samedi 26 décembre 2009

Mémoire Nationale : Le documentaire d’Aljazeera fait la lumière sur l’assassinat de Hached

Le 18 décembre dernier, Aljazeera wathâiqî a diffusé un très intéressant documentaire sur l’assassinat de Farhat Hached qui a recouru aussi bien aux témoignages d’acteurs contemporains de cet épisode douloureux de notre histoire moderne qu’aux lumières d’historiens tunisiens. Ce travail de mémoire initié par Aljazeera – et qui, normalement, aurait dû échoir à notre télévision nationale – a eu le mérite d’apporter de nouveaux éclairages sur les responsables et les commanditaires de l’assassinat et ce, en interviewant Antoine Méléro, agent de l’organisation de sinistre mémoire : La Main Rouge.

Dans ses réponses, en effet, Méléro avoue sans états d’âmes la responsabilité de son organisation dans le meurtre de Hached qu’il assume, voire revendique, clairement. Mieux, il ne fait pas mystère des liens entre La Main Rouge et les autorités françaises de l’époque. Ainsi, la thèse qui a été développée, il y a 55 ans, par le Mouvement National dans toutes ses composantes, se trouve aujourd’hui établie et vérifiée.

Ce faisant, ce documentaire peut relancer le débat sur l’histoire du mouvement national en Tunisie et pousser universitaires et intellectuels à approfondir les connaissances de cette phase clé de notre histoire moderne.

vendredi 25 décembre 2009

Note blanche


POUR LA LIBERTE D'EXPRESSION ET D'INFORMATION, CONTRE LA CENSURE!

Après la Tunisie, le Koweït refoule Nasr Hamed Abouzid !

La scène intellectuelle arabe est fortement secouée depuis quelques jours par le refoulement, par les autorités du Koweït, du penseur égyptien Nasr Hamed Abouzid qui devait y donner deux conférences à l’invitation du centre culturel (tanwir) et de l’Association Culturelle des Femmes. Une pétition de solidarité et de soutien à ce grand penseur a même été lancée sur la toile qui accuse le gouvernement koweïtien d’avoir cédé aux forces rétrogrades du pays. Elle estime, par ailleurs, que cet acte traduit un grand pas en arrière de la société arabe en général et de celle du Koweït en particulier. Il est à rappeler qu’en mars dernier, les autorités tunisiennes avaient refusé à Abouzid l’entrée en Tunisie alors qu’il y était invité à l’occasion d’un colloque sur « Droit, pouvoir et religion ». Mais, à l’époque, ce refoulement n’avait pas soulevé les mêmes passions et était passé pratiquement inaperçu.

Des étudiants de l’UGET condamnés à de lourdes peines de prison

A la suite des événements survenus au début du mois de novembre dernier à la résidence universitaire al-Bassatine à la Manouba, le Tribunal de première instance de la Manouba a condamné 17 étudiants à de lourdes peines de prison et a prononcé un non lieu pour trois autres. Cinq étudiants se voient condamnés à des peines entre 37 mois et 26 mois de prison ferme pour : « entrave à la liberté de travail, vol simple, dégradation de biens d’autrui, tapage… ». Parmi les condamnés figurent quatre étudiantes qui écopent, chacune, de 12 mois de prison.

L’audience du 14 décembre avait été perturbée par la tentative de faire taire par la force, en pleine audience, les étudiants qui dénonçaient les sévices et les actes de torture qu’ils auraient subis pendant leur détention, et la salle, y compris les avocats, a été évacuée par la police.

Le Comité de soutien aux militants de l’UGET créé à cette fin « exprime toute sa solidarité avec les étudiants et militants syndicaux victimes à la fois de l’injustice sociale et de la répression autoritaire… et renouvelle son appel pour la libération de tous les militants emprisonnés, l’arrêt de toutes les poursuites judiciaires engagées contre les militants de l’UGET… l’arrêt de toutes les formes de répression contre l’UGET… ».

