dimanche 31 mai 2009

A travers la blogosphère #9 : Ibn Khaldoun et "militantisme électronique"


Cette semaine, la blogosphère nous fait découvrir la face cachée d'Ibn Khaldoun et le "militantisme électronique".

A l'occasion de l'anniversaire de la naissance de Abderrahmane Ibn Khaldoun, le 27 mai 1332, Kissa Online nous fait découvrir une autre facette de cet illustre personnage qui a marqué son époque et représente pour beaucoup celui qui a jeté les fondements de ce qui est devenu ensuite la sociologie moderne. Louant d'abord les mérites indéniables du penseur, "le premier à avoir apporté des données matérielles (économiques et sociales) pour expliquer les phénomènes sociaux et politiques et à tenter de les cristalliser sous forme de règles générales", le blogueur ne manque pas de s'interroger sur la personnalité d'Ibn Khaldoun pour tenter de "clarifier ses opinions et leurs déterminants". Kissa Online dresse ensuite le portrait psychologique du personnage en citant le Dr. Jemâa Chikha qui évoque les nombreuses "particularités négatives" du sociologue "notamment politiques et morales" et un "comportement machiavélique" qui se combine avec sa grande maîtrise des tenants et des aboutissants du jeu politique de son époque. Le blogueur s'appuie également sur "les sources égyptiennes" qui tout en décrivant Ibn Khaldoun comme un être "affable, empreint de modestie, facile à vivre et solitaire", précisent toutefois que son "arrogance" prend le dessus dès qu'il détient un poste dans la magistrature. Politiquement, Ibn Khaldoun était "machiavélique". Pour parvenir au pouvoir, il était capable de "délation" et "fomentait des complots contre ses amis". Malgré son attachement à l'idée de justice, Ibn Khaldou n'hésitait pas à rappeler que "le gouvernant est d'essence divine" et que ses sujets lui doivent "obéissance" sous peine d'"être tués". Il professait également que "la plume et le sabre sont au service du gouvernant"…


Dans une note ironique, Eddou3aji tourne en dérision ce qu'il appelle le "militantisme électronique". Protestant contre le flot de pétitions qui "étouffent (sa) messagerie électronique" et pullulent sur Facebook, le blogueur émet de sérieux doutes sur le pouvoir d'un "clic de souris" à libérer "le militant congolais" qui croupit dans les geôles de l'oppresseur. Les pétitions, estime le blogueur, sont déjà peu efficaces dans les démocraties traditionnelles où elles sont détournées par les politiques à des fins électoralistes en servant à alimenter des discours populistes destinés à leur faire gagner les élections. Que dire alors des "nos" démocraties… Le blogueur dénonce ensuite le "militant pantouflard" confortablement installé "chez lui ou dans son bureau climatisé" qui croit "satisfaire sa conscience" en signant à distance des pétitions à tout va. Pour Eddou3aji, ces "militants" électroniques "anonymes" ne possèdent même pas cette légitimité acquise par le "courageux militant" traditionnel qui sillonne inlassablement le pays à la recherche de signatures en prenant tous les "risques" pour défendre ses convictions. Il ajoute que le fait de ne pas signer les pétitions électroniques n'est pas synonyme de désaccord avec les principes qu'elles défendent et que les signer n'est pas non plus une preuve de courage ou de bravoure. Et le blogueur de citer, enfin, Bourguiba moquant les membres du vieux Destour qui "protestent, dénoncent… puis finissent par rédiger une pétition avec les larmes de leurs yeux…".


Hédi Ben Smail

samedi 30 mai 2009

Pour de véritables élections en 2009. Inscrivez-vous sur les listes électorales !

Dans le cadre de la révision permanente des listes électorales, des listes supplémentaires seront affichées tout au long du mois de juin pour permettre aux citoyens d’en prendre connaissance et de vérifier si leurs noms y figurent. S’il ne figure pas sur cette liste, tout citoyen peut, pendant cette période, présenter une réclamation par lettre recommandée avec accusé de réception au président de la municipalité.

C’est la dernière chance pour exercer votre droit de choisir vos gouvernants, pour dire votre mot, pour faire parvenir votre voix.

La démission des Tunisiens n’a que trop duré. Reconquérons notre citoyenneté ! Votons en 2009 !

vendredi 29 mai 2009

Non, M. Meddeb, vous n’avez pas le droit !

Plusieurs supporters de l’Espérance de Tunis ont été choqués de voir un encart publicitaire de la taille d’une demi page sur le journal Assabah, dans lequel M. Hamdi Meddeb, assurait le président Ben Ali, en son nom, celui du bureau directeur, des joueurs, des cadres, des supporters et sympatisants de l’Espérance, de son soutien à sa candidature unique (murachahhan awhadan) aux élections présidentielles de 2009.

Cet acte, que M. Meddeb a accompli, le cœur léger est inacceptable au moins pour trois raisons.

  • Primo : M. Meddeb a été chargé de veiller à la bonne marche d’une association sportive et nullement à instrumentaliser celle-ci à des fins politiques.
  • Deuxio : M. Meddeb préside aux destinées d’un club qui, n’en déplaise à ses rivaux, compte des millions de supporters. Il est donc quasiment impossible, en termes de probabilités, qu’ils soient tous du même avis ou qu’ils aient l’intention de voter pour le même candidat.
  • Tertio : en parlant de « candidat unique », M. Meddeb montre qu’il est en décalage de plusieurs années, quinze, exactement, et qu’il n’est pas au courant des trois autres candidatures aux élections présidentielles.
D’une manière plus générale, il est moralement inacceptable de s’arroger le droit de parler au nom de millions de citoyens sans les avoir consultés auparavant. De même, il est dommageable pour un pays qui aspire à la démocratie, de voir d’éminents membres de sa société civile s’accrocher au mythe du candidat unique et promouvoir, ainsi, l’allégeance au lieu de l’élection libre. Enfin, il est désespérant de constater cette schizophrénie chez nos grands entrepreneurs qui, dans l’économie et les affaires, sont dans la modernité, alors qu’en politique, ils font preuve d’un incontestable sous-développement.

mardi 26 mai 2009

Itinéraire d’un démocrate de gauche

Les mémoires de Mohamed Charfi* représentent un livre important pour tous ceux qui s’intéressent à l’histoire politique de notre pays, en particulier, pour ceux d’entre eux qui professent les valeurs de la modernité, de démocratie et de progrès. Ce livre est en effet le témoignage d’un homme qui a été, parfois, un observateur, souvent, un acteur d’épisodes clés de l’histoire du pays, allant de la lutte pour l’indépendance à sa réforme du système éducatif, en passant par la fondation de Perspectives et celle de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme.

L’ouvrage est d’autant plus intéressant qu’on sent à travers chaque ligne un grand souci d’honnêteté et de sincérité et la volonté de rapporter les faits tels qu’ils ont été vécus. Même si, tout à fait lucide par rapport à cet exercice de témoignage, l’auteur sait bien que notre mémoire est sélective et qu’elle tend à oublier nos erreurs ou nos faux-pas. La conscience aiguë des failles de cet exercice lui donne encore plus de force et de crédibilité. Car il n’hésite pas à aborder les épisodes qui font problème, en défendant ses propres choix, tout en exposant les points de vue contraires.

Le lecteur pourra ainsi suivre l’itinéraire politique de l’homme avec ses évolutions, ses tournants, ses ruptures, ses hésitations et ses combats. Sa biographie recoupe, d’une certaine manière, celle d’une gauche tunisienne qui a su s’affranchir des dogmes et des maîtres-penseurs, pour penser par soi-même et garder l’essentiel du message de la démocratie et du progrès. En ce sens, l’itinéraire de Mohamed Charfi est édifiant. Il mérite d’être médité.

Baccar Gherib

* On ne sait pas pourquoi le livre est à ce jour interdit de diffusion en Tunisie.

lundi 25 mai 2009

La mémoire vive des « feuillets » de Fethi Ben Haj Yahia

Il est rare que des mémoires de prison tiennent le lecteur en haleine comme le fait El-Habs Kadheb… de Fathi Ben Haj Yahia. Son talent de conteur insuffle de l’énergie dans les sédimentations d’une mémoire qui devient réfractaire à la momification.

La genèse de la lutte contre l’oubli, telle qu’elle est reconstituée au début du livre, se déploie dans la lenteur, accompagnée d’une tonalité mélancolique, au risque de s’immobiliser dans une méditation sur la perte. Tout commence par des tableaux de deuils à la fois réels et symboliques : la mort de René Chiche, événement dont la singularité se mesure à l’étrangeté d’une langue venue de loin, faisant écho à une perte identitaire qui est loin d’être préoccupante pour une majorité, décidée à tourner le dos à son altérité, et à cet appauvrissement qui est le propre des cultures unidimensionnelles ; la mort récente des anciens camarades et le déficit d’expression et de représentation de ce qu’a été leur parcours.

