mardi 30 juin 2009


Inscrivez-vous sur les listes électorales !
pour un vote citoyen aux élections de 2009

lundi 29 juin 2009

Hommage à Asma Fenni

Asma

S’il te plait,
Un instant
Ne pars pas
Laisse-moi te dire
A quel point tu comptes pour nous
A quel point tu comptes pour moi
Je sais, tout comme toi,
Que tu n’y peux rien…
Ni toi ni moi, d’ailleurs
Nous le savons très bien
Et nous savons aussi que là où tu iras
Ce sera sans merci
Et que rien n’y sera
Comme ce fut ici
Et que, ni toi ni moi, ne pourrons
Casser cet ordre qui fera
Que dans si peu de temps
Tu partiras sans moi
Tu partiras si loin que
Je serai vidé
De l’espoir qui me fait rêver
De cette douce idée
De te dire encore un mot
de rallumer le feu
Alors,
Je t’en prie,
S’il te plait, attends encore un peu
Attends
Ne pars pas sans les lire
Ces mots que je t’écris
Mon amie, pour te dire
Que tu es si charmante
Et que tu es jolie
Et que tes cheveux roux
Ont égayé ma vie
Et que tes pensées fauves
M’ont beaucoup amusé
Et tes poussées rebelles
Sont comme toi, démesurées et belles
Et ton désir de dire de clamer de crier
S’accorde à mon désir de t’entendre parler
Et même si souvent nous avons disputé
Nous n’en avons jamais cessé de nous aimer
….
Alors si c’est fini
Laisse moi te dire
Que la vie sans toi est déjà bien ternie

Lassâad Jammoussi

dimanche 28 juin 2009

بعد البيان المشترك للأحزاب الديمقراطية التونسية: هل يكون انطلاقة جديدة للعمل المشترك؟

أصدرت ثلاثة أحزاب تونسية : حركة التجديد ـ التكتل الديمقراطي من أجل العمل والحريات والحزب الديمقراطي التقدمي بيانا مشتركا جددت فيه مطالبها المعروفة والمطروحة منذ فترة ليست بالقصيرة والمتعلقة بإدخال إصلاحات جوهرية على النصوص المنظمة للحياة السياسية وخاصة على المنظومة الانتخابية، وإجراءات سياسية متعلقة بالخصوص بتنقية الأجواء وفتح صفحة جديدة تحقق الانفراج في العلاقة بين السلطة والمعارضة، مثل إطلاق سراح المساجين وإصدار عفو تشريعي عام وفتح الإعلام وفكّ الحصار عن الأحزاب والجمعيات (انظر البيان).

والجديد في البيان ليست المطالب في حدّ ذاتها. فما شدّ انتباه الرأي العام الديمقراطي، هو أن تصدر في بيان مشترك، مما يؤشر في اتجاه التنسيق بين مكونات الحركة الديمقراطية باعتبار ذلك السبيل الوحيد للعمل المشترك من أجل التأثير على مجريات الأمور، وهو عمل لا يجب أن تعيقه الاختلافات وتباين التقييمات والتحاليل السياسية للوضع العام.

واللافت في هذا البيان أيضا هو انتهاج سبيل الواقعية السياسية بدون المس بالمبادئ والثوابت وسبيل الدعوة إلى التحاور بين مختلف الأطراف المعنية بالانتخابات بمن فيها السلطة.. ويتضمن البيان مطالب ممكنة التحقيق ولا تتطلب قوانين جديدة، بل تحتاج فقط إلى إرادة سياسية، وبذلك تصبح الكرة - كما يقال - في ملعب السلطة... ومن هذا المنطلق طالبت الأحزاب الموقعة على البيان بتنظيم حوار وطني يضم كل الأطراف يفضي إلى تكوين هيئة عليا للانتخابات يتم التوافق على تركيبتها وصلاحياتها بحيث يرتاح الجميع إلى دورها في ضمان الظروف الدنيا لمصداقية الانتخابات.

ويأتي هذا البيان تتويجا لمجهودات المطالبين - ومن ضمنهم حركة التجديد - بالعمل من أجل تحسين ظروف الانتخابات بقطع النظر عن موقف مختلف الأطراف منها.

كما يؤكد صدور هذا البيان على أن الأوان لم يفت للعمل معا على تحقيق مكاسب في مجال الانتخابات إذا صدقت العزائم وقام الجميع بمجهود كل من جهته لتجاوز النظرة الحزبية الضيقة. ومن واجب السلطة أيضا أن تتجاوز ردود الفعل المتشنجة فتفتح باب الحوار مع هذه الأحزاب وتتفاعل إيجابيا مع مطالبها، التي هي مطالب معقولة وممكنة التحقيق في الآجال التي مازالت تفصلنا عن الانتخابات، مما يعود بالفائدة على تونس وشعبها أولا وعلى جميع الأطراف السياسية ثانيا.

samedi 27 juin 2009

La «pédagogie» de M. Morjane à propos des rafles : tardive et peu convaincante

La réaction de la blogosphère et des journaux de l’opposition (voir en particulier le n° 132 d’Attariq), suite à la campagne de rafles visant l’enrôlement de jeunes pour le service militaire, a du bon. Elle a obligé le ministre de la défense à descendre de son piédestal et à essayer, lors d’une conférence de presse organisée le jeudi 18 juin dernier, d’expliquer et de justifier cette pratique d’un autre âge qui a instauré un climat de terreur parmi les jeunes, durant plusieurs jours, à travers tout le pays. Toutefois, l’exercice de pédagogie auquel a tenté de se livrer M. Kamel Morjane a essentiellement deux grands défauts : il vient un peu trop tard et, surtout, il est loin d’être convaincant.

En effet, dans un pays où l’on respecte les citoyens et où existe une véritable opinion publique, cet exercice de pédagogie et de communication doit normalement précéder ce type de campagne « sur le terrain ». Mieux encore, la réussite d’un tel exercice devrait susciter une adhésion des citoyens à la démarche du gouvernement et lui permettre de faire l’économie de ces pratiques musclées très dommageables en termes d’image !

Venons-en, maintenant, au contenu de cette communication tardive qui n’est pas exempte de faiblesses et d’incohérences. Car, en affirmant aux journalistes que l’objectif de cette campagne n’est pas principalement l’enrôlement de force dans l’armée, mais plutôt celui d’ « assurer la sécurité du citoyen et de l’ordre public », M. Morjane s’emmêle quelque peu les pinceaux. On découvre, ainsi, au détour d’une phrase anodine, qu’il y aurait une menace sur l’ordre public et notre sécurité et que la tâche de les défendre a été dévolue non pas au ministre de l’intérieur, mais à celui de la défense (sic) ! Encore plus inquiétant ! En quoi consiste cette menace ? La campagne de rafles visant les jeunes a-t-elle permis de la juguler ? Pourquoi s’en charge-t-il lui-même ? Le ministre n’estime pas nécessaire d’éclairer notre lanterne sur ces questions… De même, si l’objectif de cette campagne est seulement d’assurer la sécurité et l’ordre publics, pourquoi l’essentiel de la conférence de presse tourne-t-il autour de la question du service militaire, de son statut et de la nécessité de lui construire, dans la société, une image plus positive?

A ce niveau, M. Morjane conteste l’utilisation du mot « rafles » pour décrire ces opérations où les forces de l’ordre encerclent un quartier et où les policiers, armés de matraques et se faisant aider par des chiens, appréhendent des jeunes et les font monter dans de sinistres voitures cellulaires (resic) ! Même si ça y ressemble beaucoup, il ne faut pas désigner ces opérations par ce mot car il serait « à connotation colonialiste ». Toutefois, et dans l’attente que l’on puisse enrichir le lexique par un vocable plus politiquement correct, M. le ministre devrait méditer le fait que, 53 ans après l’indépendance du pays, ce mot n’est pas prêt de disparaître du vocabulaire de notre société qui, elle, sait appeler un chat « un chat » ! Il pourrait, peut-être, y voir le signe d’une coupure entre les jeunes et le pouvoir et, plus généralement, entre gouvernés et gouvernants, dans ce pays.

C’est là, en effet, que gît, principalement, le problème. Et, au lieu de le résoudre en adoptant des pratiques humiliantes et incompatibles avec l’idéal démocratique, il aurait fallu, d’abord, s’interroger pourquoi l’attitude des jeunes, et pas seulement eux, vis-à-vis du service militaire, est aussi négative ? Pourquoi ce qui devrait être appréhendé comme un devoir sacré est plutôt perçu comme une punition – et les rafles ne font que consolider ce sentiment ? Certes, le ministre esquisse un début de réponse : il estime, d’un côté, que la sensibilisation à l’importance du devoir national n’est pas assez efficace et, de l’autre, que « nos jeunes sont choyés » !! L’analyse est, avouons-le, un peu courte. Car, une meilleure stratégie de communication avec, par exemple, de plus beaux spots télévisés, n’améliorera pas la situation. On reconnaît, dans cette approche, les attitudes habituelles du pouvoir, qui a souvent tendance à identifier des problèmes techniques là où il s’agit de vrais problèmes politiques !