Une pétition de solidarité avec les étudiants de l’UGET condamnés circule actuellement et les signatures peuvent être adressées à l’adresse : uget.petition@gmail.com

Zaghouan : 650 familles sacrifiées sur l’autel de la délocalisation

L’équipementier automobile suédois Autoliv, numéro un mondial des airbags et des ceintures de sécurité, vient d’annoncer la fermeture de son usine d’assemblage de ceintures de sécurité implantée à Hammam Zriba (Gouvernorat de Zaghouan) et son transfert en Turquie. Cette décision est justifiée par les difficultés auxquelles est actuellement confrontée l’industrie automobile mondiale. Pourtant, après trois trimestres de pertes, Autoliv, a annoncé, octobre dernier, avoir dégagé un bénéfice net de 26,2 millions d’Euros.

Toujours est-il que cette délocalisation inattendue frappe de plein fouet les 650 employés de l’usine et leurs familles ainsi que toute l’activité économique qui est tributaire de l’existence de l’usine et des rémunérations qu’elle distribuait. Elle fait de Hammam Zriba un village sinistré qui attend, avec anxiété, les mesures que prendront les autorités en tant que plan de sauvetage.

lundi 21 décembre 2009

La question des classes sociales aujourd’hui

Voilà une notion sulfureuse, éminemment politique, qu’on pensait définitivement enterrée et irrémédiablement condamnée, car idéologique et datée! Depuis l’avènement des années quatre-vingt, en effet, peu de sociologues sérieux osent parler de classes sociales, encore moins du sujet poussiéreux de leurs luttes hypothétiques. C’est comme si un accord était apparu parmi les membres de la profession sur la «fin des classes sociales». Car des évolutions auraient eu lieu dans nos sociétés post-modernes et auraient rendu cette catégorie incapable de saisir leurs logiques de fonctionnement et de transformation. Pourtant, depuis quelques années en France, un sociologue (Louis Chauvel) et un économiste (Thomas Piketty) travaillent patiemment, et à contre-courant pour ainsi dire, sur les inégalités économiques, éducatives et culturelles dans la société française. Et le résultat est là, bien tangible : non seulement les inégalités existent, mais elles sont structurées et elles s’approfondissent ! Or, c’est justement le fait que les inégalités soient structurées qui remet à l’ordre du jour la catégorie de classe sociale et autorise les sociologues à l’interroger de nouveau. C’est ce que fait Chauvel dans un texte fondamental publié en 2001 dans la revue de l’OFCE et intitulé justement Vers le retour des classes sociales ? Nous présentons ci-dessous l’essentiel de ces réflexions. Nous nous proposons, d’abord, de revenir sur le lieu commun de la fin des classes sociales et d’expliquer l’évolution qui les a, en quelque sorte, réactivées, de souligner, ensuite, le phénomène des inégalités d’aujourd’hui et, de nous interroger, enfin, sur l’éventuelle portée de cette problématique chez nous, en Tunisie.

Fin des classes sociales ?

La thèse n’est pas tout à fait neuve. Elle date des travaux du sociologue américain R. Nisbet de la fin des années 50 qui l’ont justifiée par la diffusion du pouvoir, l’extension du tertiaire (où se dilue la notion de classe) et l’élévation du niveau de vie. A cette thèse classique se sont ajoutées, cependant, des approches contemporaines qui justifient la fin des classes par le phénomène des fragmentations économiques et symboliques [1] . Les premières auraient réduit les différences entre les classes, tout en les approfondissant au sein de chacune d’elles. Quant aux secondes, elles auraient fortement déstabilisé l’identité collective classique par l’émergence de nouvelles identités et des combats pour la reconnaissance qui transcendent les classes (du type, homosexuels ou hétérosexuels, fumeurs ou non, féministes ou non…). A ces deux dimensions, on doit ajouter une importante évolution idéologique : un discours (nouveau?) sur la reconnaissance de l’individu et sa centralité a éclipsé celui (ancien) sur la primauté des intérêts collectifs.

Pour revenir à la dimension économique, toutefois, il est indéniable que la phase des «Trente Glorieuses», par la forte croissance qui l’a caractérisée et le partage équitable dont celle-ci a fait l’objet, a fortement contribué à atténuer les inégalités économiques et à renforcer, notamment, la classe moyenne. C’est d’ailleurs l’extension de cette dernière au point d’inclure «deux Français sur trois», selon la célèbre formule de Giscard, qui aurait contribué à la fin d’un système basé sur les antagonismes de classes et à promouvoir la vision en termes de classement ou de compétition entre individus.