C’est ce constat de la perte qui est à l’origine de la quête du sens, une quête qui ne se résume pas dans un mouvement de retour sur le passé mais qui est une interrogation lancinante s’enracinant d’abord dans le présent. C’est sans doute la raison pour laquelle le livre dévoile sa genèse et donne à voir le processus même de la reconstitution mémorielle. Il intègre notamment un texte qui met au jour la question de la mémoire aux prises avec l’effacement de sa trace matérielle – il s’agit en l’occurrence d’un article de l’auteur paru dans Attariq Al Jadid et portant sur la démolition de la prison du 9 avril – et qui est antérieur à la rédaction du livre. La greffe que constitue cette autocitation, outre qu’elle s’inscrit dans la genèse même du récit carcéral proprement dit, peut être assimilée aussi à un procédé d’éclairage qui accompagne l’entrée du lecteur dans ce haut lieu de la mémoire de la répression dont il sera question plus loin dans le récit (on entre autrement par le biais de la narration dans un lieu dont on sait qu’il a disparu et dont l’effacement a suscité des interrogations, de même qu’on perçoit différemment le soi-disant jardin public qui est en passe de le supplanter). A d’autres endroits du récit, la greffe est de nature dialogique. L’auteur insère le commentaire d’un lecteur, un compagnon de route qui a lu le texte avant sa publication et qui a annoté le manuscrit à l’endroit où il est question des entraînements dans les camps du FPLP au Liban. Le commentaire d’un tiers faisant suite au récit lui-même donne lieu à des éclaircissements sur les circonstances ayant trait à l’orientation arabiste de l’organisation. La citation des annotations d’un lecteur renforce ce lien étroit entre récit et commentaire qui est une constante dans ces mémoires, de même que cette tendance à rendre visible non seulement le processus de l’écriture de la mémoire mais également la confrontation des mémoires.

Le dialogisme mémoriel et idéologique est l’une des manifestations de la modernité d’une écriture qui ne se contente pas de la reconstitution et qui conçoit le sens dans une interaction permanente avec le présent et dans un dialogue avec un lecteur. Telle est également la signification de la correspondance avec Latifa Lakhdhar qui clôt le livre, correspondance qu’on pourrait assimiler à première vue à une annexe mais là aussi le procédé éditorial est réinvesti : il est le lieu d’un questionnement sur le sens même de l’écriture, un sens ouvert au gré des lectures et qui ne se laisse pas enfermer dans la réponse de l’auteur à une lectrice.

Ceux qui attendent de l’auteur un positionnement idéologique par rapport aux orientations de l’expérience gauchiste en Tunisie risquent, en effet, d’être déçus. Car le témoignage vaut avant tout par sa dimension existentielle, non que la réflexion politique en soit absente mais elle ne peut être réduite à une prise de position vis-à-vis de telle ou telle orientation. La dimension politique est plutôt inscrite en filigrane dans cet effort qui consiste à restituer l’univers mental d’une époque, restitution tributaire d’une suspension du jugement et d’une empathie qui ne bascule pas pour autant dans la nostalgie béate. La restitution se fait à la faveur de tableaux, (j’emprunte ce terme, qui rend bien compte de la manière dont le récit est agencé, à Latifa Lakhdhar qui a présenté l’ouvrage à la Librairie Art-Libris), de situations chargées d’humanité dans un univers qui devrait en constituer la négation. L’ouverture du sens procède également d’un mode de narration qui fait fi de la chronologie, y compris de cet artifice qui consiste à commencer le récit par la fin pour remonter le temps en sens inverse. Tout se passe comme si l’auteur s’était laissé entraîner par le mouvement même de sa pensée dont les arborescences donnent au récit cette allure à la fois fragmentaire et éclatée.

On le sait, depuis Roland Barthes, la chronologie dans le récit se double d’un principe de causalité. Raconter en dépit de la chronologie, comme le fait Fathi Ben Haj Yahia, revient à tordre le cou à la causalité. Il y a d’ailleurs une impression d’absurde qui se dégage de l’ensemble de l’expérience racontée ; elle n’est pas seulement due aux lignes brisées de la narration, elle est inhérente à la manière dont certaines situations sont décrites et racontées. Il en va ainsi de certains moments héroïques comme le passage clandestin de la frontière tuniso-algérienne ou les entraînements au Liban quand l’auteur file, sur le mode de l’humour, la métaphore de la terre sainte. La distance se situe justement au niveau de l’intrusion de l’humour et de l’absurde dans le récit d’une expérience d’embrigadement idéologique, ce qui n’a pas empêché le narrateur de restituer, malgré le travail de sape opéré par l’ironie, l’imaginaire révolutionnaire dans toute sa splendeur. Le positionnement, recherché par certains, n’est pas chez Fathi Ben Haj Yahia le fruit d’une plate autocritique idéologique ; il s’opère justement par une sortie de l’idéologie qui lui permet de restituer des expériences vécues dans toute leur complexité et dans leur intensité existentielle. Et puis il y a ces portraits de militants (celui de Gilbert Naccache notamment qui, tout en s’intégrant dans une réflexion, esquissée à l’occasion de la rencontre entre les anciens et les nouveaux à Borj Erroumi, sur la rupture entre Perspectives et El-‘Amel ettounsi, donne du relief à cette figure du militant obstiné et dont la générosité va de pair avec un sens aigu de la transmission et du débat) et des non-militants : le directeur de la prison du Kef et surtout Zinouba, alter ego du militant dont la verve populaire fait écho à la sienne et qui confronte également les camarades à la question de l’altérité incarnée dans un corps qui, s’insurgeant contre les déterminations biologiques, problématise plus que tout autre la question de l’identité. La parole proverbiale de Zinouba : « El-Habs Kadheb… », célébrée à travers le titre que donne l’auteur à son livre, doublée d’un sous-titre issu de la culture intellectuelle et politique : « feuillets des registres de la gauche au temps de Bourguiba », synthétise à elle seule toute la bigarrure linguistique et culturelle d’une pensée pour qui le peuple est irréductible à un objet de discours idéologique. C’est paradoxalement par le peuple que s’opère aussi la sortie de l’idéologie.

Insaf Machta

dimanche 24 mai 2009

Espérance de Tunis – Slim Chiboub : la rupture ?

Les derniers jours à l’Espérance de Tunis ont été riches en émotions sur les plans sportif et extra sportif. En effet, à la joie des supporters pour l’obtention du titre de champion à l’ultime journée, a succédé leur consternation à l’annonce de la démission du président du club sur un quotidien de la place. M. Hamdi Meddeb a justifié sa décision en évoquant l’ingratitude de la tâche de la présidence car, à une exception près, personne ne l’aurait aidé dans la direction du club. Certains lui auraient même mis des bâtons dans les roues.

Cette déclaration, tout à fait surprenante pour un dirigeant sportif qui a remporté un gros challenge et dont les supporters vivent une véritable liesse, s’explique facilement pour ceux qui sont quelque peu au fait des coulisses du Parc B. Elle représente un véritable ras-le-bol de Hamdi Meddeb vis-à-vis du comportement de son ex-ami, ex-président du club et son actuel « président d’honneur », M. Slim Chiboub. Ce dernier a, en effet, pris l’habitude de disparaître et de critiquer la direction du club, quand ça va mal, et de réapparaître sur le devant de la scène, tout en cherchant les caméras, quand ça marche. Nul n’a été ainsi étonné de le voir dans les vestiaires de l’équipe après le sacre. Toutefois, beaucoup n’ont pas apprécié de le voir, trois jours plus tard, invité d’honneur sur Hannibal TV, en lieu et place de celui qui a donné de son temps et de son argent, pour la bonne marche du club. Mieux encore, M. Chiboub s’est même permis le luxe de répondre à des questions sur le sort de certains joueurs, ce qui est, en principe, du ressort du premier responsable du club !! Ce fut sûrement la goutte qui a fait déborder le vase.

En ce sens, l’annonce de sa démission par Hamdi Meddeb a été, il est vrai, un coup de gueule exprimant un ras-le-bol. Mais elle apparaît surtout comme le moyen de s’assurer du soutien du public espérantiste dans la dernière bataille qu’il s’apprête à livrer pour son émancipation de la tutelle encombrante du « président d’honneur » - le premier épisode, faut-il le rappeler, étant la désignation de Tarek Dhiab à la tête de la section football du club. La mobilisation du public autour du président a été telle que Hamdi Meddeb en sort tout à fait renforcé pour le prochain bras de fer.

Mohamed Ali Mekkaoui

NDLR : M. Hamdi Meddeb est revenu sur sa décision et annoncé publiquement qu'il continuera d'assurer la présidence du club pendant au moins une saison supplémentaire

samedi 23 mai 2009

A travers la blogosphère #8 : révolution culturelle et sociologie du débat en Tunisie

La blogosphère s'agite souvent mais réfléchit aussi. Enjeux : notre révolution culturelle et un essai d'une sociologie du débat en Tunisie.

"2,83 millions d'utilisateurs de l'Internet en Tunisie, 8,59 millions d'abonnés à la téléphonie mobile, 6758 sites tunisiens…" Selon les chiffres officiels, notre pays est confortablement installé dans l'ère de la révolution numérique, constate le blog Histoires ordinaires. Mais a-t-il fait pour autant sa révolution culturelle ? s'interroge-t-il. Par analogie, le blog rappelle que l'avènement de l'imprimerie en Europe au XVème siècle a été le prélude à "une renaissance culturelle globale" en Europe. En démocratisant l'accès à l'écrit, favorisant l'essor de la philosophie et des lettres et la diffusion de la connaissance et la formation de la pensée critique, cette invention a remis en cause le dogme de l'Eglise et son monopole sur les consciences et a conduit à une "grande révolution culturelle en Europe et dans le monde" qui a "détruit tous les rêves de domination de l'Eglise dans la société". "Qu'en est-il de notre société ?", s'interroge le blog. "Quelle est l'influence sur la société de 'notre" révolution numérique ?" poursuit-il ? "Est-elle en train de favoriser la créativité dans les arts et la littérature ? De développer les capacités intellectuelles et critiques de créateur ? De contrecarrer l'invasion culturelle des ténèbres et de la culture de la peur, de la censure et de la répression ?" Cette "révolution" a-t-elle permis "l'amélioration du niveau moral et culturel de la société et le nivellement par le haut des médias et le respect de la liberté d'expression ?" Que d'interrogations accompagnées, avoue le blog, de "beaucoup de frustrations et de pessimisme…"