Les choses iront sans doute dans le bon sens le jour où les Tunisiens, dans leur ensemble, vivront pleinement leur citoyenneté et qu’ils percevront la classe politique comme issue de leurs choix, comme leur propre émanation, le jour où il y aura égalité de tous devant le service militaire, qui ne sera plus l’apanage des plus défavorisés et le jour où le pouvoir lui-même le percevra comme un devoir sacré et non comme un moyen de remplir ses caisses à travers la logique bassement mercantile des «affectations individuelles». Mais, peut-être est-ce là trop demander…

Boubaker Jridi

jeudi 25 juin 2009

Meeting de Ahmed Brahim à Monastir

Le premier Meeting dans un local public de M. Ahmed Brahim, après l'annonce de sa candidature officielle, le 22 mars, et après son premier contact télévisé avec les Tunisiens (grâce à al-Jazeera Moubachir, le 22 juin dernier) aura lieu le samedi 27 juin à 16h, à Monastir (Dar Echabab).

Un rendez-vous important pour tous les démocrates et progressistes du Sahel et du centre-est de la Tunisie !

mardi 23 juin 2009

Enfidha : Un boom régional en perspective mais…

Il y a parfois des situations géographiques qui suffisent à révolutionner le devenir de certaines zones qui voyaient s’écouler le temps dans la plus totale des quiétudes. C’est souvent le transport, véritable colonne vertébrale des économies modernes qui en est la cause directe. C’est le cas de la sympathique bourgade d’Enfidha qui se prépare à vivre une évolution considérable, peut-être même à devenir le point névralgique et incontournable de nos futures avancées économiques.

Située dans le gouvernorat de Sousse, à proximité de Nabeul d’un côté et de Kairouan de l’autre, elle a l’avantage de se trouver sur ces axes de communication Nord-Sud vitaux que sont la GP1, le chemin de fer et l’autoroute, et est de plus située en bord de mer.

Plaine agricole fertile et prospère, elle fut exploitée dès l’antiquité par les romains. Plus récemment, les beys Ottomans s’y taillèrent un immense domaine de plus de 100.000 H, ce qui lui donna le surnom de « Dar El Bey ». Puis dès la colonisation elle tomba entre les mains des Français jusqu’à l’indépendance et la récupération des terres agricoles par l’O.T.D. Paisible bourgade de 12000 habitants, elle vit modestement de l’agriculture et de quelques industries locales dont une cimenterie.

Ces dernières années, le miracle s’est produit. Plusieurs mégaprojets devant en faire un pôle de développement de premier plan intégré et complémentaire sont décidés et sont même entrés en réalisation, dont le plus grand aéroport et le plus important port en eaux profondes du pays.

JustifierL’aéroport
Le 24 Juillet 2007, le président de la république lançait les travaux de l’aéroport international d’Enfidha. C’est la société turque T.A.V qui en a obtenu la concession, ainsi d’ailleurs que celui de Monastir. Cet aéroport aura comme capacité initiale l’accueil de 4.5 millions de passagers, principalement des touristes, étant située à proximité de la zone touristique Hammamet – Sousse. L’entrée en fonction est prévue pour la fin 2009. Bien sûr, des extensions sont prévues par étapes, de l’ordre de 7 millions de passagers dans un premier temps. Mais le plus intéressant, c’est que la société turque, qui gère d’ailleurs d’autres aéroports dans le monde, a conscience de l’ouverture internationale des cieux, du développement du transport aérien et de la saturation d’aéroports européens pas très éloignés. L’objectif est donc d’en faire un « HUB », une plaque tournante entre l’Europe et l’Afrique, ce qui augure d’un bel avenir et d’une réussite certaine pour cette réalisation.

L’impact économique et social de ce projet est sans doute énorme. Exportations, échanges, tourisme, services ne pourront qu’en profiter, permettant la création de milliers d’emplois directs et indirects. On parle de 2500 emplois permanents rien que pour l’aéroport. Des retombées indirectes, telles que le désenclavage de certaines régions du Centre Ouest jusqu’à Kasserine et Sidi Bouzid ne sont pas non plus négligeables.

Le port en eaux profondes
La nature a doté cette région d’une côte permettant la réalisation d’un port en eaux profondes en plein centre du pays et de la Méditerranée. Envisagé à proximité de l’aéroport, de l’autoroute et du chemin de fer, ce port pourra disposer de pas moins de 3000H de terrains disponibles ! L’appel d’offres consiste en l’édification d’un site de nouvelle génération doté des infrastructures les plus modernes dans le domaine du transport maritime, particulièrement les porte-conteneurs de nouvelle génération. Le constat de l’insuffisance des capacités portuaires méditerranéennes en la matière a été dressé, et le projet a été conçu pour en faire un « HUB » commercial de premier plan. Avec les 3000H disponibles et les orientations prévues, les chances de réussite semblent assurées.

Mais là ne s’arrêtent pas les bonheurs qui pleuvent sur notre bourgade. En effet, des investisseurs du Golfe se bousculent pour édifier une nouvelle station touristique s’étendant sur 1200H à Hergla avec marina, golf, résidences et tout ce qui en suit. Connaissant la splendeur de ces plages et la maîtrise des gens du lieu dans le domaine du tourisme, la réussite du projet n’est pas à mettre en doute.

Et, pour couronner le tout, une zone franche d’activités industrielles s’est établie dans le village, sur une cinquantaine d’hectares pour commencer, sous l’égide d’une société Italienne qui a déjà réalisé les travaux de génie civil, alors qu’une autre société offshore, Développement Industriel Enfidha Tunisie ( DIET ) gère déjà le site qui présage d’une réussite exceptionnelle. Plasturgie, agro-industries, confection, emballages … les investisseurs affluent et se pressent, attendant avec impatience l’ouverture du port et de l’aéroport.

Ce qui arrive à Enfidha relève du rêve et il est à souhaiter que d’autres lieux le vivent aussi. Néanmoins toute médaille a son revers. La petite bourgade tranquille d’une dizaine de milliers d’habitants va brusquement se nuer en une métropole de centaines de milliers d’habitants. Une brusque et énorme urbanisation qui risque, si l’on n’y prend pas garde, de transformer une région rupestre et idyllique, véritable trésor de nos faunes et flores en un enfer pollué et invivable. Il est à espérer que la méticulosité et la profondeur avec lesquelles ont été étudiés ces projets du point de vue technique et économique n’ont pas dédaigné l’aspect humain et écologique d’une des régions les plus intéressantes de notre pays dans ce domaine.

Un énorme port avoisinant un énorme aéroport avec d’innombrables entreprises tout autour peuvent coûter très cher en termes de qualité de vie et d’équilibres terrestres, aériens et marins, et oblitérer gravement l’avenir.

En fait très peu, trop peu d’informations ont été communiquées sur ce sujet et il est temps qu’en tant que citoyens concernés par un développement durable et harmonieux, nous soyons tenus au courant de tout ce qui est supposé avoir été fait pour la sauvegarde de ce joyau de la nature qu’est Enfidha et sa région, auxquels nous souhaitons non seulement le bonheur économique, mais aussi humain et environnemental.

Khaled Chebil

lundi 22 juin 2009

Peut-on exécuter un jugement contre Hannibal TV ?

F.H. est un acteur qui a été engagé par la société A.V.I.P, exploitant la chaîne télévisée Hannibal TV, en vue de jouer un rôle dans un de ses feuilletons du mois de Ramadan. Il signa donc un contrat en bonne et due forme, fixant les droits et obligations de chacune des parties. Une fois le tournage achevé, F.H. se dirigea vers la caisse en vue de toucher ses émoluments et la contrepartie des heures supplémentaires, conformément aux stipulations contractuelles. Mais, à sa grande surprise, les dirigeants de la chaîne ne voulurent rien savoir, lui faisant comprendre d’une manière fort « élégante » que ce qu’il avait touché était largement suffisant.

Fort de son droit et de son contrat, il adressa à Hannibal TV une mise en demeure par voie d’huissier la sommant de lui verser son dû. Malheureusement pour notre ami, la mise en demeure resta lettre morte. Il décida, en conséquence, de s’adresser aux prud’hommes en vue de faire valoir ses droits et obtenir, par la voie judiciaire, ce qu’il n’a pas obtenu par la voie « amiable ». Et il obtint la condamnation de son désormais ex-employeur. Il retira la copie du jugement, qu’il déposa dare-dare chez un huissier afin de procéder à son exécution. Ce dernier la signifia à la partie condamnée, qui ne crut pas bon d’interjeter appel, rendant définitive la sentence.