Seulement l’histoire des sociétés humaines est loin d’être un long fleuve tranquille. Elle n’est surtout pas le siège d’une évolution linéaire. Et ce mouvement de croissance, porteur d’une limitation des inégalités – que des historiens américains ont identifié par l’expression imagée de « la grande compression » – ne s’est pas poursuivi. Il y a eu une inflexion à la fin des années soixante-dix et aux Trente Glorieuses ont succédé les «Trente Piteuses», pour reprendre le titre d’un livre de N. Baverez, avec ralentissement de la croissance et réapparition d’un chômage de masse. Cet essoufflement de la croissance s’est aussi accompagné par le retour en force de politiques économiques libérales, par une déstructuration de l’Etat Providence et par l’apparition, dès les années 90, d'«une foi démesurée dans le marché autorégulé et un sentiment d’impunité absolue parmi les élites économiques et financières»[2].

Or, il ne s’agit pas là d’un simple retournement de la conjoncture, mais d’une transformation structurelle de nos économies (à l’œuvre depuis les années quatre-vingt et qui s’est accentuée depuis la chute du mur de Berlin) qui nous a insensiblement menés d’un capitalisme salarial, plus ou moins maîtrisé et policé, à un capitalisme patrimonial[3], beaucoup plus brutal, en tout cas, nettement plus inégalitaire.

Le retour des inégalités

Dès lors, et comme le souligne Chauvel, le retour des inégalités structurées est dû à l’effritement de la société salariale comme modèle, avec sa hiérarchie maîtrisée, ses changements stabilisés, ses revenus régulés et ses droits sociaux. Aujourd’hui, «les droits vont de plus en plus dépendre d’une capacité à épargner» et «dans cette société patrimoniale, la répartition du revenu est amenée à s’étirer entre les deux extrémités», et la classe moyenne, notamment, y est fortement menacée, car elle est «consubstantielle à la société salariale» (333). Et l’analyse de la répartition du revenu, comme les enquêtes sur la consommation des différentes catégories socioprofessionnelles ou l’étude des chances de réussite à l’école des enfants de chacune d’elles, en France sur les vingt dernières années, sont éloquentes : les classes sociales sont bel et bien là!

Ainsi, les écarts s’approfondissent entre catégories populaires (ouvriers et employés) et cadres, par exemple. Mieux même, la nette baisse de la croissance des salaires des premiers fait en sorte que le «temps de rattrapage» (qui estime le nombre d’années nécessaires à l’ouvrier pour atteindre le revenu d’un cadre) s’est nettement allongé : d’une génération (30 ans) dans les années 70, il est passé à un siècle aujourd’hui. D’où un effet déprimant sur les classes populaires et leurs enfants qui ne peuvent plus espérer atteindre, dans un avenir proche, le niveau de vie des cadres d’aujourd’hui.

Si on ajoute à cela, la faible mobilité entre les différentes catégories sociales, la persistante inégalité des chances devant l’école (les enfants de cadres occupent les 80% des places dans les Grandes Ecoles), la forte homogamie (choisir son conjoint dans la même classe) et la forte différenciation dans les modèles de consommation, on ne peut que conclure à la permanence des frontières sociales et à leur faible porosité. Une dernière indication, enfin, sur l’approfondissement des inégalités porté par ce capitalisme patrimonial : sur les vingt dernières années, les salaires ont crû de 30%, tandis que les actifs patrimoniaux, comme, par exemple, le prix d’un mètre carré en location a crû, lui, de 135% (332). Il s’agit là, indéniablement, d’une profonde modification du rapport de forces entre salariés et détenteurs du capital. Ainsi, aux Etats-Unis, cette réactivation des inégalités a déjà abouti à la reconstitution d’une haute bourgeoisie possédante!

Toutefois, et comme le souligne Chauvel, il est clair que la réapparition au premier plan des inégalités structurées et des classes sociales n’a pas été accompagnée, en parallèle, par l’émergence d’une «conscience de classe». Ainsi, on n’a pas constaté un retour du sentiment d’appartenance, ni un renouveau de la mobilisation syndicale ou de l’action politique à travers des partis structurés (même si on peut aisément distinguer, en France, un vote populaire d’un vote bourgeois). Ce qui nous mène, paradoxalement, si l’on adopte la définition marxiste des classes sociales à conclure leur… disparition. Mais on ne peut préjuger de l’avenir et rien n’interdit de penser, si ce mouvement inégalitaire persiste, à un retour possible des classes sociales dans le champ politique (357).

