vendredi 14 mai 2010

Censure sur Internet : Qui est Ammar?

«À quelque chose, malheur est bon!». Le dernier Tsunami de censure qui s’est abattu sur la toile –  interdisant pêle-mêle l’accès à des sites de journaux en ligne (Rue89.com, Le Nouvel obs…) à des sites de partage de vidéos (Metacafe, blip.tv, vidoemo…), à des sites de partage de photos (flickr.fr), à des portails TV (Wat TV) et même à des dizaines de blogs tunisiens (dont celui des Amis d’Attariq) – a réveillé la conscience citoyenne de dizaines de milliers de jeunes internautes tunisiens. Ils ont été très nombreux à crier leur révolte, à revendiquer leur droit d’accéder à l’information et à celui de la libre expression.
Ainsi, la mobilisation à travers la campagne «Ammar Seyyib Salah» (Ammar, lâche-nous les baskets) connaît un succès incontesté. Idem pour la pétition contre la censure d’Internet – qui s’approche de son objectif de dix mille signatures – et pour les adhésions au groupe «La censure nuit gravement à l’image de mon pays». Les blogueurs et les facebookers rivalisent d’imagination pour tourner en dérision la figure du censeur en chef: «Ammar» qui, grâce notamment au formidable coup de crayon de DebaTunisie (caricature ci-joint), est devenu un véritable personnage, héros malgré lui. C’est sur lui que se cristallisent désormais la colère et les frustrations d’usagers censurés et n’accédant plus à un large éventail de services du net, en dépit des sommes conséquentes qu’ils payent à Tunisie Télécom et à leur fournisseur d’Internet.
Mais il est peut-être bon de rappeler que Ammar est un personnage fictif, une caricature… qu’il n’existe pas! Ainsi, il ne sert à rien de continuer à l’interpeller et à le martyriser. C’est, à la limite, trop commode pour les vrais censeurs. Maintenant que l’affaire prend une tournure officielle avec l’appel à lever la censure sur Internet lancé, au sein du Parlement, par le député d’Ettajdid Adel Chaouch, il faut s’adresser aux responsables institutionnels de la gestion d’Internet dans le pays. Celle-ci dépend officiellement de l’Agence Tunisienne de l’Internet, dont le PDG est M. Kamel Saadaoui. Ce dernier agit sous l’autorité de la  Secrétaire d’État chargée de l'informatique, de l'Internet et des logiciels libres: Mme Lamia Cheffaï Sghaïer qui dépend, à son tour, du Ministre des technologies de la communication: M. Mohamed Naceur Ammar.
Alors, messieurs-dames, vous qui êtes responsables de la gestion d’Internet en Tunisie, levez la censure, respectez la liberté d’expression et n’entravez plus le libre accès à l’information! Vous avez été interpellés par un représentant du peuple, qui a relayé la colère et la révolte d’une partie de la jeunesse de ce pays. Le SMIG de la responsabilité est de lui répondre et d’essayer d’expliquer aux Tunisiens ce que les sites et les blogs censurés ont de dangereux ou de nocif. Continuer à se murer dans un silence hautain ne signifierait qu’une seule chose : le mépris de vos concitoyens!
Baccar Gherib

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