Muni de tous les pouvoirs que la constitution et la loi confèrent au jugement qu’il détenait, l’huissier se présenta aux locaux de la chaîne. Le préposé à la sécurité le somma de s’arrêter, lui interdisant l’accès. Légèrement désarçonné par cette attitude qu’il n’avait pas prévue, notre huissier reprit ses esprits et expliqua à l’agent de la sécurité que le jugement qu’il avait entre les mains a été prononcé au nom du peuple et doit être exécuté au nom du Président de la république. Ce qui n’impressionna pas outre mesure notre agent de sécurité…
Face à ce refus d’obtempérer, l’huissier de justice sollicita du procureur de la république une ordonnance de recours à la force publique, qu’il obtint quelques jours après.

Fort de cette ordonnance, notre ami huissier la déposa au poste de police compétent qui, normalement, devait le contacter dès que possible. Ne voyant rien venir après plus d’un mois, il se dirigea vers le chef de poste, qui lui fit comprendre que la question était un peu délicate et qu’il devait obtenir le feu vert de ses supérieurs pour pouvoir l’accompagner.

Les jours et les mois passaient, et rien de nouveau ne se passait du côté de la Soukra! Jusqu'à ce que, pressé de toutes parts, l’huissier décida de camper au poste de police, obligeant ainsi les agents de l’ordre à, finalement, l’accompagner dans sa délicate mission. Arrivés dans les locaux de la chaîne et après des heures d’attente devant la porte, un responsable s’avança vers l’huissier et les policiers et leur remit un récépissé d’appel du jugement fait six mois après les délais !! Soulagés par ce dénouement – temporaire – de l’affaire, les agents retournèrent à leur poste et l’huissier, impuissant, à son cabinet.

Décidé à se défendre jusqu’au bout, F. H. suivit l’affaire en appel et obtint, encore une fois, gain de cause. Une fois la copie du jugement prête, il la déposa chez le même huissier pour continuer l’exécution. Peu de temps après, F. H. s’enquit de son jugement auprès de son huissier, qui lui fit savoir que, selon le nouveau chef de poste, l’ordonnance se serait égarée et que, par conséquent, il ne pouvait l’accompagner pour l’exécution du jugement… Entre-temps, F.H. attend toujours qu’un jugement rendu à l’encontre d’une personne privée, ne jouissant d’aucune immunité, soit tout simplement exécuté…

BJ

dimanche 21 juin 2009

Drôle de dialogue !

« Approchez, approchez ! », leur a-t-on dit, « vous êtes l’espoir et la solution » … Et ils sont venus débattre, exposer leurs problèmes, leurs aspirations et leurs inquiétudes. Des mois durant, il n’était question que de ce débat avec la jeunesse. Force est de reconnaître que l’idée était louable dans son esprit, car suite aux incidents de Soliman, il y avait urgence à renouer le dialogue avec les jeunes. Hélas ! Au lieu d’avoir un débat franc et ouvert avec les jeunes, l’opération s’est transformée en pacte de soutien au pouvoir en place. Au total, ce qui était censé être un biais pour désamorcer le désamour des jeunes pour la chose publique et baliser un avenir meilleur pour ces derniers, s’est avéré être une opération de récupération politique particulièrement grossière. Pis encore, les jeunes, loin de voir leurs préoccupations considérées et traitées par des solutions concrètes, se sont vus stigmatisés.

Un exemple, un seul : la campagne d’enrôlement au service militaire au moyen de rafles policières. Est-ce là un moyen pédagogique de sensibiliser les jeunes au plus grand des devoirs nationaux ? N’aurait-il pas été plus sensé de réformer le service militaire pour attirer un maximum de volontaires, au lieu d’installer un climat de terreur parmi les jeunes hommes qui se sont carrément barricadés chez eux ???

De même pour la participation des jeunes à la chose publique : « Venez, venez sans crainte !» leur a t-on répété, et ils sont venus … Boum boum badaboum ! pour deux pauvres jeunes à l’occasion du mouvement social du bassin minier (aucune enquête sur les circonstances du décès de ces deux jeunes gens ou du moins aucune conclusion connue des autorité judiciaires). Arrestations parmi les militants du syndicat estudiantin, coupables d’activités militantes, d’autres traduits devant les instances disciplinaires (d’où pour un groupe d’étudiants, une longue grève de la faim qui a failli leur coûter la vie). Est-ce de cette manière qu’on va attirer les jeunes vers les partis, les syndicats, les associations etc… ? Drôle de façon de faire (et ce n’est la qu’un euphémisme) !!!

Messieurs les stratèges, vous qui avez voulu manipuler les jeunes et avez travesti une idée qui, je le répète, était parfaitement pertinente et même impérative, prenez garde. Nos jeunes que certains décrient comme superficiels, apolitiques et manquant de culture, ne sont pas dupes de cette récupération. Tranquillement, chez eux, devant un écran ou entre amis, ils sont en train de cultiver à leur manière une riposte. Des professions de foi et des grandes déclarations d’intention contenues dans le pacte de la jeunesse, ils n’en ont cure. Une culture underground et insondable pour les tenants de la langue de « pierre », est entrain de voir le jour. Cette dernière est faite de musique, de poésie, de codes, de langages, d’accoutrements et de comportements réinventés dans le moule d’une réalité en mouvement. Messieurs, avez-vous le pouvoir de la lire et de l’interpréter, en saisissez-vous toute la portée actuelle et surtout future ? J’en doute fort et c’est ça tout le drame… Beaucoup dépendra de ce que vous allez faire aujourd’hui … Et il n’est jamais tard pour vous reprendre.

MBJ

PS : les photos ont été empruntées au blog DEBATunisie

samedi 20 juin 2009

Quel avenir pour les lettres et les humanités en Tunisie ?

Les enseignants des différentes Facultés de lettres, sciences humaines et sociales sont en état de choc. Ils viennent de découvrir, par le biais du nouveau guide de l’orientation des bacheliers, ce que leur réserve la réforme LMD concoctée par les soins du Ministère de l’Enseignement Supérieur : suppression de licences fondamentales, fusion de départements, instauration de quotas pour certaines filières etc… Ainsi, pour la Faculté des Sciences Humaines et Sociales (9 avril) de Tunis, le guide annonce la suppression des licences fondamentales en français, en sociologie et psychologie, la fusion des départements d’histoire et de géographie et l’instauration d’un quota de seulement trente nouveaux étudiants pour cette filière.

Certes, les universitaires pressentaient depuis longtemps que cette réforme, à la préparation de laquelle ils n’ont pas été associés, était portée par une vision dogmatique, simpliste et populiste de la vocation de l’université. Celle-ci se résume, pour l’autorité de tutelle, à «répondre aux exigences du marché de l’emploi». La mise en œuvre du système LMD est, de ce point de vue, l’occasion rêvée pour faire le ménage et en finir avec les formations « peu employantes » ou avec de faibles possibilités « d’application ».

Il est vrai que toutes les disciplines sont en train de faire les frais de cette vision idéologique, avec une limitation des enseignements à contenu théorique ou historique au profit des enseignements à contenu « appliqué », mais ce qui attend les formations en lettres et en humanités est certainement plus inquiétant. Et ce que révèle le nouveau guide d’orientation n’est que la partie visible de l’iceberg, car la suppression de licences fondamentales dans une filière signifie l’absence de Mastères et de Doctorats et, donc, l’absence, à terme, d’enseignants et de chercheurs. C’est en quelque sorte l’histoire d’une mort annoncée.

C’est ce qui explique l’émoi des universitaires à la faculté du 9 avril et dans les autres facultés de lettres et leur mobilisation du jeudi 18 dernier : à présent, ils raisonnent en termes de survie, tout simplement…

B. Gh.

vendredi 19 juin 2009

2009


Il reste seulement dix jours pour pouvoir s’inscrire sur les listes électorales, pour pouvoir voter en octobre 2009.

Inscrivez-vous sur les listes ! Faites parvenir votre voix !

Votez !

mercredi 17 juin 2009

C’est dans un lointain pays…

Ceci est une fiction. Toute ressemblance avec des faits ou personnages réels est purement fortuite.