Et chez nous ?

Il est tout à fait légitime, en effet, de s’interroger sur les évolutions qui sont à l’œuvre dans les structures économiques et sociales de notre pays, car à moins de vivre en autarcie (ce qui est loin d’être le cas de la Tunisie), on ne peut facilement échapper aux changements qui affectent l’économie mondiale et en particulier aux transformations du capitalisme. Ainsi, comme plusieurs pays, la Tunisie a vécu, à sa manière, les Trente Glorieuses et la phase de l’Etat Providence puis, avec un léger décalage (1986), le passage à une nouvelle conception du développement économique. D’ailleurs, en estimant que l’économie tunisienne a connu, d’abord, une «modernité socialiste» (1962-1986), à laquelle aurait succédé une «modernité libérale» (à partir de 1987), Chedly Ayari admet indirectement l’existence d’un point d’inflexion, sinon dans l’histoire du jeune Etat, du moins dans ses politiques économiques[4].

On peut, dès lors, s’interroger à propos de ce changement, sur ses effets sur la prospérité des différentes classes sociales ou catégories socioprofessionnelles et se demander si l’effritement de la société salariale est bien à l’œuvre chez nous. Toutefois, la réponse à ces questions n’est pas aussi aisée qu’il ne paraît à première vue. D’abord, parce qu’on ne dispose pas de données fiables relatives aux revenus et à la fiscalité, ni d’enquêtes sérieuses sur la consommation des ménages. Mais, surtout, parce que les classes sociales sont, ici, complètement évacuées par un discours sur la classe moyenne, son extension et sa bonne santé, qui sature l’espace médiatique. C’est ce discours qui a, désormais, remplacé celui, plus vieux, des «forces vives de la nation» destiné, lui aussi, à conjurer la charge conflictuelle de la notion de classes sociales. Car il est clair que la «formidable extension» de cette classe moyenne dont on nous rebat les oreilles est, d’une certaine manière, l’évocation d’une fin des classes sociales. Son extension est telle, aux dernières nouvelles, qu’elle risque bientôt d’englober toute la population du pays.

Or, cette prospérité de la classe moyenne tunisienne gagne à être interrogée pour, au moins, trois raisons. D’abord, une classe moyenne englobant plus de 80% de la population devrait logiquement mener à un nivellement des conditions et se traduire par une société fortement égalitaire. Or, l’observation, rapide il est vrai, évoquerait plutôt un accroissement continu des inégalités, à travers le sentiment de déclassement chez les enfants des classes moyennes des années soixante-dix et l’accroissement de leurs difficultés à maintenir un certain rythme de vie, tel qu’il a transparu, par exemple, dans un débat intéressant sur la blogosphère tunisienne[5].

D’un autre côté, le phénomène inquiétant du chômage des diplômés du supérieur (80 mille aujourd’hui) est contradictoire avec l’idéal méritocratique qui a été constitutif de la société salariale et de ses classes moyennes. Il n’est donc pas surprenant qu’apparaisse, chez les jeunes Tunisiens, à l’image de leurs congénères américains ou français, une réelle nostalgie pour la société de leurs parents. Par ailleurs, cette classe a vraisemblablement beaucoup recruté dans la fonction publique à l’ère de l’Etat Providence, et il est tout à fait attendu que cette catégorie cesse de croître avec une politique fondée sur la libéralisation et la privatisation.

Enfin, les rares chiffres dont nous disposons sur la répartition du revenu en Tunisie, tels que le rapport interdécile[6], (qui est de 6) n’évoquent pas une société particulièrement égalitaire (il est égal à 3 pour la Suède et 4 pour la France). Il en est de même quand on constate l’explosion inédite des revenus des 1%, voire des 0,1%, les plus riches[7].

Tout ce qui précède devrait nous amener à déconstruire ce discours lénifiant sur cette classe moyenne pléthorique et à essayer de cerner sa portée mystificatrice et, à la limite, incantatoire. Ce travail de déconstruction est le préalable à un sérieux diagnostic sur l’état et l’évolution des différentes classes sociales en Tunisie.

