mardi 21 octobre 2008

Dis-moi sur quoi tu réfléchis, je te dirai ce que tu seras demain !

Les débats publics dans les sociétés sont toujours assez significatifs des préoccupations du moi collectif, de ses intérêts, de ses rêves et de ses utopies. Les peurs et les angoisses, comme les joies et les rêves s'expriment dans les journaux à travers les articles et les enquêtes des journalistes mais aussi dans les points de vue de ceux qu'on appelle les faiseurs de l'opinion. Ces débats peuvent aussi s'exprimer à travers les radios et les télés. Mais l'Internet et la toile sont devenus récemment des espaces de débats et d'échanges entre des milliers d'internautes qui s'adonnent à cœur joie et s'expriment en toute liberté dans leurs blogs ou dans les espaces de discussion bravant ainsi toutes les formes de censure.

Je m'intéresse depuis longtemps à ces débats car ils expriment pour moi les préoccupations des sociétés. Je passe des heures entières à naviguer sur l'Internet à essayer de visiter le plus de sites de journaux ou autres blogs afin de me tenir informé sur les principaux débats. D'ailleurs dès que je mets les pieds dans un pays, ma première destination ce sont les marchands de journaux afin que je puisse en acquérir le plus grand nombre et ensuite m'installer dans un café et commencer à les dévorer avec plaisir et délectation! Bien évidemment ce recours à la presse, à l'Internet et aux journaux télévisés s'amplifie lors des moments clefs de notre histoire comme les guerres, les élections dans des grands pays ou tout simplement lors d'évènements sportifs d'envergure comme c'était le cas tout récemment avec les Jeux Olympiques à Pékin.

Ces visites nous permettent de voir les préoccupations des uns et des autres. Alors à quoi pense le monde en ce moment? Les américains sont totalement préoccupés par deux questions majeures. La première est bien évidemment la crise financière et l'avenir de leur puissance économique et de son hégémonie sur le monde. Entre le plan Paulson de sauvetage des grandes institutions financières et la récession qui pointe à l'horizon, les américains poursuivent un débat passionnant sur les moyens de sortir de cette crise systémique. Mais au-delà de la crise actuelle, ce qui les préoccupe concerne les moyens de rétablir leur hégémonie sur l'économie mondiale. En Europe, on assiste également à des débats intéressants sur des réponses appropriées à la crise financière. Mais l'Europe poursuit son débat sur la construction de son unité entre ceux qui s'opposent au traité de Lisbonne et ceux qui y voient un moyen de renforcer la coopération et l'intégration régionale.

En Afrique, les débats ne manquent pas et beaucoup s'intéressent au rôle de l'aide dans le développement pour appeler à une plus grande mobilisation des ressources internes afin de se passer de ce fardeau et des complaintes de l'homme blanc. A ce débat sur l'aide, on se passionne en Afrique pour les questions de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption pour en faire des piliers du développement du continent et de son décollage. En Amérique latine et en Asie, on se préoccupe aussi du nouveau rôle des pays émergents de cette région dans la gestion de l'ordre global. On s'intéresse également aux questions de la répartition des richesses dans certains pays d'Amérique latine avec l'idée de favoriser une répartition plus équilibrée des richesses.

Ainsi, ce rapide tour d'horizon nous permet de voir que toutes les régions sont en pleine effervescence intellectuelle et les débats fusent de partout. Et comment il pourrait en être autrement dans un contexte marqué par une grande incertitude sur l'avenir du fait d'une globalisation qui, parallèlement aux opportunités, laisse également apparaître de grandes inquiétudes sur l'avenir de notre planète. Mais comme on l'a constaté, la plupart des débats, qu'il s'agisse de l'Amérique, de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique, portent sur les moyens de définir de nouveaux projets et de nouvelles utopies pour inscrire ces régions dans l'avenir de notre monde. Ainsi, le futur et les projets pour le construire autrement sont au centre des préoccupations du monde !

En même temps, à quoi pensent les Arabes? A des choses totalement différentes et qui pour certaines nous ramènent aux rêves d'un âge d'or d'il y a quinze siècles! Un rapide tour d'horizon dans la presse arabe nous montre que, pour nous, le futur est antérieur et nous ramène toujours à la question des origines! Que l'on en juge! Au Maroc a lieu un important débat sur l'âge légal du mariage. Et certains considèrent dans une fatwa que neuf ans leur paraît un âge raisonnable pour commencer à tripoter les petites filles. Vous conviendrez aisément avec moi que ceux qui le font sont des malades qu'on a commencé à interner ou à mettre en prison dans certains pays civilisés pour pédophilie! En Egypte, un important débat oppose les "savants" sur les conversions de sunnites au chiisme et certains d'aiguiser leurs armes pour commencer de nouvelles guerres de religion! Ailleurs, on nous explique, le plus sérieusement du monde que les principes islamiques constituent la meilleure réponse à la crise financière de Wall Street! Allons bon ! On devrait peut être envoyer nos barbus disserter de la crise avec le sieur Paulson, le Secrétaire au Trésor américain ou, mieux, demander à Bush d'arrêter la guerre contre le terrorisme pour quelques jours et inviter Ben Laden et son charmant compagnon Aymen Zawahiri à aller à Washington pour expliquer aux gourous de Wall Street les principes de l'économie islamique !

Au moment où le monde réfléchit sur son avenir, nous nous attachons à nos mythes et nos rêves d'antan! On a beau mettre la responsabilité de nos malheurs sur les autres et s'attacher à la théorie du complot et de l'impérialisme qui nous en veut de manière génétique! Mais, quelque part, être dans le temps du monde est de notre responsabilité et passe par la définition de nouveaux agendas pour nos débats et nos réflexions.

Slim Ben Taleb

[Cet article a été publié dans Attariq Al Jadid]

2 commentaires:

www.kiffegrave.com a dit…

J'ai sommeil et je veux dormir!

MAD DJERBA a dit…

En graphologie (science humaine il faut le rappeler), le mouvement vers le haut représente le mental, le spirituel, celui vers le bas le corporel, le mouvement vers la droite l'avenir et celui vers la gauche, le passé.
Sachant cela, il serait intéressant de savoir comment est analysée la langue arabe écrite puisqu'elle va de droite à gauche.