Tout se passe dans un lointain petit pays de beauté et de lumière où les habitants vivent une étrange condition dont ils ne peuvent dire si elle les satisfait ou non car, tout en apparence, est fait pour les rendre heureux alors qu’étrangement, ils ne le sont pas. Pourtant l’air y est moins pollué que dans les pays développés, le climat clément et l’on n’y meurt pas de faim, du moins selon les statistiques officielles. Mais il y a comme un malaise qui plane en permanence sur les quelques millions d’habitants de ce pays qui leur fait surveiller ce qu’ils disent et ce qu’ils font, au travail, dans la rue et même – oui même – chez eux, dans leur maison où certains jettent parfois un regard inquiet sur les plafonds et les murs, baissent la voix dans certaines discussions…

On y dit, d’ailleurs, la rumeur vous savez ce que c’est, mais enfin, on y dit que les prisons sont pleines, et pas seulement d’opposants au régime – ceux-là, c’est normal n’est-ce pas, ils n’en veulent pas de notre stabilité ! – ou de criminels et de voleurs, non mais de citoyens ordinaires… On y dit que cela peut arriver à tout le monde… un exemple : une dame, une dame âgée, une dame bien, pas une de ces opposantes, non, une intellectuelle, une femme pleine de culture et de connaissances, une femme respectable quoi ! Et bien, on y dit qu’elle vient d’être traduite devant les tribunaux. Et pourquoi ? Je vous le donne en mille : non, elle n’a pas fait de chèque sans provisions, elle n’a pas volé son prochain, elle n’a pas tué, non : vous ne trouvez pas ? Je vais vous le dire : elle a reçu un message par Internet – ah cet Internet ! Un vrai danger ! – lui disant de ne pas acheter les barquettes de poulet d’une certaine marque – je ne vous dis pas laquelle, on ne sait jamais n’est-ce pas ? Alors, comme elle a été prévenue, elle a voulu prévenir elle aussi et elle a transmis ce message à sa meilleure amie pour la mettre en garde elle aussi. Eh bien, voilà pourquoi elle est jugée aujourd’hui : on l’accuse d’avoir transmis une fausse nouvelle et de l’avoir diffusé ! J’ai oublié de vous dire qu’à la période où elle a reçu et envoyé ce message, tout le monde, oui, tout le monde, même des journaux, même la radio et même une chaîne de télévision avait parlé de cette histoire de barquettes de poulets. Quel drôle de pays quand même !

Heureusement que cette vilaine histoire ne risque pas d’arriver chez nous. Non, chez nous, non seulement nous avons un aussi beau climat que là-bas, mais tout est si transparent qu’on y voit à travers. Et croyez-moi, je vous le dis, tout est bon et rien n’est mauvais, on nous dit absolument tout, on respecte notre intégrité physique et morale, on nous donne du travail et même, on nous laisse critiquer : mais tout est si parfait, n’est-ce pas, qu’il faudrait vraiment avoir l’esprit mal tourné pour trouver quelque chose à redire. Et là, vraiment, on aurait le droit de faire taire ces méchantes langues… Quoi ? Qu’est-ce que vous dites ? Vous n’êtes pas d’accord ? Mais c’est grave çà !!! Quoi ? Mais bien sur que je vous menace !!! Ah bon, je ne vous intimide pas : eh bien, on verra bien… la voilà, la mauvaise graine ! Bien heureusement, tout le monde le sait, vous n’êtes que l’exception et comme le dit le proverbe, elle confirme la règle : donc, tout va bien pour nous. Je n’en dirais pas autant pour vous…

Bien sur, ce n’est qu’une fiction.

Gargoulette

mardi 16 juin 2009

La Marsa : une mobilisation citoyenne autour de la Abdellya

Le démarrage d’une construction, dans l’enceinte même du périmètre de la Abdellya, a suscité la colère et l’indignation des habitants de La Marsa et de tous les Tunisiens jaloux de leur patrimoine historique et architectural.

En effet, dans une pétition qui se propose de sauver ce site historique de la défiguration, qui a déjà recueilli des dizaines de signatures, on lit que « ce lieu de mémoire et d’histoire … est le plus ancien témoignage de l’architecture palatine musulmane (Xème siècle) resté en bon état de conservation de tout le Maghreb ».

Les signataires, parmi lesquels figurent des artistes, des intellectuels, des universitaires et d’anciens ministres, interrogent les autorités sur le bien fondé de cette décision et les prient de la reconsidérer « dans le seul but de préserver notre patrimoine ».

PS : un groupe "Sauvons Palais Al Abdelliya !" a été créé sur Facebbok pour mobiliser les citoyens contre cette construction "de type non conforme et d'intérêts non généraux dans l’enceinte même du périmètre du palais"

lundi 15 juin 2009

La taxe Tobin est de retour !

La taxe Tobin vous vous en rappelez? Il s'agit de cette fameuse proposition faite en 1972 par le futur prix Nobel James Tobin pour taxer les transactions monétaires et financières internationales afin de faire face à la spéculation. Il avait suggéré à l'époque d'appliquer une taxe faible qui pouvait varier de 0,05% à 1%. Tobin s'est opposé à sa proposition quelques années plus tard et a déclaré dans une interview au quotidien français Le Monde le 8 septembre 2001 "j'apprécie l'intérêt qu'on porte à mon idée, mais beaucoup de ces éloges ne viennent pas d'où il faut. Je suis économiste et, comme la plupart des économistes, je défends le libre-échange. De plus, je soutiens le Fonds Monétaire International, la Banque Mondiale et l'Organisation Mondiale du Commerce, tout ce à quoi ces mouvements s'en prennent. On détourne mon nom".

Dans cette déclaration, James Tobin désignait les mouvements altermondialistes qui se sont appropriés cette idée pour en faire leur cheval de bataille dans la lutte contre la globalisation et la montée de la finance internationale. Cette idée a fait du chemin et n'est pas restée cantonnée dans le champ de la contestation seulement. En effet, les crises financières à répétition dans les années 90 ont amené beaucoup de gouvernements à l'envisager. Ainsi, le projet d'une taxe a-t-il été envisagé et discuté au sein des Nations Unies, et même lors du G7 à Halifax en 1995. Le gouvernement du premier ministre français Lionel Jospin l'avait même envisagé et le parlement avait voté en 2001 une taxe sur les transactions financières. Mais, en dépit des débats et des discussions, cette taxe n'a pas connu le moindre début d'application dans aucun pays du monde!

Or, la crise financière globale que connaît le capitalisme a été à l'origine d'une évolution importante du débat sur les choix économiques. La responsabilité de la libéralisation financière et des choix des politiques économiques des années 80 et 90 marquées par le néo-libéralisme reaganien et thatchérien a été admise très vite. Du coup, un important champ de débat et de réflexion a été ouvert et une remise en cause radicale s'est emparée du champ économique et politique. Tous les interdits et les tabous du passé ont été remis en cause. L’Etat n'est plus cet ennemi honni des politiques économiques et le marché est tombé de son piédestal et n'est plus considéré comme la panacée des économies modernes. La libéralisation a perdu de son attrait et la régulation est plutôt à l'ordre du jour!

Mais, en dépit de cette effervescence intellectuelle et de la remise en cause du libéralisme radical des années 80 ou bon teint des années 90, la taxe Tobin n'est pas revenue dans le débat. Cet effacement s'explique par le fait que les propositions de reconstruction et de refondation de l'ordre international vont au-delà de cette idée réformiste. Même les débats au sein du G 20 et dans la plupart des pays développés envisagent des propositions beaucoup plus radicales et sont en train de voir la mise en place de règles beaucoup plus dures afin de faire face à cette économie d'endettement et de risque qui a failli emporter le système global.

Or, depuis quelques jours, la taxe Tobin refait surface et notamment lors d'un débat en France sur les questions des financements innovants du développement organisé par le Ministère des affaires étrangères le 29 mai 2009. Lors de l'ouverture de cette réunion, Bernard Kouchner, le Ministre français des affaires étrangères, a affirmé "qu'il faut aujourd'hui tirer le meilleur bénéfice de l'interdépendance financière des marchés internationaux en prélevant une fraction des transactions financières quotidiennes sur une base volontaire, parce que le financement du développement doit devenir un impératif moral". Ainsi, ce retour de la question de la taxe Tobin n'a plus pour objectif de mettre des grains de sable dans le fonctionnement des marchés financiers internationaux et d'empêcher la spéculation, mais cherche désormais à faire face aux besoins de financement du développement et à l'impératif de trouver des ressources supplémentaires pour faire aux difficultés budgétaires des pays développés. Alain Joyandet, le secrétaire d'Etat à la coopération, a indiqué de son côté que "la crise financière menace les flux de capitaux dans les pays en développement et oblige donc à trouver des voies innovantes pour récupérer des fonds". Pour les deux ministres français, une taxe de 0,005% appliquée sur une base volontaire pourrait rapporter une somme entre 30 et 60 milliards de $ par an qui serait dédiée au financement du développement.

Il faut dire que nous disposons d'une expérience intéressante qui concerne la taxe lancée par l'ancien président français Jacques Chirac d'un prélèvement de 1 à 40 euros sur les billets d'avion pour les consacrer au financement de l'achat de médicaments pour les pays du Tiers-Monde. Cette taxe a rapporté en 2008 près de 300 millions de $ qui ont été versés à Unitaid, une agence internationale spécialisée dans l'achat de médicaments permettant de lutter contre le sida, le paludisme et la tuberculose. Ces versements ont permis à 100 000 enfants atteints du sida de recevoir des traitements. Par ailleurs, cette proposition reçoit un appui de plus en plus important et treize pays l'on déjà mise en place et une quinzaine d'autres pays pensent rejoindre cette initiative rapidement.