Baccar Gherib
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[1] Louis Chauvel, Le retour des classes sociales ?, Revue de l’OFCE, octobre 2001.
[2] Thomas Piketty, Penser le capitalisme au 21ème siècle, Le Monde du 29 avril 2009.
[3] Olivier Mongin, Du capitalisme fordiste au capitalisme patrimonial, Esprit, novembre, 1998.
[4] Chedly Ayari, Le système de développement tunisien, CPU, 2003.
[5] http://coeos.wordpress.com/2009/08/07/le-mythe-de-la-classe-moyenne-en-tunisie/
[6] Il s’agit du rapport entre le revenu de la tranche inférieure du 10ème décile (les 10% les plus riches) et la tranche supérieure du 1er décile (les 10% les plus pauvres).
[7] M. Ben Romdhane, 1987-2007 : le bilan économique et social, Attariq Aljadid, déc. 2007.

dimanche 20 décembre 2009

«Blocus» des locaux d’Attariq!

Lundi dernier, vers 11heures, une vingtaine de policiers en civil ont brusquement entouré les locaux de notre journal, nous laissant stupéfaits par un tel déploiement de force dont nous ne voyions pas la raison. Nous avons bientôt été «éclairés»: peu de temps après, les journalistes Neji Bghouri et Lotfi Hajji ont été empêchés d’accéder à nos locaux; quant à M. Khemaïs Chammari (qui continue, par ailleurs, à subir un véritable harcèlement à l’aéroport de Tunis à chacune de ses entrées), il a vu son taxi stoppé par la police plusieurs centaines de mètres avant nos locaux et il lui a été signifié qu’il n’avait pas le droit d’aller plus loin !!Quelles sont donc les raisons de ce « blocus » intolérable (qui a, cette fois-ci, épargné la rédaction de notre journal) ?

Il semble que les autorités aient reçu l’information qu’une réunion de la «Commission pour la défense de la liberté d’expression et la liberté de la presse» (une commission de vingt membres qui avait été constituée la semaine dernière par les trois journaux de l’opposition, à l’appel de nombreux intellectuels, et qui n’a besoin d’aucune «reconnaissance légale», vu son caractère provisoire, agissant dans le cadre de la coordination entre trois journaux qui, eux, sont légaux) allait avoir lieu dans nos locaux ce jour-là. Sauf que…l’information était tout bonnement fausse! Encore un signe de la nervosité excessive dont font preuve ces jours-ci les autorités vis-à-vis de toute voix différente!

Nous souhaitons, quant à nous, que cet accès de nervosité ne dure pas plus longtemps, car cela n’est ni efficace ni justifié : notre activité s’inscrit clairement et strictement, nous le disons encore une fois, dans le cadre de l’information indépendante et de la défense de la liberté de la presse en général, et de l’opposition plus particulièrement – une défense ferme, résolue, mais en même temps calme et réfléchie, dans le cadre de la légalité. Il n’y a donc, selon nous, aucune raison, ni aucun intérêt, à prolonger une tension qui ne peut que compliquer la situation.