En détournant l'intitulé de la célèbre émission de télé-réalité, Andi Ma Nkollek, diffusée sur notre télévision publique, Errances pose la problématique du débat dans la société tunisienne. Le blog note que le tunisien exprime au quotidien un réel besoin de débat. Sa "soif (…) pour parler, s’exprimer, écouter, convaincre" est clairement palpable. Ses intentions en la matière sont "noble(s) et louable(s)". Mais le tunisien est-il "vraiment prêt pour débattre" ?, se demande le blog. Le débat consacre la "différence" et la "divergence d'opinions" et "abhorre l'unanimité (et) la concordance", rappelle-t-il. L'unanimisme de "départ vide donc débat de tout "sens" prévient-il. La société tunisienne est marquée par la pluralité des idées, à l'instar des "autres sociétés qu’elles soient occidentales ou orientales", constate le blog. Et l'éventail des opinions et des tendances dans notre société est large, précise-t-il, qui est composé "de gauchistes, de fondamentalistes, de rcdistes, d’anarchistes, de progressistes, de jusqu’au-boutistes, de khobsistes, de mauvistes, de hitistes, de clubistes, d’espérantistes, …", "voire même d’autistes", ironise-t-il. Mais le tunisien possède sa propre conception du débat, estime le blog, qui s'apparente plutôt au "contentieux (ou au) conflit". Le tunisien "confond tribune et tribunal" et "la présence d'un arbitre" est nécessaire pour que le "débat tunisien" ait lieu. En somme, la culture du débat fait défaut au tunisien qui prend "sa vérité pour 'LA vérité'" et enfonce ainsi le débat dans l'impasse d'"un dialogue de sourds". Cet "ostracisme", que relève le blog, condamne les tunisiens à "se cloitrer dans un ghetto" où "l’on ne se mélange qu’avec ses semblables idéologiques" mais "est-ce que c’est comme ça qu’on va pouvoir avancer ?" se demande le blog. Et au blog de conclure au nécessaire "apprentissage" du débat chez les tunisiens. Mais les idées ne suffisent par, rappelle-t-il, le "courage" et la "capacité d'écouter" sont aussi nécessaires pour sortir de l'auberge.


Hédi Ben Smail


PS : les illustrations ont été empruntées respectivement aux blogs Histoires ordinaires et Errances.

vendredi 22 mai 2009

Quelle compétition électorale dans des conditions médiatiques déplorables ?

Une vingtaine de journalistes exerçant dans des agences de presse étrangères et dans quelques titres nationaux assistaient à la conférence de presse que le candidat aux présidentielles, Ahmed Brahim, avait organisé ce mercredi 20 mai au siège du Mouvement Ettajdid pour déplorer l’état du paysage médiatique et de l’information et ce, à quelques mois des prochaines échéances électorales. Bien évidemment, ni les stations de radios ni celles des télévisions (publiques et privées confondues) n’avaient daigné répondre à l’invitation, et même notre Agence «publique» TAP était subitement inscrite aux abonnés absents. Et pourtant, la raison même de cette rencontre avec les journalistes portait sur le traitement inéquitable, voire l’ignorance totale des grands médias à l’égard du candidat aux présidentielles Ahmed Brahim. En effet, plus d’un mois après l’annonce de sa candidature, toutes les chaînes nationales de télévision, qu’elles soient publiques ou privées, feignent de l’ignorer complètement. Idem pour les stations de radio plus promptes à ne parler que d’une frange de l’opposition, et l’agence TAP, si l’on excepte la dépêche publiée le jour de l’annonce de sa candidature, semble avoir décidée de le mettre «sous embargo». Même les publications indépendantes redoutent de parler abondamment de lui, de peur que les foudres ne s’abattent sur elles. Finalement, dans ce paysage médiatique aussi diversifié et libre, si l’on en croit les déclarations officielles qui célébraient la journée mondiale de la liberté de la presse, c’est toujours la voie unique qui prédomine ; celle qui s’exprime au nom de l’Etat et du parti au pouvoir, celle qui a la grâce divine de demeurer infaillible et irréprochable puis qu’elle ne peut être ni contredite, ni critiquée, celle qui doit être adulée comme du temps des éclaireurs du peuple! Drôle de situation dans ce pays qui est censé vivre depuis 28 ans sous le régime du pluralisme politique et de la pluralité des opinions ! Triste sort que celui des journalistes qui exercent dans ces médias et qui se trouvent à chaque fois frustrés de ne pouvoir exprimer au grand jour leur attachement aux principes professionnels et à la déontologie ! Pauvre citoyen tunisien qui, 53 ans après l’indépendance de son pays, se trouve encore soumis au diktat de la voix et de la pensée uniques ! Mais avec cette différence, qu’aujourd’hui, il peut toujours assouvir sa soif d’élections libres, par procuration, en se projetant dans d’autres univers, encore bien éloignés du nôtre, par le truchement des chaînes satellitaires !

Comment peut-on parler de médias autonomes et de journalistes libres et indépendants quand les principaux canaux d’émissions et de diffusion sont tous accaparés par l’appareil Etat/parti ? Comment peut-on garantir au citoyen tunisien le droit de pouvoir accéder sans discrimination aux médias et de s’exprimer en toute liberté, en l’absence de toute instance - publique - réellement autonome et crédible aux yeux de nous tous ? Quel sens peut-on encore donner à des «élections libres, équitables, honnêtes, loyales…» alors que les règles de la compétition, les mécanismes de supervision, le pouvoir d’interprétation des lois, la couverture et le traitement médiatiques… se trouvent tous entre les mains d’une même partie, qui accapare déjà tous les rouages de l’Etat et qui exerce sa mainmise sur les médias ? Amère réalité que nous soyons encore acculés à débattre des conditions minimales exigées pour que les élections se déroulent librement et dans la transparence, et qui nous ramènent au triste souvenir de celles de novembre 1981, au lieu de nous attaquer aux questions de fond en opposant les différents projets de société des candidats en lice !

Les partisans de la non participation sont plus que réconfortés par cette douloureuse réalité qui se perpétue, et Ahmed Brahim lui-même se demande à chaque fois ; comment faire pour que sa participation ne serve pas de décor à un simulacre de compétition! Il est vrai que des voix de plus en plus nombreuses et résolues s’élèvent dans la population pour dire de la manière la plus ferme : Ça suffit! La lueur d’espoir et les premiers signes de ces changements émanent des journalistes eux-mêmes qui affirment, haut et fort, à travers leur syndicat, le refus de toute instrumentalisation et surtout, leur ferme volonté à dénoncer toutes les dérives et les atteintes à l’honneur de la profession. Nous prenons acte et réaffirmons encore toute notre solidarité à ce mouvement qui peut être le précurseur de changements démocratiques profonds auxquels nous aspirons tous pour notre pays.

Larbi Chouikha

mardi 19 mai 2009

Les mémoires de Mohamed Charfi : "Mon combat pour les lumières"

Heureux qui, comme les démocrates et les progressistes de ce pays, ont eu, en un laps de temps très court – la première moitié de l’an 2009 – à débattre de pans entiers de leur histoire à l’occasion de la parution de trois ouvrages sous forme de mémoires ou de témoignages.

Malgré les différences de genre (un témoignage prospectif, une biographie et des mémoires), les trois ouvrages ont des points communs:

D’abord, il s’agit de trois opposants à Bourguiba avec des itinéraires différents, parfois croisés. Ensuite, les trois productions démontrent l’existence d’une pensée de gauche authentiquement démocratique, véhiculée par des acteurs qui ont payé un tribut très lourd (physique, mental), pensée qui s’est forgée dans la douleur et la souffrance souvent, et parfois dans la bonne humeur malgré les épreuves. Enfin, les trois ouvrages sont écrits dans un style élaboré et clair ; ils sont agréables à lire, car ils prennent à leur compte la devise de Kant, « une lecture amusante est aussi utile à la santé que l’exercice du corps ».

Et si Attariq a rendu compte dans ses précédentes livraisons des ouvrages publiés par Gilbert Naccache et Fethi Belhaj Yahia, il n’en a pas été de même pour les mémoires de Mohamed Charfi. Pourquoi ? Tout simplement, le livre étant publié en France, nous avons attendu sa distribution en Tunisie, jusqu’à la fin de la foire du livre, en vain ! Ils semblent que les pouvoirs publics se dirigent vers une censure du livre.

Devant cet état de fait, nous avons décidé de publier quelques passages du livre qui nous ont paru importants. Le choix n’a pas été facile et une part de subjectivité l’a sans doute déterminé. Ces morceaux choisis ne remplaceront pas la lecture du livre, mais ils donneront une idée sur les opinions et l’itinéraire de ce grand militant qui a certainement marqué l’histoire moderne de la Tunisie. Mohamed Charfi ne laisse pas, en effet, indifférent ; on l’aime ou on ne l’aime pas ; certains l’ont même cordialement détesté. Le roman de la vie de Mohamed Charfi est le roman d’une époque, d’une mouvance, d’une pensée qui, en affirmant la liberté, prend sur elle l’origine du mal. Un roman sans concessions ni pour l’époque, ni pour l’auteur lui-même.

La lecture de ce roman, pour reprendre, L. Aragon, « jette sur la vie une lumière ». Et c’est le combat pour les lumières de Mohamed Charfi qui nous interpelle, car, devant une telle vie, on ne peut être d’accord sur tout, ni totalement en désaccord.

C’est à un débat que nous invite ce livre. En jugeant les actions de cet Acteur, on se juge soi-même. Or, « l’agir véritable fait que la réalité ne soit pas totalisable » (P. Ricoeur). La mémoire se perd ; mais l’écriture demeure. Bonne lecture.