Ainsi, la crise pose avec une plus grande acuité, la question du financement du développement. De ce point de vue, la taxe Tobin pourrait constituer une voie importante pour répondre aux besoins de financement des pays en développement et de relance en ces temps de crise même si certains s'y opposent comme la Ministre française des Finances.

Slim Ben Taleb

dimanche 14 juin 2009

Non, Monsieur Obama !

En choisissant de caresser dans le sens du poil, celui de la dure réalité cairote, où 80% des femmes sont voilées, et probablement en réponse tacite à une conditionnalité saoudienne, mais aussi en conséquence des failles connues de la science politique américaine,, avec son approche fragmentée de l’islam, ou tout simplement aussi en esprit fidèle au désengagement masculin, si classique, vis- à-vis de la question fondamentale de la liberté des femmes, le président Obama, par trois fois lors de son discours- par ailleurs génial, transcendant et si historique- persiste et signe : il est du droit des femmes de porter le hijab, il y va de leur liberté si elles le choisissent, dit-il.

Mais pourquoi Mr Obama ?

Serait-il libre celui qui, par un signe ostentatoire, accepte - en ignorance ou en connaissance de cause, cela ne change rien au fond de la question - qu’on réduise son statut à un corps omnisexuel qu’il se doit de cacher honteusement ?

Serait-il libre celui qui accepte qu’une théologie patriarcale moyenâgeuse continue de décider de son être et de son paraître ?

Serait–il libre celui qu’on endoctrine par le discours obscurantiste de dizaines de « cheikhs satellitaires » au nom de la croyance, pour qu’il porte volontairement le sceau de son aliénation ?

Serait-il libre l’esclave qu’on aurait convaincu que son statut d’esclave est scellé par décision céleste ?

Pourquoi, en affirmant si fort et si bien votre volonté et celle de cette partie sage de l’Amérique d’en finir avec toutes les guerres, vous tenez, de la sorte, à nourrir celle que les misogynes de l’islam entretiennent contre la liberté et l’humanité des femmes ?

On en convient, il est plus facile de désamorcer les bombes réelles que celles qui logent au fond des mentalités et des croyances, mais on aurait aimé que vous ayez un peu plus de respect pour celles et ceux qui, malgré le phénomène de « rhinocérosisation » qui envahit leurs sociétés, se battent, des fois à leur corps défendant, pour que la loi des talibans, de quelque nationalité qu’ils soient, ne l’emporte pas sur les femmes musulmanes.

Latifa Lakhdhar

samedi 13 juin 2009

Notre autosuffisance alimentaire en question

Depuis des temps immémoriaux, notre pays a fait de l’agriculture sa principale activité, nourrissant ses enfants et devenant même le « grenier de Rome ».

De nos jours encore, et malgré les handicaps tant humains que climatiques, l’activité agricole y demeure vitale, participe grandement au bilan économique et les chiffres sont éloquents : 12% du PIB, 16% de l’emploi, 10% des exportations.

Mais de nombreux obstacles continuent à s’opposer à la progression de ses performances, découlant d’une politique erratique ne tenant pas compte de l’importance du secteur. Ces temps-ci, de plus en plus de voix s’élèvent pour évoquer une crise sérieuse, voire de menaces sur notre autosuffisance alimentaire, et donc sur notre sécurité et notre indépendance dans l’avenir.
Les inquiétudes se multiplient, dépassant le simple niveau du couffin de la ménagère. Le 20/05/09 s’est tenu un conseil ministériel consacré au renforcement de la production par l’amélioration de l’investissement et du financement. Des mesures ont été décidées, mais qui ne semblent pas, de prime abord, de nature à changer grand-chose aux problèmes qu’affronte ce secteur vital de notre économie et de notre avenir, parce que le fond des choses n’a pas été abordé.

Le premier constat à faire est celui de l’extrême morcellement de nos surfaces agricoles : 80% de nos exploitants travaillent sur des parcelles de moins de 10H et ont donc des revenus modestes.
Le second constat concerne la banque qui, théoriquement, est spécialisée dans le domaine mais qui, hélas, se conduit comme une banque commerciale classique. Les 10% de taux d’intérêts et plus y sont monnaie courante, à part les démarches administratives compliquées et rebutantes.

En pays climatiquement difficile tel que le nôtre, le mot spéculation agricole prend tout son sens littéral, mais cette banque ne se soucie jamais des considérations extra-contractuelles. Résultat des courses : 80% de ces petits exploitants y sont endettés d’une façon ou d’une autre. A ce sujet, les cultures, surtout les cultures céréalières, sont courantes en prête-nom pour éviter les remboursements aux guichets après livraison à l’Office. Ces gens fuient les intérêts, intérêts de retard et pénalités qui les empêcheraient de nourrir leurs familles et de continuer à travailler. Une autre pratique assez courante consiste à laisser des gens plus aisés, ou moins endettés, s’occuper de l’exploitation, moyennant le tiers du revenu final hors toute mise de fonds.

Les décisions du conseil ministérial du 20/05 baissant les taux d’intérêts à 5% pour les crédits saisonniers et faisant intervenir les banques et associations de micro crédits vont-elles changer la donne ? C’est peu probable, car les innombrables endettés sont signalés, fichés, et restent donc hors du circuit des crédits et des investissements.

Confrontés aux mêmes problèmes, nos frères algériens ont carrément effacé les dettes, ce qui a beaucoup aidé à la reprise du secteur. Au lieu de mesures qui, de toute façon, tiendraient à l’écart beaucoup de petits exploitants, pourquoi ne pas s’inspirer de cette solution, ou à tout le moins l’adapter en réclamant uniquement le principal, hors intérêts et pénalités ? Cela nous coûterait quelques milliards (en jeux d’écritures), mais nous garantirait une reprise certaine des crédits et de l’investissement, donc de la production.

Le même conseil a superbement ignoré un problème qui hante de plus en plus nos agriculteurs et leur fait passer des nuits blanches : celui des coûts de production, qui explosent. Pour les agriculteurs, petits et grands, il est devenu prohibitif de produire, surtout compte tenu des cours des ventes dans des circuits commerciaux dominés par des maffieux incontrôlés. Payer le diesel pour labourer, soigner et irriguer… au même prix qu’un automobiliste qui va passer du bon temps dans une ville touristique, cela leur semble révoltant. L’envolée du prix des semences, des engrais chimiques et des produits phytosanitaires fait qu’ils y vont maintenant avec parcimonie, et terres et cultures n’en reçoivent presque plus leur dû, faisant que la production s’en ressent. Certaines cultures, jugées trop onéreuses, commencent à rebuter certains, et si cela continue, les problèmes que nous avons vécus cette année avec les pommes de terre risquent de se répéter et de se généraliser.

Une solution unanimement préconisée, qui semble logique et raisonnable, consiste à ce que, moyennant des contrôles stricts, le diesel et les produits chimiques agricoles fassent l’objet d’une compensation ou d’une quelconque ristourne afin de diminuer les coûts, donc augmenter la production.

Le conseil ministérial du 20/05/2009 a aussi fait l’impasse sur les circuits de commercialisation, où producteurs et consommateurs sont « roulés dans la farine » la plupart du temps. Le nombre d’intermédiaires et de spéculateurs de tous poils faisant la loi entre l’offre et la demande fausse totalement les lois du marché : moyennant une bascule et quelques cageots ou une épaisse liasse de billets de banque, plus beaucoup de roublardise, de sinistres individus magouillent à qui mieux pour fausser la loi et réaliser d’énormes bénéfices sur le dos de tout le monde. Ce problème, pourtant notoire, n’a toujours pas été résolu, malgré toutes les affirmations contraires. Par exemple, une balle de paille (et non de foin) vendue 1.800 D par le producteur à un intermédiaire qui la stocke, puis la revend à 5D à un autre intermédiaire, arrive à 8D chez l’éleveur ! C’est normal que le kilo de viande coûte 12D !

Tels sont quelques-uns parmi les problèmes les plus urgents à régler auxquels est confrontée notre agriculture, de l’investissement à la commercialisation en passant par la production. En vérité, de plus en plus d’agriculteurs, sous-représentés et sous-défendus par des instances fantomatiques, inquiets pour leur avenir et celui de leurs proches, n’attendent plus que l’inexorable avancée du béton urbain pour valoriser leurs terres en les lotissant, quitte à laisser derrière eux une Tunisie dépendante de l’étranger pour sa nourriture.

Au lieu des gesticulations et des effets d’annonces, des solutions doivent absolument être prises pour garantir notre sécurité future : elles impliquent la prise immédiate de mesures radicales, peut-être coûteuses à court terme, mais assurément payantes à long terme.