vendredi 11 décembre 2009

نداء من أجل الدفاع عن حرية التعبير والإعلام في تونس






  1. أحلام بلحاج
  1. أحمد إبراهيم
  1. أحمد بوعزي
  1. أحمد نجيب الشابي
  1. أحمد ونيس
  1. أنور بن قدور
  1. بسام بونني
  2. بشرى بلحاج حميدة
  1. بشير واردة
  1. بكار غريب
  1. توفيق الشماري
  1. جلول عزونة
  1. جليلة بكار
  1. جنيدي عبد الجواد
  1. حاتم الشعبوني
  1. حاتم بن ميلاد
  1. الحبيب الحمدوني
  1. الحبيب القزدغلي
  1. حفيظة شقير
  1. حمادي الرديسي
  1. خديجة الشريف
  1. خليل الزاوية
  1. خميس الشماري
  2. رؤوف حمزة
  1. راضية النصراوي
  1. راضية بلحاج زكري
  1. رشاد الحاج سالم
  1. رشيد خشانة
  1. رضا بلحاج
  1. زياد الهاني
  1. سعاد التريكي
  1. سعيدة العكرمي
  1. سكينة عبد الصمد
  1. سمير الطيب
  1. سمير القلصي
  1. سناء بن عاشور
  1. سهام بن سدرين
  1. الشاذلي سوقة
  1. شوقي الطبيب
  1. صالح الفورتي
  1. صفية فرحات
  1. عادل الثابتي
  1. عادل الشاوش
  1. عبد الجليل البدوي
  1. عبد الرؤوف العيادي
  1. عبد الرحمان الهذيلي
  1. عبد الرزاق الكيلاني
  1. عبد الستار بن موسى
  1. عبد اللطيف عبيد
  1. عبد المجيد الشرفي
  1. عبد المجيد المسلمي
  1. العربي شويخة
  1. عصام الشابي
  1. علي المحجوبي
  1. علي بن سالم
  1. عمر الغدامسي
  1. عمر المستيري
  1. عياشي الهمامي
  1. عياض بن عاشور
  1. فتحي التوزري
  1. فتحي بلحاج يحيى
  1. قلسم الشريف
  1. كمال العبيدي
  1. لطفي حجي
  1. لطيفة لخضر
  2. ليلى تميم
  1. مالك كفيف
  1. محمد البصيري بوعبدلي
  1. محمد الحبيب بلهادي
  1. محمد العيادي
  1. محمد القوماني
  1. محمد النوري
  1. محمد جمور
  1. محمد صالح الخريجي
  1. محمد صالح فليس
  1. محمد عبو
  1. محمد علي الحلواني
  1. محمد كريشان
  1. محمد هشام بوعتور
  1. محمود بن رمضان
  1. مختار الطريفي
  1. مراد الحاجي
  1. مسعود الرمضاني
  1. مصطفى التليلي
  1. مصطفى بن جعفر
  1. مليكة حرشاني
  1. منجي اللوز
  1. منية قارصي
  1. مهدي عبد الجواد
  1. مولدي الرياحي
  1. مولدي الفاهم
  1. ميّة الجريبي
  1. نائلة جراد
  1. ناجي البغوري
  1. نادية الحكيمي
  1. نزهة بن محمد
  1. نزهة سكيك
  1. هادية جراد
  1. هالة عبد الجواد
  1. هشام سكيك

من أجل الدفاع عن حريّة التعبير والإعلام في تونس

شهدت أوضاع الحريات العامة في تونس مؤخرا، وخاصة حرية الصحافة والإعلام، تدهورا خطيرا. ويعاني الإعلام العمومي والخاص من توجيه الحكومة وسيطرتها. فنشر الصحف والدوريات وتملّكها غير حرّ، وهو يخضع للسلطة " التقديرية" المطلقة لوزير الداخلية. كما أن الحصول على تراخيص للبث الإذاعي والتلفزي لا يستند إلى أيّة شروط ومقاييس موضوعية، وإنما يتوقف على مدى القرب من مركز القرار، بما يكرس احتكار الدولة لهذا القطاع الحساس. أمّا على مستوى الإعلام الإلكتروني فإنه يصعب وجود موقع أو مدوّنة أو نشرية إلكترونية مستقلة لم تتعرض للغلق أو التدمير أو القرصنة، فضلا عن المضايقات الأمنية والملاحقات القضائية للمدوّنين.

وعموما تشكو وسائل الإعلام المختلفة، المستقلة والمعارضة، من تضييقات وعراقيل في مختلف مراحل عملها. وهو وضع أنتج إعلاما آحاديّا، جامدا ومتخلفا، لا يعكس التنوع الحقيقي لمجتمعنا ونخبه ولا يتناسب مع تضحيات المجموعة الوطنية منذ الاستقلال، ولا مع حاجتها للاستثمار في العلم والمعرفة. وهو إعلام يستبله المواطن التونسي ويستخف بذكائه، وقد تحول إلى أداة دعاية شمولية، مما أضر بمكانة تونس وجعلها تحتل ذيل قائمة البلدان في مجال احترام حرية الصحافة في مختلف تقارير المنظمات الدولية ذات المصداقية.