* Mohamed Charfi, Mon combat pour les lumières, Préface de Bertrand Delanoë, Ed. Zellige, Paris, 2009. 301 pages.

Samir Taïeb

lundi 18 mai 2009

...الهجالة و"الضلف" وبينهما كامخ

لا شك أنكم على علم بالتعريف العربي "القح" لكلمة "كسكروت"...
لقد انتصبت في بلادنا، في فترة بعيدة، موجة تعريب شرعيتها حق فيما كانت ممارستها كمحاكم تفتيش، باطل في باطل... يكفي أن تتفوه بكلمة أعجمية لتخون الوطن والإسلام والعروبة وفلسطين، ناهيك عن أمك وذويك. وشعبنا التونسي، شعب عربي-مسلم حتى النخاع يرفض رفضا قاطعا أن يتكلم بلغة غير العربية ولا يأكل بكلمة غير عربية حتى وأن قبل على مضض الكسكسى البربري... فإن كانت اللبلابي كلمة عربية مصدرها رباعي "لبلب" ويعني "لحس" والعهدة على إبن منظور، فإن الكسكروت وهو الأكلة الشعبية الخفيفة قضما والثقيلة هضما لا رباعي فيه ولا خماسي ولا هم يحزنون... فكان لزاما علينا حينها عوض التهام الكسكروت أن نبحث عن مرادف له تمركز مع الغزو الهلالي... فكان "شاطر ومشطور وبينهما كامخ"... الشاطر والمشطور نعرفهما، أما الكامخ فنحن لم نلتقيه أبدا... وبالعودة لمعجم إبن تونس البار، إبن منظور، نعلم أن الكامخ هو الأدم... "جا يكحلها عماها"... وبالبحث عن الأدم، وجدنا أنه قد يكون "تسطيرة" أو "عجة"، "شكشوكة" أو "مشلوش"، "زميطة" أو "بازينة" أو غير ذلك من أي خليط قابل للهضم وينزل على المعدة إسمنتا و"دالة"...
من فضائل الضلف...
على المستوى التلفزي، برامج الهجالة هي اليوم في تونس مثل "الكامخ"، ذاك الخليط المحبب لجمهور المشاهدين مما جعلها لشهر أفريل المنصرم تحتل المرتبة الأولى بين تلفزات العالم بنسبة 42,5 في المئة، أي اكثر من 4 ملايين مشاهد وذلك قبل "حنبعل"بنسبة 24.3 في المئة و"أم بي سي فور" بـ15.3 في المئة و"أل بي سي" بـ9.7 في المئة وتأتي الجزيرة الإخبارية بـ7.5 في المئة. أما قناة 21، فهي في المرتبة السابعة. بمعنى آخر، ما يقارب نصف الشعب التونسي يحرص على متابعة برامج الهجالة. والفضل في العودة لأيام رئاسة السيد فتحي الهويدي حيث بين تحقيق أن التونسيون يؤمون تلفزتهم بنسبة 82 في المئة (قلو تعرفش العلم، فلو نزيد فيه!)، يعود الفضل إذا إلى المنتج والمخرج السيد سامي الفهري وشركته "كاكتوس برود" - وهي بالعربي المحترم "هندي للإنتاج" وبالفلاڤي المودرن "ظلف برود" – التي تؤثث شبكة الهجالة بمجموعة من البرامج الجذابة... ونحن أهل الريف نعرف مزايا الضلف على عباد الله وحيواناته...
هذه الشركة تنتج باسم تونس 7 مجموعة من البرامج تحتل رأس قائمة البرامج الأكثر مشاهدة حتى وإن فاقها في ذلك برنامج لقناة حنبعل بعنوان "المسامح كريم"... بحسب إحصائيات شركة "سيغما كونساي" لصاحبها حسن الزرقوني ولشهر أفريل، جذب برنامج "المسامح كريم الذي يعده وبقدمه "الصحفي والمتمرس في التحقيقات" – كما تقول حنبعل - عبد الرزاق الشابي 46 في المئة، أي ما يقل عن 4 ملايين ونصف فيما جذب "عندي ما نقلك" لأخيه علاء الشابي ومن إنتاج سامي الفهري ما يفوق 4 ملايين بالقليل... أما "الحق معاك" لمعز بن غربية فقد حصل على 3 ملايين ونصف و"أهنا هكة" لنزار الشعري حصل على 3 ملايين و360 الف و"سفيان شو" من تنشيط سفيان الشعري فقد جذب ما يقارب مليونين ونصف المليون من التونسيين... وبهذا تكون برامج السيد الفهري ليست في قاطرة البرامج التي تبثها تونس 7 فحسب ولكنها الغرض الرئيسي من وجود الهجالة، تلك التي، إن كانت الدنيا دنيا، لغيرت اسمها من تونس 7 إلى "ضلف تي في" اعترافا بالجميل في قولبة الشعب التونسي دون اللجوء إلى الباحثين والدارسين والمخططين ولا حتى الإستشرافيين وكل اللذين يقتلعون أفكارهم من الطين ولا يشترونها من عند الهولنديين...
نعرف أن الشركة الأم "للضلف برود" وهي "كارتاغو"، شركة هامة اقتصاديا وعلائقيا وأكثر من ذلك بكثير، إلا أن الدولة الوطنية علمتنا يوميا أننا في بلد القانون والمؤسسات... وبالتالي من الطبيعي أن نتساءل بكل حماقة عن أحقية إهداء أربعة برامج – والخامس على الطريق – في الأسبوع دفعة واحدة لشركة واحدة من دون "طزينة" الشركات المماثلة المنافسة لها معرفة وخبرة... نعرف أن هناك فوارق بإتساع السماء والأرض بين المال العام والمال الخاص... أن يفعل السيد العربي نصرة بقنواته الثلاث وبرامجها ما يريد، فذلك من ماله الخاص ومن حقه الدستوري أن يفعل ما يريد شريطة أن يحترم القانون في الغرض والا يزج بالبلاد في أمور لا تقوى عليها... أما الهجالة فهي تقتات من المال العام عبر فاتورة الكهرباء والغاز التي يدفعها أكثر من نصف مليون حريف... والفارق بين المالين ظاهر. أن يفتح باب القطاع العام على مصراعيه لشركة خاصة واحدة لتكون الممونة الوحيدة لترفيه الشعب التونسي، فذلك لا يقبله القانون ولا الجمهورية مهما كانت قيمة الشركة وبراعتها.
"متاع البيليك..."
التلفزة التونسية كمنشأ عمومي يحصل على ميزانية من الدولة يصوت عليها مجلس النواب ويصادق عليها مجلس المستشارين... مما يعني أننا في مجال القطاع العام الذي تسيره الدولة لصالح المجموعة الوطنية... ميزانية مؤسسة التلفزة للعام 2009 تعادل أكثر من 46 مليون دينار منها منحة للدولة بـ11 مليون دينار ونصف، مداخيل من الكهرباء والغاز تقدر بـ20 مليون دينار إضافة للإستشهار بـ14 مليون ومتفرقات بـ0,8 مليون... أما المصاريف فإننا نجد في باب الأجور اكثر من 18 مليون دينار وفي باب الإنتاج والبث 21 مليون دينار ونصف.... إلى هذا الحد، الأمور "سيڤورو" عال العال...
إلا أن المواطن ونتيجة لعدم رضاه على مردود التلفزة يتساءل على مآل الدنانير التي تخصم من جيبه كل مرة مع فاتورة الكهرباء والتي بحسب أكثر من صوت يعمل في ميدان الإعلام السمعي-بصري وفي هيكلة المنشآت العمومية لا تجد مسارها كلها نحو الإذاعة والتلفزة، بل قسم منها غير مقدر يتوجه نحو أبواب أخرى في الموازنة العامة للدولة... وبالتالي تبقى الهجالة بدون مظلة، غير قادرة على تجهيز البرامج، ما عدا تلك السيارة أو المناسباتية التي أجهزت على "وكالة النهوض..." ناهيك عن أن عديد العاملين بها لم يحصلوا على مخلداتهم منذ العام 2006 دون أن نذكر هؤلاء الذين طالب رئيس الجمهورية بتسوية وضعيتهم...
في هذا الكامخ الذي يسهر عليه مسؤولون لا علاقة لهم البتة لا بالإعلام السمعي بصري ولا بالإعلام جملة وتفصيلا، بل هم أميل إلى خدمة "الإدارة" سلبا وإيجابا، وجدت الهجالة نفسها في عملية لا تفقه فيها شيئا إن لم يعمل بها البتة وهي ما تسمى بـالـ"بارتيرينغ" ومعناها العربي "المقايضة"... هذه العملية التي تعامل بها شركة الضلف تعني أن الهجالة تحجز للضلف ساعات البث والضلف في المقابل تقدم برنامجا يتم الإتفاق على مواصفاته... وعلى الضلف أن تدبر رأسها بحثا عن المال اللازم لانجاز البرنامج... وتم ذلك وباعت الضلف نسبة من مساحة البث للمستشهرين... في الظاهر الأمور "مريڤلة" وهو ما جعل معالي وزير الإتصال و.... يصرح في إحدى جلسات البرلمان من أن التلفزة تبث البرامج "مجانا"... ويا ليته تناسى الموضوع كما يفعل دائما أهل السياسة عوض أن يجيب بما ليس الحقيقة الملموسة كما المجردة.
"كار الخليج" ملك عمومي
المقايضة في حد ذاتها عملية بعيدة كل البعد عن قنوات القطاع العام، ذلك أنها تأخذ موازنتها من المال العام. بل أكثر من ذلك، في فرنسا، على سبيل المثال، حتى القنوات الخاصة لا حق لها في المقايضة لما فيها من تأثير على الراي العام وهو أمر يختلف عما هو موجود في أمريكا... في تونس وأمام الفراغ القانوني، وزارة الإتصال تفرض ما تريد وترفض ما تريد... كان للضلف برنامج واحد في الشبكة الفارطة وها هي اليوم تبث أربعة برامج دفعة واحدة والخامس يطبخ لرمضان المقبل.
لم يكف "ضلفة برود" أن تقولب ذوق المواطن التونسي بنوعية من البرامج هي في الأساس نقيض رسالة القطاع العام، برامج الألعاب والرياليتي تي في...
لم يكف "ضلفة برود" أن تعمل بمفردها في هذا القطاع دون سائر الشركات الأخرى ودون احترام قوانين الإعلانات الرسمية...
لم يكف "ضلفة برود" أن تبيع الإعلانات بأسعارها الخاصة وتقدم إعلانات تتناقض والقطاع العام مثل الإعلان عن إذاعة موزاييك... وكيف للضلف أن تحصل على كل هذه الإعلانات التي تصل حد نصف مدة البرنامج إن لم "تهدها" الهجالة مساحة البث؟ أليس من حق الهجالة – كما يعمل بذلك في بلدان أخرى – الحصول على نسبة مئوية من الإعلانات والموزع الصوتي وما إلى ذلك...
لم يكف "ضلفة برود" كل هذا بل تأخذ أكثر من هذا...
تنجز البرامج الخاصة لـ"ضلفة برود" بمعدات الهجالة وأعوان الهجالة ولا نعرف على أي اساس يقوم هذا التعاون... حينما نقرأ على واجهة سيارة للملك العمومي – الوزارة الأولى – تحمل رقم 01.134453 أنها تستعمل لإنجاز مسلسل "مكتوب" من إنتاج "ضلفة برود" وإخراج سامي الفهري من بداية شهر جانفي حتى نهاية شهر جوان المقبل، حينما نعلم أن "كار التلفزة" يلقبونها "بكار الخليج" لأن من يعمل بها وهو من مرسمي القطاع العام يتقاضى أجرا إضافيا ويرحب به أحسن ترحيب ويقدم له العصير والكلمة الحلوة...
حينما نعلم كل هذا، لماذا لا تطلب الهجالة يد صاحب "ضلفة برود" ونكون قد قدمنا أكثر من خدمة... ومن قدم الخدمة له أجر ومن ساعد على تقديم الخدمة له أجران ونحن من يساعد على تزويج الهجالة للضلف، لعل هندي هذه السنة يعود علينا بالكامخ
الشبكة المقبلة...