Khaled Chebil

PS : la photo qui illustre l'article a été empruntée au site Tunisia Daily Photo

vendredi 12 juin 2009

الخدمة العسكرية : واجب وطني أُريدَ به "رافل" أمني


تشهد البلاد هذه الأيّام سلسلة من "المداهمات" والملاحقات تقوم بها قوّات الأمن طالت مقاهي المدن وشوارعها وأحيائها القريبة والبعيدة.الهدف المعلن من هاته الحملة هوالبحث عن المتهرّبين من الخدمة العسكرية وعرضيا المفتّش عنهم قضائيا.


وقد أحدثت الحملة تبرّما كبيرا لدى المواطنين : فهذا كلّف ابنه بمشوار قي وسط المدينة فإذا به يُعلم أنّ نجله محجوز قي مركز الشرطة وذاك يطالب باستخراج شهادة حضور مدرسية حتى يتمكّن من ّإخراج ابنه... وثالث ، ورابع...وإذا علمنا أنّ أحد معاني كلمة " رافل" باللغة الفرنسية هو نوع من الشِّباك يمكّن من صيد وفير ، نتبيّن ما يحدثه هذا النوع من الحملات من شعور بالسخط لدى المواطنين إذ أنّ " الشِّباك " تصطاد كلّ الشباب " والمركز يصفّي" أي أنّ كلّ شاب هو متهرّب من الخدمة العسكرية أم مطلوب للعدالة وعليه أن يُثبت عكس ذلك , منطق غريب لم نعهده طوال السنوات الأخيرة.


إنّ الخدمة العسكرية واجب وطني مقدّس، يجب أن نسموَ به فوق كلّ الاعتبارات وأن لا يتأثّر بأيّ ظرف أو بأيّ حال . وعلى السلطة واجب الحفاظ على هاته القدسية . وهي في اعتفادنا ليس فقط لم تقم بالشيء الكثيرمن أجل ذلك بل على العكس ، فقد ساهمت مساهمة كبيرة ، ومنذ عفود، في غرس تصوّر سلبي جدّا جدّا لهذا الواجب الوطني لدى الشباب.

- شباب الثمانينات يذكر جيّدا " رجيم معتوق " وكيف أنّ السلطة في ذلك الوفت استعملت واجبا مقدّسا كالخدمة العسكرية لمعافبة الطلبة الذين لم يصطفّوا لمزاجها.

- إنّ التصوّر الحاصل لدي جلّ المواطنين هو أنّ " خدمة العسكر " هي لأولاد " الشعب الكريم " أمّا أبناء المال والجاه والوجاهة فهم معفيّون من ذلك.

- كما يتصوّر معظم الشباب أن " عام العسكر هو عام " كرفي" وعام خسارة ، لا تحصل منه على شيء بل وتفوتك فرصة العمر قي الحياة المدنية قي تلك السنة"

- إنّ السلطة السياسية وعند رسم ملامح التونسي المراد تكوينه في برامجها التربوية لم تُفلح في اعتفادنا قي بلورة ذلك المجهود الفكري والتوق الوجداني الواجب على كلّ فرد القيام بهما ليرتبط المواطن بوطنه ارتباطا خالصا ، ساميا ، لا تشوبه شائبة. بل بالعكس ، وتحت ضغط اللبرالية المتوحّشة والفردانية المفرطة ، انفلتت الأمور واصبح الوطن والوطنية والتفاني والإلتزام الأخلاقي قيما تكاد تكون غريبة يتمسّك بها " الطافي" دون غيره.

- إنّ الحملات الأمنية التي عدلت عنها السلطة لعدّة سنوات ورجعت إليها هاته السنة ، تزيد الطين بلّة وتعمّق ذلك التصوّر السلبي للخدمة العسكرية ، وتزيد من نفور الشباب من هذا الواجب.


إنّ " ملف " الخدمة الوطنية في حاجة أكيدة وملحّة إلى مفاربة جديدة تسمو به فوق التفاعلات المجمعية وصراع الدولة والمجتمع ، وتخلّص هذا الواجب ممّا علق به من تصوّرات خاطئة وترسّبات سلبية. ومن المتأكّد أن يستبطن الشباب تصوّرا إيجابيّا لواجبه الوطني وذلك ب :

- التأسيس لبرنامج تحسيسي واضح المعالم، مستمرّ ومتعدّد الوسائط تقوم فيه عناصر الجيش الوطني بمهمّة مركزية قي التعريف بالخدمة الوطنية لدى تلاميذ المدارس مند التعليم الأساسي. وترغيبهم في الانضمام إلى المؤسسة والاعتزاز بالانتساب لها

- المزيد من تنويع جملة القيم والمعارف والمهارات التي تمكّن منها المجنّدين حتى تكون الإضافة واضحة وجلية بين المدخلات والمخرجات.

- إشاعة جوّ من الثقة" بين الشاب وواجب وطني يتساوى أمامه " ابن الوزير مع ابن الفرّاش" كما يقال ، وبشكل يشعر فيه المجنّد أنّه يقوم بواجب مطالب بالقيام به كل شاب في سنّه مهما كان وسطه الاجتماعي وانتماؤه الطبقي

- تبسيط إجراءات الانتساب وتوضيحها (تعميم صلاحية تسليم بطاقة الإحصاء العسكري على كلّ مراكز الحرس الوطني).

- تفريد الدعوة للخدمة المدنيindividualisation)) لما لهذا التفريد من أهمّية قي إبراز للذات وإعطاء صورة إيجابية لها . ويكون ذلك بإعفاء السلطة المدنية (العمدة، المعتمد) وبصفة تدريجية ، من مهمّة إجراءات التجنيد وحصرها في ممثّل الجيش في الحياة المدنية ونعني بذلك الحرس الوطني الذي يتكفّل بمسك قوائم التجنيد وإعلام المعنيّين شخصيّا ومنحهم فترة من الوقت تمكّنهم من تصريف شؤونهم والإستعداد لتلبية النداء أو إعداد ملفّ التأجيل أو الإعقاء أو الانخراط في منظومة الخدمة المدنية (التعينات الفردية) . وبهذا الشكل تحصل للشاب المُطالب بالخدمة العسكرية نوع من الرافقة النفسية والمعرفية والإدارية تمكّنه من تلبية النداء بكلّ تلقائية بل وبكلّ تحفّز...


إنّ هذه الإجراءات وغيرها التي نعتقد أنّ إطارات الجيش الوطني قادرة على استنباطها، من شأنها أن تجعل الشاب يستبطن صورة إيجابية وبنّاءة عن الواجب العسكري ويستعدّ لتلبية النداء بكلّ تلقائية. وحيث أنّه لا بدّ من سنّ إجراءات زجرية بحق المتهرّبين من تأدية الواجب ، فلا بدّ أيضا أن يستبطن الشاب صرامة هذه الإجراءات وعدالة تطبيقها . فالخدمة الوطنية واجب على كل شاب إلاّ من استثناه فانون عادل وشفّاف ، والإخلال بهذا الواجب له ثمن يحدّده فانون واضح وشفّاف ، على كلّ مخلّ دفعه مهما كان مركزه الاجتماعي أو وسطه العائلي.


هكذا وهكذا فقط نتخلّص من ظاهرة " الرافل" الذي عادة ما تطغى عليه الصبغة الاستعراضية ، وتتفرّغ مصالح الشرطة للقيام بالمهام المناطة بعهدتها في تطبيق القانون والسهر على أمن المواطن وراحته.

أ.و

PS : La caricature qui accompagne la note a été empruntée au blog DébaTunisie avec l'autorisation de l'auteur

lundi 8 juin 2009

A la suite des attaques de M. Bsaiess et d’autres. Pourquoi la candidature d’Ahmed Brahim dérange-t-elle autant ?

Dans une chronique intitulée Non aux pleurnicheries, oui au travail !, M. Bsaiess, brillant chroniqueur à Assabah et habile avocat, sur des chaînes satellitaires arabes, de causes assez délicates, s’est attelé à discréditer la démarche du candidat aux présidentielles, M. Ahmed Brahim et, accessoirement, à s’en moquer, en ironisant à son propos. Comme le montre le titre de sa chronique, il invite le candidat à cesser de «se plaindre» des conditions inéquitables de la bataille électorale, surtout concernant l’accès aux médias nationaux, et à «travailler plus» pour renforcer son parti et l’opposition en général. C’est son droit le plus absolu et c’est, à la limite, de bonne guerre. Sauf que, cette fois, M. Bsaiess n’est pas aussi convaincant que d’habitude. Car, les arguments qu’il nous sert pour étayer sa thèse sont faibles, pour ne pas dire irrecevables.