إن هذا الوضع قد ازداد سوءا وتدهورا في الأشهر الأخيرة، إذ عمدت السلطة قبيل الانتخابات الرئاسية والتشريعية إلى الانقلاب على النقابة الوطنية للصحفيين التونسيين، فكان ذلك إعلانا على أن الانتخابات ستجري في مناخ من الانغلاق والتضييق، تزامن مع اشتداد حملة الحزب الحاكم ضد معارضيه. وهي حملة كان الإعلام ساحتها الرئيسية وكان شعارها تخوين كل صوت مخالف. وهكذا حرم المواطن التونسي من حقه في الإطلاع على اختلاف البرامج والرؤى وتعددها.

وقد انخرطت بعض الصحف، تحت أنظار السلط المعنية وصمتها، في حملة لم يسبق لها مثيل من التشهير والسبّ ومسّ الأعراض ضد صحفيين مستقلين ونشطاء حقوقيين ومعارضين سياسيين وشخصيات مستقلة؛ وانحدرت هذه الصحف بالخطاب الإعلامي إلى درجة من الانحطاط الأخلاقي وذلك في تعارض صريح مع أخلاقيات المهنة الصحفية وقيمنا المجتمعية، وهي ممارسات أحدثت صدمة لدى الرأي العام الوطني لدعوتها صراحة إلى الكراهية والتباغض وصولا إلى حدّ التحريض على القتل، في توجّه واضح لإثارة الفتن.

وفي الوقت الذي يتطلع فيه التونسيون إلى مزيد من الانفراج والانفتاح، تصاعدت وتيرة استهداف الصحفيين والصحف، ووصلت إلى حد السجن والاختطاف والاعتداء الجسدي والمعنوي والملاحقة وحجز الصحف وتعطيل صدورها وتوزيعها. وإلى مزيد تهميش الكفاءات الصحفية داخل مؤسسات الإعلام، قصد ترهيب كل صوت مخالف وإخماده.


ومن منطلق إيمانهم بأن الإعلام الحرّ هو المدخل الرئيسي لأيّ إصلاح سياسي وبناء ديمقراطي وتنمية حقيقية. وأنه لا يمكن تحقيق التعددية السياسية والثقافية وإرساء مواطنة حقيقية في ظل إعلام موجه وآحادي ومنغلق؛

ووعيا منهم بخطورة وضع الصحافة والإعلام وحرية الرأي والتعبير في تونس؛

وانطلاقا من مسؤوليتهم نحو الوطن حاضرا ومستقبلا؛

وإدراكا منهم لحق المواطن التونسي في إعلام نزيه وحرّ يحترم ذكاءه ونضجه ويصون مكتسباته، ويدافع عن قيم الجمهورية، وكرامة الإنسان، ليكون سندا حقيقيا لاستقرار البلاد ونموّها؛

وباعتبار أن حرية الإعلام تمثل ضرورة وطنية عاجلة ومطلبا ملحّا لا يحتمل الإرجاء؛

فإن الموقّعين ينادون بتوحيد الجهود من أجل تطوير المشهد الإعلامي ببلادنا ورفع يد السلطة التنفيذية عنه. ويدعمون تأسيس " اللجنة الوطنية للدفاع عن حريّة التعبير والإعلام " التي تهدف إلى تقديم المقترحات والحلول لإرساء إعلام مستقل وتعددي وحرّ، وذلك بالعمل على:

* الإفراج عن الصحفيين المعتقلين وإيقاف كل أنواع الانتهاكات والتضييقات التي يتعرض لها العاملون في قطاع الإعلام.

* وضع حدّ لمحاصرة صحف المعارضة والصحف المستقلة.

* الإيقاف الفوري للحملات التشهيرية ضد الصحفيين والمعارضين والنشطاء الحقوقيين، التي اختصت بها صحف منفلتة من كل عقاب.

* وضع حد لتدخل السلطة في شؤون الهياكل المهنية المستقلة الممثلة للعاملين في القطاع، وتمكين النقابة الوطنية للصحفيين التونسيين من عقد مؤتمرها القانوني في كنف الاستقلالية.

* التعجيل بتنقيح القوانين المقيّدة لحرية الرأي والتعبيروالاجتماع، ورفع القيود عن حرية إصدار النشريات والدوريات ووضع حدّ لاحتكار البث الإذاعي والتلفزي.

* بعث هيكل مستقل للإشراف على قطاع الإعلام يكون ممثلا للإعلاميين وسائر الأطراف الفكرية والسياسية تمثيلا حقيقيا.