خميس الخياطي

dimanche 17 mai 2009

A travers la blogosphère #7 : élections 2009, débat et Facebook

Rien de nouveau sous le soleil du pays de la joie éternelle à quelques mois des élections de 2009, nous rappelle d'un des meilleurs blogs de la Tunisphère, la blogosphère tunisienne. Tandis que le père fondateur de cet espace donne à nos responsables politiques une leçon édifiante de communication politique sur les réseaux sociaux.

Carpe Diem s'étonne de l'absence de toute trace de débat politique sur la place publique en Tunisie à la veille des élections législatives et présidentielles de 2009 contrairement à "d'autres pays démocratiques (où) la bataille entre partis et candidats débute un an avant le vote final". Le blogueur constate qu'"à 5 mois (…) du vote (…) rien ne se passe en Tunisie..". Il rappelle que les élections, censées être "le principal sujet de discussion et de débat dans les médias et entre citoyens", ont cédé la place aux sempiternelles discussions sur "la religion, (…) le foot ou (…) la télé-réalité". Les médias sont étrangement silencieux : "pas de débats, pas d'interviews, pas de sondages", remarque le blogueur. "Le calme règne", ajoute-t-il, même au sein du parti au pouvoir, "seul acteur de ces fausses élections", où tout a déjà été joué d'avance puisque ses militants "ne peuvent même pas choisir le candidat de leur parti aux élections" qui est "toujours le même, évidemment…". Le blogueur énumère ensuite la panoplie de sujets de préoccupation des tunisiens qui devraient donner aux politiques, aux médias et aux citoyens "l'embarras du choix" en matière de débat politique. Chômage, croissance déclinante, systèmes éducatifs et de santé déficients, jeunesse désabusée, corruption, clientélisme, justice, administration, disparités entre les régions… autant de thèmes qui devraient aisément trouver leur place dans le débat public à l'occasion de cette "dernière échéance avant qu'un nouveau 'changement' ne survienne" et que beaucoup "ressentent, appréhendent et attendent en silence", selon le blogueur. Carpe Diem conclut malicieusement sur cette ambiance de "fin de règne" qui rappelle "étrangement celle de l'époque du Roi-Soleil au XVIIè" que décrit ainsi Jean Racine dans Phèdre : "Le Grand Siècle devient bigot, les fêtes brillantes appartiennent au passé et le vieux roi prie pour son âme …"


Et si les politiques faisaient plutôt campagne sur Facebook ! C'est l'idée originale osée par Hou-Hou Blog à l'adresse des partis politiques tunisiens à l'approche des prochaines échéances électorales. En présentant les statistiques de la présence tunisienne sur Facebook, le blogueur s'interroge à propos de l'immobilisme des partis et se demande pourquoi ils n'ont pas encore "envahi" le premier réseau social mondial. Constatant que près de 5% de la population tunisienne est présente sur Facebook et que la majorité d'entre-elle (400 mille) est en âge de voter, Hou-Hou Blog rappelle les vertus du réseautage social aux responsables politiques pour mobiliser le vote des jeunes, grands "oubliés" des dernières élections de 2004 qui ont concerné "seulement moins de 5 millions de tunisiens (…) inscrits" sur les listes électorales "alors que le pays comptait au moins 6 millions de tunisiens de 20 ans et plus". Selon le blogueur, un plan de campagne virtuel permettrait aux partis de mettre en place des "campagnes ciblées (…) par région et par tranche d'âge". Ceux-ci devraient ainsi abandonner les supports traditionnels d'une campagne classique que le blogueur juge "inutiles, coûteux et inefficaces" et consacrer "50% de leur budget de campagne" à Facebook. Hou-Hou Blog se permet même le luxe de leur conseiller les axes d'une stratégie de campagne virtuelle efficace. D'abord lancer une campagne pour "inciter les jeunes de 18 à 23 ans à s'inscrire sur les listes électorales". Créer ensuite une "page Facebook" du parti qui deviendrait un "centre de communication virtuel" cité dans les différents supports de communication du parti (journal, site web, affiches électorales, discours de ses candidats). Puis demander aux candidats du parti de créer leurs "profils Facebook actifs et participer aussi activement à la page du parti". Enfin, miser sur la caractère "viral" de la communication dans le réseau social pour "passer (le) message et inviter les jeunes à voter pour (son) parti et (ses) candidats". Un cours de communication politique dans les espaces virtuels pour sortir nos partis de la situation bien réelle, elle, d'inaction dans laquelle ils sont empêtrés en permanence.


Hédi Ben Smail

samedi 16 mai 2009

Le combat des journalistes pour la liberté !

La crise qui couve à l’intérieur du Syndicat National des Journalistes Tunisiens à la suite de la publication du rapport 2009 sur l’état de la liberté d’expression en Tunisie, est le signe patent de l’existence d’un épais paradoxe qui perdure depuis l’aube de l’indépendance et qui prend plus de relief aujourd’hui. En effet, le sentiment qui imprègne bon nombre de journalistes et qui les pousse à vouloir s’affranchir de la mainmise pesante du pouvoir politique bute à chaque fois sur la volonté étatique à contrer toute tentative d’autonomisation de la profession. Ce paradoxe est toujours latent, et il se cristallise davantage quand les revendications démocratiques exprimées par une partie de la profession deviennent plus évidentes. En effet, des signes révélateurs de ces dernières années montrent que les journalistes sont plus que décidés à délimiter leur territoire professionnel en défendant leurs spécificités et en dénonçant les interférences nombreuses venues de l’extérieur de leur profession.

Déjà, et à trois reprises, des journalistes du quotidien gouvernemental La Presse avaient tenu à rendre publique une liste de griefs à l’adresse de leur direction, en mettant au grand jour les brimades, les conditions déplorables, les abus de pouvoir… qu’ils subissent dans leur travail, au quotidien. Deux ans auparavant, la métamorphose de l’AJT en SNJT avait créé de grands espoirs parmi les journalistes et plusieurs indices laissaient déjà transparaître cette ferme volonté à vouloir s’affranchir de toute tutelle et surtout, à réhabiliter cette profession laissée pour compte. Le 4 mai dernier, au lendemain de la journée mondiale de la liberté de la presse, le SNJT rendait public son rapport sur l’état de la liberté d’expression dans le pays, et celui-ci se distingue par sa consistance, son exhaustivité et, surtout, par son absence de complaisance.

Et nous apprenons de même que dans des entreprises privées, des journalistes sont résolus aussi à faire entendre leur voix face à des propriétaires souvent peu scrupuleux à l’égard de la déontologie et des principes professionnels. Rapports, pétitions, déclarations circulent sur Internet et mettent en avant la volonté des journalistes à vouloir émerger comme des acteurs à part entière dans un champ médiatique où l’emprise du pouvoir et l’appât du gain facile priment souvent. A cet effet, ils recourent à tous les moyens possibles pour faire entendre leurs doléances et pour crier leur soif d’autonomie et de liberté.