Ainsi, à le croire, M. Brahim n’a pas le droit d’accéder à la télévision et à la radio nationales, cela n’étant possible que durant les quinze jours de la campagne électorale officielle. Et ce, contrairement au candidat sortant, dont les activités seraient couvertes «en sa qualité de président de la république». Or, doit-on rappeler à M. Bsaiess que les médias nationaux sont censés couvrir régulièrement les activités des partis de l’opposition mais qu’ils le font de manière extrêmement sélective en ne montrant que certains autres candidats aux présidentielles – sans doute, moins gênants? C’est toujours le même argument qu’il nous sort pour justifier l’interdiction d’accrocher une affiche de M. Brahim sur le balcon du local d’Ettajdid. Il faut veiller, à le lire, au respect de la loi. Ce ne sera possible que durant ces fameux quinze jours de campagne officielle. Or, il suffirait à M. Bsaiess de faire un petit tour en ville pour voire des centaines d’affiches du candidat Ben Ali, faisant clairement référence à l’échéance électorale de 2009. Et il pourrait difficilement nous convaincre que la vocation de ces affiches, c’est la couverture de l’activité présidentielle… !

En fait, ce qui précède montre bien que ce que M. Bsaiess appelle «pleurnicher», c’est, au fond, le fait de revendiquer un traitement sur le même pied d’égalité de tous les candidats à l’élection présidentielle. C’est là que gît le scandale, le péché originel, de la candidature d’Ahmed Brahim et que d’aucuns ne sont pas prêts à accepter !! Car cela heurte profondément leur mentalité qui rejette le principe même d’une vraie compétition et qui n’admet, en fin de compte, en guise de candidats, que de simples comparses dans une pièce à la mise en scène bien rodée. Ainsi, cette petite mise au point, en apparence anodine, révèle, le fond du problème et l’origine de la gêne manifeste que suscite cette candidature – et M. Bsaiess a le mérite de ne pas l’éluder – il s’agit clairement de son intention d’assumer une candidature «d’égal à égal» avec le candidat sortant.

Certes, notre chroniqueur a beau jeu d’ironiser là-dessus, en faisant mine de croire que, par cette expression, M. Brahim parlait d’égalité dans les moyens matériels et humains. Non M. Bsaiess! Nous sommes particulièrement bien placés pour savoir que le candidat de la Moubadara n’a pas à sa disposition les moyens de l’administration, ni les bus de la TRANSTU (et les milliers de sandwichs destinés à rassasier leurs occupants enthousiastes, etc.). Non ! Il ne compte pas sur «les masses de travailleurs et de paysans brandissant des drapeaux rouges» – la couleur de la Moubadara, au demeurant, c’est le bleu et le discours de la gauche moderne que Ettajdid veut incarner ne ressemble pas à celui, facile et dogmatique, des années 60 et 70! En affirmant son intention d’entrer avec le candidat du parti au pouvoir dans une compétition d’égal à égal, Ahmed Brahim dit aux Tunisiens qu’il n’entend nullement faire de la figuration ou, comme d’autres, défendre une «candidature pédagogique» ou encore «se battre pour la deuxième place». L’expression D’égal à égal veut aussi dire que sa candidature est porteuse d’un programme, pour les Tunisiens avides de changement, tout aussi respectable, sinon plus attrayant, que celui du statu quo et de l’éternel retour du même.

Pour conclure, on peut dire qu’il est clair que notre chroniqueur n’est pas à son aise cette fois. Sans doute, à sa décharge, est-il plus performant dans les figures libres que dans les figures imposées… Toujours est-il que la récente multiplication des attaques contre Ahmed Brahim et sa volonté de mener une compétition d’égal à égal avec le candidat officiel le révèle, paradoxalement, à l’opinion publique comme un candidat crédible et digne d’intérêt. Puissent ces attaques continuer… De ce point de vue, elles sont les bienvenues !

Baccar Gherib

dimanche 7 juin 2009

Les tribulations d’un citoyen qui ne voulait pas voter RCD en 2004

Automne 2004. J’ai 55 ans. Je suis marié et j’ai deux enfants. Je suis un entrepreneur et mon affaire marche. Je vis donc dans une certaine aisance. Tout pour être heureux, diriez-vous, et pour voter pour le parti au pouvoir et son candidat aux présidentielles. Eh bien, non ! Je ne suis pas politisé, encore moins opposant, mais j’avais l’intime conviction qu’en votant pour l’opposition, je rendais service au pays et, d’une certaine façon, au régime lui-même…

Je me réveille, donc, le jour des élections, bien décidé à voter pour l’opposition aussi bien aux législatives qu’aux présidentielles. Plus facile à dire qu’à faire !

Nous votions, mon épouse et moi, dans deux bureaux différents à El Menzah. Je l’accompagne, d’abord, à son bureau de vote. Je l’attends dans la voiture une dizaine de minutes. A son retour, je lui demande « Pour qui as-tu voté ? ». Elle répond sereinement « Pour Ben Ali, bien sûr ! ». Je ne dis rien et je prends la direction de mon bureau de vote.

J’entre à l’école, puis dans la classe où a lieu le vote. Et, premier acte héroïque, je prends les feuilles des quatre candidats aux présidentielles et les listes de tous les partis pour les législatives. Puis j’entre dans l’isoloir. Je croyais que le plus dur était fait ! Or, dans l’isoloir, il n’y avait pas de table sur laquelle disposer toutes les feuilles que j’ai amenées avec moi ! Le stress est monté d’un cran. Je ne sais pas comment m’y prendre. Les battements de mon cœur s’accélèrent et la sueur dégouline de mon front. Enfin, pour pouvoir mettre la feuille de mon choix dans l’enveloppe, je tiens toutes les autres entre mes dents. Je la plie en deux, mais elle est encore trop grande pour l’enveloppe. Je stresse encore plus, car je ne veux pas attirer l’attention par le temps que je passe dans l’isoloir. Finalement, la feuille entre dans l’enveloppe et là, je m’aperçois que celle-ci est transparente et que, sans l’ouvrir, on devine la couleur de la feuille. J’ai presque failli tout laisser tomber. Mais, dans un dernier sursaut de courage, je sors de l’isoloir, tout tremblant et suant, en essayant, tant bien que mal, de cacher les deux enveloppes dans ma main et le reste des feuilles dans mon caleçon. Je glisse les enveloppes dans leurs urnes respectives, je signe et je sors, presque en courant. Ouf !! C’est la délivrance… Du moins, je le croyais.

Car les deux feuilles rouges, que j’avais encore sur moi, représentaient la preuve matérielle que j’avais voté pour l’opposition. Il fallait les faire disparaître. J’ai pensé les découper en petits morceaux et les jeter à la poubelle, mais je me suis ravisé : le gardien de l’immeuble pouvait les trouver et me dénoncer. Je prends mon mal en patience et j’attends la nuit. Prétextant l’achat de cigarettes, je sors. Je prends ma voiture et, dans une rue déserte et sombre, je tire les feuilles de ma poche, je les broie entre mes mains et je les jette dehors. Ouf !! Cette fois, c’est vraiment fini. J’achète les cigarettes dont je n’avais pas besoin. Je rentre pour dormir après cette journée éprouvante pour mes nerfs et pour reprendre mon statut de citoyen au-dessus de tout soupçon.
Ça a été dur, mais j’ai agi selon ma conscience. Je croyais que la page était vraiment tournée, jusqu’au jour où, ouvrant la boîte à gants de ma voiture, je découvris avec stupeur… deux autres feuilles rouges ?!

Moralité(s) de l’histoire : 1) Il n’est pas facile de voter pour l’opposition dans ce pays. 2) Mon épouse m’a menti. 3) Elle a démontré, dans cette affaire, plus de sang-froid que moi.

Mohamed Ettounsi

samedi 6 juin 2009

A travers la blogosphère #10 : spéciale "1er juin, journée de la blogosphère pour le Maghreb"

Le 1er juin de chaque année est un jour particulier pour la blogosphère tunisienne. C'est le jour où on blogue pour le Maghreb ! Pour vivre son rêve maghrébin mais aussi exprimer sa frustration, ses coups de gueule... et ses espoirs déçus par un projet rendu factice par l'absence d'une véritable volonté politique…

Djebel nous fait partager son rêve d'union pour le Maghreb. Une union qui tire sa force, pour lui, de la grandeur d'un Maghreb transcendant les ethnies et les religions qui le composent. Le Maghreb est grand par "la richesse de ses couleurs, de ses cultures, de ses religions…", "l'intelligence de ses femmes et ses hommes" et son "histoire millénaire". Le Maghreb est grand aussi parce qu'il est multiple. Sa diversité, il la puise dans cette formidable "mosaïque de bédouins, (…), de berbères, de chleuhs, de kabyles, d'arabes, d'africains, d'européens, de musulmans, de chrétiens, de juifs (…) et de non-croyants". Tous sont unis par "un profond sentiment d'appartenance" et par les "rêves et les aspirations" communs et nul ne parviendra jamais, selon le blogueur, à les diviser.


Le rêve de Maghreb de Kissa Online épouse la forme d'un manifeste politique où le blogueur nous fait par de ses aspirations citoyennes et développe sa propre vision d'un Maghreb démocratique et souverain, égalitaire et respectueux de sa diversité culturelle, solidaire de ses citoyens et protecteur de son environnement écologique.



