteurs de ces sources sont si confus et si indécis qu’ils préfèrent garder l’incognito pour demeurer dans l’ombre, soit que la version officielle qui y est livrée est susceptible de recevoir un démenti venu d’une autre source autorisée, toujours « anonyme ». Dans tous les cas, c’est la communication gouvernementale qui devient, elle-même, source de confusion et d’interrogations ; mais, cette fois, qui osera brandir le masque de l’anonymat !

Larbi Chouikha

jeudi 2 avril 2009

Réconcilier le citoyen avec la politique : une entreprise de salut national

L’annonce officielle de la candidature d’Ahmed Brahim aux élections présidentielles de novembre 2009, a été rapportée par l’agence officielle Tunis Afrique Presse (TAP) dans un communiqué aussi bref que laconique, qui, non seulement réduit l’information à sa plus simple expression, mais se permet même de la déformer !

Ainsi, l’agence - que les médias officiels se sont contentés, pudiquement, de reproduire - omet-elle délibérément de signaler que M. Brahim n’est pas le candidat du seul mouvement Ettajdid, comme elle l’affirme, mais celui de l’Initiative Nationale pour la Démocratie et le Progrès (INDP), composée de partis de la gauche démocratique et progressiste et de militants indépendants animés par les mêmes principes et valeurs.

De même, un point saillant du discours du candidat lors du meeting tenu le 22 mars - que des organes d’information ont, à juste titre, souligné, mais que TAP et les organes officiels ont, évidemment omis - c’est son intention clairement affichée de ne pas jouer le figurant, ni même les seconds rôles, mais de se mesurer, d’égal à égal, au candidat du parti au pouvoir et de se montrer un concurrent crédible.

Non pas qu’il se fasse des illusions sur le résultat final d’une bataille inégale, gagnée d’avance - en ce qui concerne le prochain président de la république - par le président sortant, mais tout simplement pour prouver qu’un autre chemin et d’autres options sont possibles, voire indispensables à l’essor du pays et à la préservation de ses acquis.

Dans la morosité et la platitude qui caractérisent le paysage politique tunisien, cette déclaration a de quoi attirer l’attention de l’opinion publique et des médias, car elle tranche nettement avec l’unanimisme de façade et la langue de bois, devenus monnaie courante dans le débat politique actuel.

Le candidat de l’INDP se propose, en effet, d’aller au fond des problèmes majeurs qui préoccupent notre peuple : qu’il s’agisse des entraves à l’accélération du rythme de développement de notre économie, de la stagnation du taux élevé de chômage, notamment celui des jeunes diplômés, de la dégradation du niveau de l’enseignement, des tâtonnements de la réforme du système sanitaire ou enfin du désarroi des jeunes et moins jeunes face à leur avenir, l’Initiative a pour ambition de montrer qu’une alternative crédible et réalisable est possible, et qu’elle était prête à une confrontation d’idées et d’arguments à ce sujet. Ce faisant, elle aura à cœur d’élever le débat, de transcender les considérations étroitement partisanes, pour que chaque candidat puisse avancer ses opinions, son programme politique et convaincre, non pas par des discours creux et des slogans éculés, mais par la force de l’argument, dans un échange serein et constructif, d’où sera bannie toute forme de surenchère et de démagogie.

C’est ce type de débat, sain et fructeux, que nous appelons de nos vœux et que nous voulons voir s’instaurer dans le pays. Nous entendons y contribuer largement par notre attitude, à la fois ferme, responsable et constructive afin que les électeurs puissent être suffisamment éclairés sur les véritables enjeux de la joute électorale et faire leur choix en toute connaissance de cause. Et c’est précisément vers cet objectif que devraient, à notre avis, tendre les efforts de tous les candidats, pour que la consultation électorale cesse d’être un rituel dénué de toute signification politique et boudé par la majorité de nos concitoyens, désenchantés quant à un possible changement par la voie des urnes- ce qui n’est guère rassurant pour l’avenir !