Face à la prise de conscience de la profession, certains responsables zélés cherchent à semer la discorde parmi les journalistes : des membres démissionnent du bureau du SNJT avec l’intention de provoquer un congrès électif avant l’heure, des campagnes de presse sont orchestrées contre des responsables du syndicat, des contre rapports sont rédigés, mais pour convaincre qui ?… Que de réactions totalement anachroniques et incongrues qui nous rappellent bien d’autres situations… et qui montrent, que les vieux réflexes autoritaires ont encore la vie dure chez nous ! Mais, dans ce bras de fer qui oppose les journalistes aux responsables et patrons d’un autre temps, l’attitude des militants des droits de l’homme et ceux de l’opposition confondue doit être sans faille. Notre solidarité unanime et sans appel en faveur du bureau actuel du SNJT doit être totale car le combat des journalistes pour leur liberté et la dignité de la profession est aussi celui pour la démocratisation du pays et pour la reconnaissance de nos droits citoyens.

En effet, cette volonté d’autonomie est à la fois le résultat d’une maturation de la profession et dans le même temps, le miroir des signes précurseurs d’un changement substantiel qui commence à germer dans le monde des médias et qui peut stimuler une dynamique démocratique dans le pays. D’ailleurs, faut-il rappeler que dans toutes les transitions démocratiques récentes observées en Europe, en Afrique et ailleurs, le processus a d’abord été enclenché par des journalistes aguerris et déterminés qui s’étaient élevés pour dénoncer leurs censeurs et les détracteurs de la liberté en vue de réhabiliter l’autonomie et la crédibilité de la profession. Par conséquent, et à quelques mois d’une campagne électorale qui s’annonce déjà morose et insipide pour beaucoup d’entre nous, ce mouvement qui agite le monde des journalistes traduit, en fait, les espoirs de l’opposition démocratique à faire de la liberté d’expression et d’information le véritable combat de l’heure. A tous ces journalistes, audacieux et aguerris, le combat que vous menez peut frayer le chemin pour la démocratie, et les échéances électorales prochaines peuvent être l’occasion pour vous de faire en sorte que les principes d’impartialité, d’objectivité, de rigueur, d’honnêteté,… ne soient pas de vains mots et que les temps du psittacisme et des journalistes de communiqués sont bien révolus !

Larbi Chouikha

mardi 12 mai 2009

Nabiha ben Milad 1919-2009 : une pionnière du féminisme tunisien

Nabiha ben Milad vient de nous quitter. Le mouvement féministe tout entier est endeuillé car il vient de perdre une de ses figures de proue, une de ses pionnières , qui a tant donné à la cause des femmes, mais pas seulement, dans la simplicité, la discrétion et l’abnégation. Tôt lancée dans l’action sociale , au moment où la majorité des femmes sont engoncées sous les voiles et cloîtrées dans les maisons, Nabiha ben Milad eut une trajectoire atypique de femme émancipée, soutenue par un époux médecin qui l’a aidé à se libérer du voile , de la vie domestique , de la claustration.

Une trajectoire de vie atypique
Née le 4 mars 1919 à Tunis , dans un milieu de la bourgeoisie citadine, Nebiha bin Milad fut scolarisée à l’école des sœurs de Saint Joseph et poursuivit ses études jusqu’au brevet élémentaire. Son rêve de poursuivre un autre cycle scolaire fut contrarié par les réticences paternelles. Mariée très jeune au Docteur Ahmad Bin Milad, diplômé de l’Université française et franchement moderniste, elle ne fut nullement soumise aux contraintes conventionnelles et sortait sans voile, au grand désespoir de sa propre mère. Forte de cette liberté, elle adhéra en 1936 à L’Union Musulmane des Femmes de Tunisie fondée par une autre pionnière du féminisme en Tunisie, Bchira ben Mrad. Les revendications présentées par cette organisation touchaient essentiellement à la scolarisation des jeunes filles, mais dans la conjoncture du Protectorat, débordaient de ce cadre pour devenir revendications politiques et soutien aux prisonniers victimes de la répression coloniale. Lors des événements du 9 avril 1938, quand la police française tira contre des manifestants faisant plusieurs morts, et des centaines de blessés Nabiha bin Milad fut confrontée pour la première fois à la violence de la répression. Habitant le quartier populaire d’al Halfaouine, proche du lieu où se déroulait la manifestation, le patio de sa maison fut transformé par son époux médecin et militant anticolonialiste, en hôpital de fortune, et Nabiha en infirmière apportant ses soins aux blessés qui affluaient. Pour elle, ces événements furent révélateurs de la férocité du système colonial : son engagement dans la vie politique en fut plus renforcé. Elle eut l’occasion avec son époux de rencontrer de grandes personnalités du monde diplomatique et politique, Abdelaziz Thalbi, fondateur du Destour , ami personnel du docteur Bin Milad, H. Doolittle consul des Etats-Unis à Tunis. Pendant la deuxième guerre mondiale elle héberge durant deux ans une réfugiée politique française, Adrienne Montégudé, communiste de la première heure, recherchée par la Gestapo, qui va beaucoup contribuer à sa formation politique. Pendant ces années difficiles, où la famine sévissait, le quartier d’al Halfaouine fut investi par des mendiants en haillons venus de toutes les régions. elle organisa à l’initiative de son époux , une soupe populaire en faisant appel à la générosité de plusieurs commerçants qui répondirent à l’appel, en fournissant les produits nécessaires à la confection de deux cents repas par jour. Les femmes du quartier firent le reste dans un élan de solidarité qui devait se poursuivre durant neuf mois.

En 1944 fut crée l’Union des Femmes de Tunisie, organisation liée au parti communiste tunisien. Nabiha décida d’y adhérer car elle commençait à être déçue par l’Union musulmane des femmes de Tunisie, et son inféodation au Néo Destour. Elle milite dans l’UFT, intègre le Bureau Directeur, et en deviendra Présidente en 1952. Cette association qui a beaucoup œuvré pour l’émancipation de la femme , et la scolarisation des enfants des quartiers défavorisés, sera contrainte à ralentir ses activités après l’indépendance jusqu’à sa dissolution intervenue en 1963. Invitée à militer dans la nouvelle organisation féminine proche du parti destourien, l’Union Nationale des Femmes de Tunisie, Nébiha ne supporte ni les méthodes bureaucratiques ni la langue de bois de ses membres. Elle quitte sans regret l’UNFT. Elle exercera pendant quelque temps la fonction d’assistante sociale à l’hôpital Charles Nicolle où elle côtoie le célèbre médecin anticolonialiste, Frantz Fanon.

Nabiha Ben Milad fut une femme libre, engagée dans les combats humanitaires et sociaux. Jusque dans les années quatre vingt-dix, elle est de toutes les manifestations , répondant aux appels avec son visage jovial et son sourire si franc. Les dix dernières années, la maladie l’a éloignée de la scène publique : elle nous a manqué. Elle nous manque aujourd’hui. Et plus encore demain.

Leïla Temime-Blili

lundi 11 mai 2009

On n’est pas sorti de l’auberge !

Le quotidien Le Temps nous a appris le plus naturellement du monde, dans sa livraison du 1er mai, que suite au limogeage du président du club d’El Gawafel Sport de Gafsa (EGSG) par les autorités régionales (?), une cérémonie a eu lieu le mercredi 29 avril, au siège du RCD (??), au cours de laquelle, le gouverneur (???) a remis aux joueurs les primes de leurs victoires ! Au début du 21ème siècle, après 52 ans de République, au «pays de la loi et des institutions», un gouverneur intervient dans les affaires d’une association sportive et réunit, à cet effet, les joueurs du club au siège d’un parti politique. Au fait, qui a dit que la Tunisie n’était pas une jeune démocratie ??

Une promenade fort instructive

Les jours fériés sont souvent l’occasion d’une sortie en famille. Le 1er Mai dernier n’a pas dérogé à la règle. Tout en ayant une pensée pour le monde du travail et aux moments difficiles qu’il s’apprête à vivre, nous fixons le programme. Au menu, la foire du livre puis direction vers une ville balnéaire du Cap Bon.

Le souvenir des faits liés à l’affiche – qui a, pendant deux heures, orné le local d’Ettajdid au 7 avenue de la liberté et qui a dérangé, entre autres, le délégué de Bab B’har et le chef de district de la police – étant encore vivace, j’étais particulièrement attentif aux affiches vantant les mérites d’un candidat aux présidentielles accompagnés par «nos» vœux d’éternelle fidélité. Je remarquai, ainsi, devant le Palais des Expositions, abritant la foire du livre, une immense affiche du candidat sortant dans un bain de foule, avec un slogan affirmant qu’il représentait notre choix unique (khiyarouna al-awhad) !! Cette affiche prenant clairement partie pour un candidat à l’exclusion des autres, en dehors de la campagne électorale, n’était toutefois pas signée.

Mais, plus tard, sur l’autoroute nous menant vers la côte sud du Cap Bon, je notai que presque sur tous les ponts sous lesquels nous passions, était accrochée une affiche à la gloire du candidat sortant. Ces dernières étaient, cependant, signées : les premières que nous rencontrions, l’étaient par le Gouvernorat de Ben Arous (sic), puis, par le Comité de Coordination (du RCD) de Ben Arous (resic) ! Au fur et à mesure que nous approchions de la mer, les affiches étaient signées par la municipalité de Grombalia, puis, par celle de Hammamet !