"Je le veux un Maghreb uni ;
où les citoyens jouissent de la totalité de leurs libertés politiques (association, mani-festation, expression, élections démocratiques et transparentes) ;
où la femme jouit des même droits que de l'homme et participe à la gestion des affai-res publiques ;
où la volonté politique des gouvernements est indépendante de l'hégémonie étran-gère ;
orgueilleux et protecteur de sa diversité culturelle ;
solidaire des mouvements de libération nationale et des combats pour la justice so-ciale dans le monde ;
fier de sa jeunesse ;
qui protège et sauvegarde l'environnement écologique"

PS : la photo de la jeune berbère a été empruntée au blog Djebel

Hédi Ben Smail

mercredi 3 juin 2009

Dans une interview à Libération. Eric Hobsbawm revient sur le retour de Marx et sur la crise

Par ces temps de crises, de pertes de repères, de doutes et d’inquiétudes, il est toujours utile d’aller consulter nos vieux sages. C’est ce qu’a fait le journal Libération, dans sa livraison du 24 mai dernier, en interrogeant le célèbre historien marxiste Eric Hobsbawm à propos, justement, du regain de vigueur de la pensée de Marx et de l’idéal égalitaire.

L’historien britannique s’explique facilement ce retour car, pour lui, et contrairement à l’économie standard, Marx pense que l’essence du capitalisme n’est pas la stabilité, mais la crise. Il est, dès lors, tout à fait compréhensible que son spectre réapparaisse à la faveur des récents troubles de l’économie capitaliste mondialisée. D’ailleurs, la principale leçon que l’historien nous invite à retenir de cette crise, c’est la faillite du modèle du laisser-faire, selon lequel la libre poursuite d’intérêts rationnels finit par aboutir, grâce aux mécanismes du marché, à un ordre harmonieux. Cette faillite de la version extrême du capitalisme n’est pas sans rappeler celle de la version extrême du socialisme (l’étatisme), il y a vingt ans. Pour cela, Hobsbawm estime qu’il faut dépasser l’ancienne opposition entre marché et planification, car nos économies sont désormais condamnées à être des économies mixtes. Ainsi, la phase actuelle est particulièrement passionnante car, à l’image des années 1929-1933, elle est celle où les hommes devront inventer de nouveaux modèles pour mieux gérer leur vivre ensemble. Alors, vivement, le nouveau Roosevelt et le nouveau Keynes !!

B. Gh.

mardi 2 juin 2009

Madame la Ministre et Sofien Show

Dans un article publié il y a quelques semaines dans la partie en arabe d’Attariq Aljadid, notre confrère Taoufik Ayachi s’inquiétait des conséquences néfastes que le programme Sofien Show pouvait avoir sur la psychologie des enfants – aussi bien ceux qui y participent que ceux qui la regardent. Et il a tiré la sonnette d’alarme. En effet, on n’a pas besoin d’être un pédopsychiatre averti pour voir l’aspect malsain et déstructurant pour l’équilibre des enfants de cette émission dont la philosophie est de les habiller et de les maquiller en vue de leur faire adopter des postures d’adultes.

Cette critique de simple bon sens adoptée par plusieurs familles tunisiennes qui ont pu suivre le programme a été exprimée, lors d’une conférence de presse, par un membre du gouvernement, Mme Kanoun Jarraya, ministre de la famille et de l’enfance. Celle-ci a, selon le site Ettounsia, affirmé son opposition à ce programme qui représente une véritable menace sur la santé mentale et comportementale des enfants. Elle aurait même rédigé un rapport sur la question, demandant l’arrêt de ce programme. Tout simplement. Sa demande est, toutefois, restée lettre morte à cause, dit-elle, de la primauté, dans notre pays, du sacro-saint principe de la liberté d’expression (sic). On pourrait aussi penser que c’est peut-être dû à l’action d’une plante du désert toute recouverte d’épines… Car, qui s’y frotte, s’y pique ! Bon courage, Mme la Ministre !

Boubaker Jridi

lundi 1 juin 2009

A propos d’une conférence de Béatrice Hibou : tous plus ou moins complices ?

Deux récents ouvrages de première importance se sont penchés sur le système politique tunisien en se proposant de comprendre le secret de sa longévité, de sa stabilité ou, mieux, de son inertie. Il s’agit de celui de V. Geisser et M. Camau, Le syndrome autoritaire : politique en Tunisie, de Bourguiba à Ben Ali et celui de B. Hibou, La Force de l’obéissance : économie politique de la répression en Tunisie. Si le premier ouvrage s’inscrit dans une approche de sociologie politique plutôt classique, le second se veut, par contre, porteur d’une démarche novatrice, essayant d’expliquer la formidable inertie du système politique par son imbrication intime à l’économique. Ainsi, c’est bien à une économie politique de l’autoritarisme en Tunisie que nous convie Béatrice Hibou dans son ouvrage dont elle a repris les principales thèses dans une récente conférence*.

L’originalité de la thèse de la politologue française consiste justement à dévoiler ce qui, dans les relations économiques, «façonne l’obéissance, voire l’adhésion». Il s’agit, dès lors, de scruter les dispositifs et les mécanismes, qui tissent des «relations de dépendance mutuelle entre dirigeants et dirigés», tels que la fiscalité, la gestion des privatisations, l’endettement des ménages et l’organisation de la solidarité. D’où l’importance des petits arrangements et accommodements, certes «indolores», mais qui finissent, à travers des «compromissions au jour le jour», par faire système et par neutraliser (voire obtenir l’allégeance de) la très grande majorité de la population. Ces mécanismes, fort efficaces, sont étudiés à travers trois exemples : celui de la collecte des dons (obligatoires !) pour le 26-26, celui des crédits à la consommation et, enfin, celui de la fiscalité.

Ainsi, et comme le souligne B. Hibou, la compréhension des mécanismes d’alimentation du fonds 26-26 est fondamentale, moins par le poids financier de celui-ci, somme toute négligeable, que par sa symbolique, en ce qu’elle illustre à la perfection cette «économie politique de la servitude volontaire». En effet, pour la conférencière, les acteurs économiques estiment qu’un défaut de paiement les expose à des ennuis (contrôle fiscal, perte de contrats, etc.). De même, la collecte, pour les salariés, s’inscrit dans des relations hiérarchiques (il est toujours difficile de refuser la demande – ou l’ordre – de son supérieur hiérarchique). Ainsi, adhéreront à cette opération, en général, ceux qui fuient les ennuis et ceux qui cherchent une protection de la part du pouvoir politique. Le dispositif est à la fois efficace et révélateur de la logique du système : les craintes ou les ambitions des acteurs les poussent à faire allégeance au pouvoir. Ce n’est pas un hasard, nous rappelle Béatrice Hibou, que seules les entreprises qui n’ont absolument rien à se reprocher en termes de fiscalité et de paiement des cotisations sociales, etc., se permettent de snober le 26-26.

Pour ce qui est du boom des crédits à la consommation qui favorisent un endettement excessif des ménages et, par là même, participent à l’asphyxie des citoyens et leur dépolitisation, la conférencière élude la théorie simpliste du complot qui en fait une machination du pouvoir. Car, elle y voit l’effet de l’activisme commercial des sociétés de vente de biens de consommation durable dans le contexte à la fois d’une forte demande et d’une solvabilité restreinte. Elle remarque, toutefois, que les dispositifs du pouvoir n’ont pas manqué de s’insérer dans ces nouvelles dynamiques économiques, financières et sociales.

Enfin, Hibou souligne que, en Tunisie, la fiscalité est «un objet de négociation entre entreprises et autorités». Les faveurs financières s’échangeant contre une allégeance politique.

Ces trois exemples montrent bien l’imbrication intime entre le politique et l’économique ou, mieux, entre la servitude et les petits arrangements économiques, bref, les petites compromissions politiques routinières en vue de gains économiques. Pour que ce système marche et perdure, il faut un appareil politique dont les ramifications arrivent aux recoins les plus reculés du pays et de la société et des citoyens prompts aux compromis (et aux compromissions !). Ce mécanisme fait en sorte que tout le monde est plus ou moins emprisonné dans la toile des arrangements et des instrumentalisations réciproques et explique finalement pourquoi la demande de changement, la demande démocratique, soit si faible, voire marginale, en Tunisie. Ainsi, pour Hibou, chacun participe, d’une manière non consciente, à la reproduction du système qui le contraint. Pour cela, il n’y a nul besoin d’une répression violente. En conclusion, elle fait donc sienne, concernant la caractérisation du système politique en Tunisie, l’expression qui a donné son titre à un recueil d’articles, il y a quelques années… «Une si douce dictature».

Baccar Gherib

* Une transcription de la conférence de Béatrice Hibou, donnée le 4 décembre 2008 à la Maison Fraternelle à Paris, est disponible sur tuniblogs.com/post/la-force-de-l-ob-issance-conf-rence-de-madame-b-atrice- hibou-p45794.html