A cette fin, le candidat de l’Initiative a proposé la constitution d’une commission indépendante qui aura la charge de réviser le code électoral dans le sens de la levée de tous les obstacles à une participants massive et libre du corps électoral, et à l’expression rigoureuse et transparente des résultats du scrutin, une révision qui mettrait les lois électorales en concordance avec les normes internationales en la matière, telles que définies par les organismes compétents du système de l’ONU et de l’OCDE.

La Tunisie, qui s’est octroyé une place respectable dans le concert des nations, grâce à la vivacité de son peuple, au génie créateur de ses illustres fils, et qui est fière de ses acquis réalisés au prix d’une longue lutte et des sacrifices de son peuple, mérite certainement une vie politique plus digne, plus conforme à la maturité de ses forces vives et de ses élites. Dans cette Tunisie démocratique que le peuple tunisien appelle de ses vœux, le seul privilège qui sera reconnu sera celui qui est dû à la compétence et au dévouement au peuple et à la Patrie.

C’est pour une telle Tunisie que l’Initiative et son candidat Ahmed Brahim militent, en tendant la main à toutes les bonnes volontés qui voudront s’associer à cette œuvre grandiose et exaltante.

La décision de l’Initiative et de son candidat de participer aux prochaines élections malgré des conditions, au départ, très peu favorables et les multiples écueils qu’elle ne manquera pas de rencontrer, est l’expression tangible de sa détermination à se saisir de toutes les opportunités pour participer à toutes les batailles politiques afin d’apporter sa contribution, qualitative et effective, à cette entreprise de véritable salut national.

Abdelaziz Messaoudi

mercredi 1 avril 2009

La «pause d’un député» ou les députés vus par eux-mêmes !

Nous nous étions arrêtés, il y a deux semaines, sur le contenu – édifiant – de l’interview d’un député RCD par notre consoeur Assabah Al-ousbouî dans le cadre de sa rubrique istirâhatou nâ’ib (pause d’un député). Nous l’avons, en effet, trouvée fort révélatrice des «spécificités» de notre démocratie. Car elle contenait l’aveu d’une déconnexion entre la députation, les électeurs et les élections tout court !

Il était, dès lors, fort intéressant pour nous de suivre cette rubrique et de voir ce qu’elle pouvait encore révéler – à son insu ? – du fonctionnement du système politique tunisien et de la perception de la députation. L’interview étant structurée selon un canevas immuable – on demande essentiellement au député de se présenter, d’évaluer son (ou ses) mandat(s) et d’apprécier ses chances pour les prochaines «élections» – , il est possible d’en tirer quelques enseignements quant aux constantes ou quant aux nuances.

Aussi, remarquons-nous, pour la livrée du 23 mars, qui concerne encore un député RCD, des réponses plus nuancées que celles de son prédécesseur qui s’est distingué, il est vrai, par son franc-parler. Il faut avouer, aussi, que les questions (préparées par M. Sofiane S’hili) ont été légèrement retouchées et il n’y est plus fait allusion à la confiance des électeurs, mais seulement à leur «regard» (sic). Ce qui évite d’acculer le député sur un terrain glissant. Toutefois, dans ce cas aussi, la députation reste tributaire du préélectoral – le choix du RCD – et le principal regret est celui de «ne pas avoir pu rendre service à tous ceux qui l’ont souhaité».

Notons, par ailleurs, l’apparition d’une nouvelle question portant sur l’intérêt pécuniaire de la députation et évoquant un enrichissement possible après deux mandats consécutifs. Ce à quoi notre député, pourtant président régional de l’UTICA, répond que, à la fin de son deuxième mandat, il «continue d’appartenir, comme 80% des Tunisiens, à la classe moyenne» ! Heureux pays, la Tunisie, où même d’éminents représentants du patronat appartiennent à la classe moyenne…
A bientôt ! En espérant, grâce à la prochaine «pause» et au prochain député, en savoir un peu plus sur la députation en cette année électorale et voir ce qui importe à «nos élus», au-delà de figurer sur les listes RCD, mettre du beurre dans ses épinards et rendre service.

Boubaker Jridi