Conclusions : 1) Le Gouverneur, représentant de l’Etat, censé afficher une neutralité parfaite par rapport aux différents candidats, crie haut et fort sa partialité et son engagement en faveur d’un candidat (et contre les autres ?!). 2) A l’exclusion des autres partis, le RCD a le droit d’utiliser l’espace public, y compris les ponts enjambant l’autoroute, pour faire sa propagande et – quand il le veut – sa campagne électorale. 3) Les municipalités RCD – elles le sont toutes ! – ont le droit à une campagne électorale précoce ! 4) M. Zouhair M’dhaffar, qui a estimé que la Tunisie n’était pas une jeune démocratie, n’a pas visité la foire du livre et ne prends pas l’autoroute sud ! 5) La loi n’est pas la même à Bab B’har et à Ben Arous. 6) Le chemin vers le pluralisme et la démocratie est encore très long…

Boubaker Jridi

dimanche 10 mai 2009

A travers la blogosphère #6 : SNJT et stagnation des pays arabes

La dernière rencontre houleuse des journalistes tunisiens n'est pas passée inaperçue dans la blogosphère.


Le SNJT (Syndicat national des journalistes tunisiens) a choisi l'occasion de la journée internationale de la liberté de la presse pour présenter un rapport annuel critique sur la liberté de la presse en Tunisie que Minerva n'a pas manqué d'afficher sur son blog. Pour illustrer l'ambiance qui régnait à la conférence de presse du SNJT, certains blogs, comme Farda w Lkat Okhtha se sont contentés de reprendre la vidéo tournée par un journaliste présent sur place de la tentative d'agression de M. Néji Bghouri, président du SNJT par un "collègue", M. Kamel Ben Younès d'Assabah qui ne partageait visiblement pas le contenu du rapport pourtant préparé par son propre syndicat. Cette vidéo où on voit ce dernier se ruer sur son président pour tenter de l'agresser se passe en effet de tout commentaire. Some thoughts from Tunisia, tout en rappelant que le président du SNJT était "démocratiquement élu, chose rare en Tunisie", a tenu tout de même à préciser que M. Ben Younes est le "président de la commission de déontologie" au SNJT. Et le blogueur d'ironiser sur le souci de "l'éthique du métier" et le sens de "la culture du dialogue et du respect des collègues" de M. Ben Younes, inscrits dans la "pure méthode mauve"…


A travers trois figures différentes - développement inégal, immigration et liberté d'expression, Marteau illustre la réalité actuelle de problématiques socio-économiques et politiques majeures dans nos pays, demeurées figées dans le siècle dernier…


En visionnant sur l'écran de son ordinateur une vidéo amateur prise par un randonneur dans le centre et le sud-ouest de la Tunisie, le blogueur a supprimé les couleurs pour se rendre compte que le paysage rappelle étrangement la "Tunisie des années 60 du siècle dernier" : "mêmes bâtiments, mêmes rues, la misère et la précarité des jeunes". Et le blogueur de constater que "les disparités persistent entre les régions (…) un demi-siècle plus tard" : "concentration de projets économiques et de la population dans certaines villes côtières" et "vide et misère à l'intérieur du pays". Ces problèmes socio-économiques encore persistants chez nous, étaient pourtant présents à "une époque non lointaine" dans d'autres pays européens, "Portugal, Espagne, Italie, Grèce" et non-européens, "Corée du Sud, Malaisie" mais on été éradiqués "à force d'efforts". Marteau évoque ensuite le discours sur l'immigration d'éminents responsables politiques en Tunisie "durant les années 60 et jusqu'au début des années 70" qui clamaient son caractère "temporaire" alors qu'aujourd'hui "aucun responsable n'ose dire le contraire", l'immigration étant devenue "un exutoire pour le chômage" et une source permanente de devises. Et de rappeler que les mêmes pays cités précédemment, "Portugal, Espagne, Grèce…" étaient aussi concernés jusqu'à une époque récente par "l'immigration économique de leur jeunesse"… La dernière figure présentée par le blogueur est l'état lamentable de la liberté d'expression dans les pays arabes. Alors qu'ils ne sont que "10% des pays de la planète", nos pays arabes, "des professionnels du despotisme", représentent "60% des pays ennemis de la liberté d'expression" dans le monde. Cette triste réalité reflétée de manière récurrente par "ces chiffres criants de vérité" est désormais "la marque déposée par excellence" de nos régimes. Et le blogueur de noter que le despotisme était aussi pratiqué par la plupart des pays de la planète "depuis les années 50 et jusqu'à une époque non lointaine au siècle dernier" y compris "au Portugal, en Espagne, en Grèce, en Corée du Sud et en Malaisie"…


Hédi Ben Smail

samedi 9 mai 2009

الصحافة لن تموت وأقتلو يصبح حي

نستهل هذه الورقة الأسبوعية بتوضيح يتعلق بما جاء في الورقة السابقة (ط ج العدد 126) حول نشرات الأخبار التلفزية. بعض المسؤولين في جهاز "الهجالة"، عوض أن ينظروا في صحة ما جاء في المقال والتعقيب عليه في صفحات "الطريق الجديد" إن لزم الأمر أو أن يعالجوا الهنات التي تمت الإشارة إليها، هؤلاء اختاروا أن يحققوا بين أفراد العاملين في النشرات ليروا من أين تسربت المعلومات حتى يغلقوا منافذ الوصول إلى المعلومة... وهذا أمر مستغرب من موظفين ائتمنتهم الدولة ويتقاضون رواتبهم من المال العام... ولم يكفهم ذلك، فبدؤوا بالترويج لتفسير مغرض لتعبير "نسا سيدي البحري" الذي استعملناه لوصف العاملات في نشرات الأخبار اللواتي يترقبن وجود المسؤولين لبدء العمل. فليسمح لنا المسؤولون الأجلاء أن نقول لهم بأن هناك فرق كبير بين "نسا سيدي البحري" (باب الخضراء) و"نسا سيدي بن نعيم" (الحلفاوين)... هؤلاء يبعن قوة ساعدهن وأولئك يبعن مفاتن أجسادهن... وإن تحنط حس التمييز لدى مسؤولينا لدرجة أنهم ابتعدوا عن ثقافة بلدهم الشعبية، فالمصيبة أعظم من إدارة نشرات الأخبار بالاستشعار عن بعد...

"كي سيدي كي جوادو"

انقضى العيد العالمي لحرية الصحافة ببلادنا ليترك جرائم من الصعوبة إخفاء جثثها في بعض "تراكن" النسيان... لقد أخذنا على نفسنا أمام القراء نهاية الأسبوع الفارط عهدا في عرض ثالوث "الظلف والهجالة والكامخ" لما فيه من محاسن يحسدنا عليها الأصدقاء قبل الأعداء... وأمام ما حل في هذا العيد من "اعتداءات" في حق صاحبة الجلالة، خير سلطة (رابعة) أخرجت للتوانسة، ما كان لنا إلا أن نبلع ريقنا ووعدنا ونعمل مثل حنين، نعود أدراجنا بحثا عما فقدناه من أحذية في هذا العيد...
الجريمة الأولى حدثت يوم الاثنين الماضي في مقر نقابة الصحفيين التونسيين عند تقديم تقرير الحريات الصحفية (28 صفحة فولسكاب بحرف 16)، وما جرى من تلاسن وتراشق وصلا إلى حد الاشتباك بالأيدي لأكثر من مرة بين طرفي نقيض في قضية حرية جلالة المحروسة، الصحافة... طرف قال بتدهور حالها الذي أوصلها إلى الموت السريري وضمن ذلك تقريره والطرف الأخر، الممثل في لجنة الحريات، أعطى جلالتها سلطانا لا شبيه له في أرض الله الواسعة... وبما أننا لم نتعود على التناول الديمقراطي والتحاور الهادئ، جاءت كلمة وراء كلمة فجانبت الكلمة، فكان أفظع وافضح مشهد شهده جموع الصحافيين الحاضرين وعلى مرأى من سلسة صور رؤساء الرابطة/الجمعية/النقابة من المرحوم الهادي العبيدي حتى السيد محمد بن صالح الذي كان أحد الطرفين، ويا ليته ما فعل... وبطبيعة الحال، قناة "الجزيرة" وأخواتها وجدت في الحادث ما يرفع من درجة "كوليستيرول" مشاهديها عملا بمقولة "حدثني على ما نحب حتى بالكذب" وذلك اعتمادا على "نرفزة" النقيب الذي لم يرى من الكأس إلا نصفه الفارغ. في المقابل، أعضاء لجنة الحريات لم يركزوا في مشروع تقريرهم إلا على النصف المملوء من الكأس وفي خلدهم سنة إنتخابية رئاسية... فكانت حلبة التراشق. وسائل إعلامنا الوطنية جدا اكتفت بعرض وجهة واحدة وقامت بنشر برقية وكالة "وات" التي دفعتها نعرتها الوطنية الإسمنتية إلى اعتناق حكمة "عزوزة وشدت سارق" والحال أن التراشق والتلاسن والاشتباك كانوا من الطرفين والإثنان مسؤولان عما حدث... هذا نصب الكمين والأخر استنجد بمثله. و"كي سيدي كي جوادو"، تم الإجهاض على جلالتها الصحافة وزميلتها الحرية...

