L’annonce officielle de la candidature d’Ahmed Brahim aux élections présidentielles de novembre 2009, a été rapportée par l’agence officielle Tunis Afrique Presse (TAP) dans un communiqué aussi bref que laconique, qui, non seulement réduit l’information à sa plus simple expression, mais se permet même de la déformer !
Ainsi, l’agence - que les médias officiels se sont contentés, pudiquement, de reproduire - omet-elle délibérément de signaler que M. Brahim n’est pas le candidat du seul mouvement Ettajdid, comme elle l’affirme, mais celui de l’Initiative Nationale pour la Démocratie et le Progrès (INDP), composée de partis de la gauche démocratique et progressiste et de militants indépendants animés par les mêmes principes et valeurs.
De même, un point saillant du discours du candidat lors du meeting tenu le 22 mars - que des organes d’information ont, à juste titre, souligné, mais que TAP et les organes officiels ont, évidemment omis - c’est son intention clairement affichée de ne pas jouer le figurant, ni même les seconds rôles, mais de se mesurer, d’égal à égal, au candidat du parti au pouvoir et de se montrer un concurrent crédible.
Non pas qu’il se fasse des illusions sur le résultat final d’une bataille inégale, gagnée d’avance - en ce qui concerne le prochain président de la république - par le président sortant, mais tout simplement pour prouver qu’un autre chemin et d’autres options sont possibles, voire indispensables à l’essor du pays et à la préservation de ses acquis.
Dans la morosité et la platitude qui caractérisent le paysage politique tunisien, cette déclaration a de quoi attirer l’attention de l’opinion publique et des médias, car elle tranche nettement avec l’unanimisme de façade et la langue de bois, devenus monnaie courante dans le débat politique actuel.
Le candidat de l’INDP se propose, en effet, d’aller au fond des problèmes majeurs qui préoccupent notre peuple : qu’il s’agisse des entraves à l’accélération du rythme de développement de notre économie, de la stagnation du taux élevé de chômage, notamment celui des jeunes diplômés, de la dégradation du niveau de l’enseignement, des tâtonnements de la réforme du système sanitaire ou enfin du désarroi des jeunes et moins jeunes face à leur avenir, l’Initiative a pour ambition de montrer qu’une alternative crédible et réalisable est possible, et qu’elle était prête à une confrontation d’idées et d’arguments à ce sujet. Ce faisant, elle aura à cœur d’élever le débat, de transcender les considérations étroitement partisanes, pour que chaque candidat puisse avancer ses opinions, son programme politique et convaincre, non pas par des discours creux et des slogans éculés, mais par la force de l’argument, dans un échange serein et constructif, d’où sera bannie toute forme de surenchère et de démagogie.
C’est ce type de débat, sain et fructeux, que nous appelons de nos vœux et que nous voulons voir s’instaurer dans le pays. Nous entendons y contribuer largement par notre attitude, à la fois ferme, responsable et constructive afin que les électeurs puissent être suffisamment éclairés sur les véritables enjeux de la joute électorale et faire leur choix en toute connaissance de cause. Et c’est précisément vers cet objectif que devraient, à notre avis, tendre les efforts de tous les candidats, pour que la consultation électorale cesse d’être un rituel dénué de toute signification politique et boudé par la majorité de nos concitoyens, désenchantés quant à un possible changement par la voie des urnes- ce qui n’est guère rassurant pour l’avenir !
A cette fin, le candidat de l’Initiative a proposé la constitution d’une commission indépendante qui aura la charge de réviser le code électoral dans le sens de la levée de tous les obstacles à une participants massive et libre du corps électoral, et à l’expression rigoureuse et transparente des résultats du scrutin, une révision qui mettrait les lois électorales en concordance avec les normes internationales en la matière, telles que définies par les organismes compétents du système de l’ONU et de l’OCDE.
La Tunisie, qui s’est octroyé une place respectable dans le concert des nations, grâce à la vivacité de son peuple, au génie créateur de ses illustres fils, et qui est fière de ses acquis réalisés au prix d’une longue lutte et des sacrifices de son peuple, mérite certainement une vie politique plus digne, plus conforme à la maturité de ses forces vives et de ses élites. Dans cette Tunisie démocratique que le peuple tunisien appelle de ses vœux, le seul privilège qui sera reconnu sera celui qui est dû à la compétence et au dévouement au peuple et à la Patrie.
C’est pour une telle Tunisie que l’Initiative et son candidat Ahmed Brahim militent, en tendant la main à toutes les bonnes volontés qui voudront s’associer à cette œuvre grandiose et exaltante.
La décision de l’Initiative et de son candidat de participer aux prochaines élections malgré des conditions, au départ, très peu favorables et les multiples écueils qu’elle ne manquera pas de rencontrer, est l’expression tangible de sa détermination à se saisir de toutes les opportunités pour participer à toutes les batailles politiques afin d’apporter sa contribution, qualitative et effective, à cette entreprise de véritable salut national.
Abdelaziz Messaoudi