"تغطية عين الشمس بالتقرير"

جمعية مديري الصحف التونسية التي، وهي تحت رئاسة السيد التيجاني حداد، أطردت من الفيديرالية العالمية لناشري الصحف لدفاعها المستميت عن حرية الصحافة ببلادنا، هذه الجمعية وتحت عناية السيد الهادي المشري، استعادت عذريتها – أو خيل لها هكذا – حينما استفاقت "طاح لا دزوه" ونشرت أول تقرير لها في تاريخها (23 صفحة فولسكاب، بحرف 26) كرد فعل على تقرير نقابة الصحفيين التونسيين، رغم نفي مكرر من رئاسة الجمعية وأباطرتها... وفي مؤتمر صحفي أشبه بحفلة خيرية أطلقت نيران "سوفت" على النقابة فيما رفعت كذلك راية اليد الممدودة وكل ذلك في مناخ وفاقي مفتعل تغني فيه مدراء "لابراس" والخبير والملاحظ ومن لف لفهم أغنية "الليلة عيد، الليلة عيد". ولم تتبدل النغمة إلا في نهاية الحفل بكلمة من مدير تحرير "حقائق"... ولم يتعجب احد من غياب الصحافة الحزبية عن التقرير وعن القاعة كذلك ولا أحد تساءل في المقابل عن حضور مدير يومية "لورونوفو" التابعة للحزب الحاكم،... وهو ما جعل التقرير والمؤتمر الصحفي يأخذان طابع الحركة الاستعراضية لتسجيل حضور معلن قبل استحقاق انتخابي... هل وصلت الحماقة بجمعية مديري الصحف التونسية حد إستبلاه الصحفيين؟ هنا كذلك، غابت جلالتها في عيدها. أما التعدية الحزبية التي نبرز دائما في وجه المناوئين، فقد ذابت هي الأخرى...

"إللي اختشوا ماتوا..."

وفي هذا العيد كذلك تمت الجريمة الثالثة وما أفضعها...
لم تتأخر "الهجالة" عن الاحتفال بحرية الصحافة كونها وسيلة إعلام جماهيرية تستعملها السلطة ومراكز القوى بها لغرض تكوين وقولبة الرأي العام... وهجالتنا بارعة في هذا إذ ليس وراءها بحر وليس أمامها عدو كما ذاكرتها انتقائية وجمهورها مصاب بالأمه (مرض النسيان).
أفضل وسيلة للهجالة في هذه "الهيلولة" كان برنامج "المنتدى" الذي يعده النابغة في التحليل السياسي علي بن نصيب ويقدمه المنشغل بإثراء المشهد الإعلامي ناجح الميساوي وكان الموضوع ابتكارا وفتحا ما قبلهما وبعدهما ابتكار وفتح... عنوان الحلقة (مدتها 52 دقيقة و47 ثانية) التي تم بثها في سهرة الاثنين الماضي كان "الإعلام التونسي. الواقع والتحديات"... ولو استبدلتم كلمة الإعلام بكلمة اللفت او السفنارية، "الدالة" أو "السيمان"، لحصلتم على نفس المعنى. الواقع والتحديات: ثنائية من ليس له أي شيء جديد يضيفه.
حضرت البرنامج المسجل في المبنى الجديد للتلفزة أسماء إختارها معالي وزير الإتصال والعلاقات مع مجلسي النواب والمستشارين وهي هشام الحاجي (نائب عن الوحدة الشعبية ورئيس تحرير أسبوعية الحزب)، الهادي المشري (أستاذ جامعي ورئيس تحرير الاقتصاد المغاربي. نسوا أن يشيروا أنه رئيس جمعية مديري الصحف)، السيد المنجي الزيدي (عضو اللجنة المركزية ورئيس تحرير يومية الحزب الحاكم... ونسوا أن يشيروا إلى أنه دكتور في التنشيط الثقافي)، السيد تور الدين بوطار (مدير إذاعة موزايك ونسوا أن يشيروا أنه عضو بالمجلس الأعلى للإتصال) إضافة للصديق نزار بهلول (مدير موقع "بزنس نيوز" الإقتصادي).
لنسحب جانبا نزار بهلول لأنه لم يساهم في الجوقة ابدا، بل كان نشازا في سمفونية مملة لفرط أصوات النحاسيات الصخبة بها... إضافة لذلك لا أحد من الضيوف يتوجه بكلامه للكاميرا... هل السبب عدم التمرس على الحديث في التلفزة أم قلة الكاميرات لان الهجالة ولقلة المعدات بها أصبحت تستأجر الكاميرات من الخواص...
من الجملة الأولى للسيد ناجح الميساوي، قبل حتى تقديم الضيوف، نعلم أن "المشهد الإعلامي في تونس مشع..." وفي مستهل التحقيق نعلم كذلك أن "الإعلام التونسي حر وجريء"... لا أعرف عن أي صحافة تونسية مشعة وجريئة يتحدثون... بحثت، فكرت، ضربت الأخماس في الأسداس، فلم أحر جوابا... وهنا أتتني الجملة المختصرة المفيدة الموجودة في عديد الأفلام المصرية "بو دورو" والتي تقولها "هجالاتهم" وهي تتلاعب بخصرها: "اللي أختشوا ماتوا..."

"عنزة ولو طارت..."

السيد المشري كان يتكلم بتلعثم وهو ينظر يمينه ويساره دون أن يكف عن النظر إلى ورقته حتى لا يخطئ في أمر من أمور الإعلام الذي يقول عنه، بعد أن أثنى على رئيس الدولة، "الحمد لله، المشهد الإعلامي ماشي ويتطور. ولينا نستقطب أكثر من 1200 صحافي... على خاطر قبل، الواحد يمشي للصحافة لأنو مالقاش خدمة بالكل"... الله الله على هذا المنطق الذي يلغي من تاريخ تونس رغبات ورغبات في امتهان الصحافة دون سواها...
ولئن كان السيد هشام الحاجي على عادته مسايرا لأهواء جميع الحاضرين ("حرية الصحافة أصبحت واقعا فتعددت العناوين الصحفية المستقلة") إلا أنه في موضوع مصدر الخبر وقف في وجه لغة صلبة أقوى من الفولاذ أتته من طرف الميساوي والزيدي وخاصة من السيد نور الدين بوطار... هذا الأخير، طيلة البرنامج، لم بفتح فاه كل مرة إلا ونوه وأشاد وشكر رئيس الدولة وكأني به يحتل خطة جديدة وضعتها الحكومة التونسية وهي "الطبال الأكبر"... لقد بدأ بتحديد مفهوم الحرية (هكذا!!!) فألغى كل تطور إعلامي وكل استعمال للإعلام في الفترة الاستعمارية، قال أن "دولة الاستقلال كان أقل همها حرية التعبير" (الرأي والفار وغير ذلك لم تكن موجودة)، "فجاء التحول لتغيير هذا الأمر" مضيفا "المشهد الإعلامي متعدد به عديد الكفاءات، يعطي المواطن في المكتوب والسمعي بصري ليختار المعلومة..." أما عن أحقية الصحفي في الحصول على البطاقة المهنية، فقد كان كلام السيد بوطار "فاشستي" بأتم معنى الكلمة إذ قال "الصحافة لا يجب أن تكون مفتوحة للجميع... واحد يمارس السياسة ويسب، لا يمكن أن نعطيه هذه الصفة في تونس" وتحدث عن الإيجابيات مشيرا إلى أن الحرية الصحفية عند جيراننا (الجزائر) "حرية تمثيلية. أما في تونس الحرية لا ترتبط بالمصالح... ما عناش حقائق نستحي منها... حقائقنا ناصعة"...
أما عضو الديوان السياسي للتجمع، السيد الدكتور في التنشيط الثقافي الاستاذ المنجي الزيدي، فإنه حاضر عن الإعلام في خدمة التنمية وأن الحرية "فيمة دستورية لا يمكن المزايدة فيها... الحرية موجودة في مختلف المجالات، لا حرية مطلقة التي تترك الحابل على الغارب..." وفي ختام البرنامج وعلى ماثلة السيد قطاطة حينما ختم برنامجه بكلمة لكاتب الدولة، أعطى ناجح الميساوي كلمة ختام الختام للمثل الحزب الحاكم، فتكلم، وهنا بينت القصيد، عن الغستحقاق الإنتخابي القادم، عن المجلس الأعلى للإتصال مؤكدا أن الإعلام في بلادنا "ينعم بالحرية والإمكانيات"...
ونزلت العناوين النهائية، تذكرت حينها أنه في العيد السابق لحرية الصحافة، صال وجال السيد بن نصيب مع السيد المنصف قوجة أنذاك (قبل أن يرسل إلى أبوجا) وكالا التهم والدروس... والهجالة تجتر مسرحية جديدة-قديمة من وضعه وإخراجه، تفطنت أن حرية الصحافة ومهنية التعامل الصحفي أقبرتا مرة أخرى في بلادنا...
جرائم ثلاثة في يوم واحد... ولكن الصحافة هي من نوعية "أقتلو يصبح حي" لأنها تتنفس من مبادئ الصحفيين وتتغذى من أحلام المواطنين.

خميس الخياطي

M’dhaffar l’incompris

L’argument invoqué par M. M’dhaffar pour rejeter la présence d’observateurs étrangers lors des prochaines élections présidentielles et législatives – qui a soulevé une polémique – n’a probablement pas été bien compris par les commentateurs. En effet, en affirmant que la Tunisie n’était pas «une jeune démocratie» pour accueillir des observateurs, M. M’dhaffar ne voulait sans doute pas dire que la Tunisie était une vieille démocratie ni même une démocratie mature, peut-être, qu’il voulait simplement dire qu’elle n’était pas une démocratie tout court ! Auquel cas, le rejet d’observateurs étrangers s’expliquerait facilement, et il n’y aurait plus matière à polémique !! Comme quoi, on fait souvent à nos responsables politiques de mauvais procès…

RTCI : une chaîne débarrassée de ses chaînes ?

Qui n’a pas entendu l’émission de la radio tunisienne - chaîne internationale - (RTCI), diffusée en direct le matin du dimanche 3 mai 2009 à l’occasion de la célébration de la journée mondiale pour la liberté de la presse, avec des jeunes qui n’avaient pas la langue dans la poche, a vraiment raté quelque chose d’exceptionnel ! Beaucoup n’ont pas cru leurs oreilles en écoutant cette émission de vérité, tout au long de laquelle l’expression était libre, pertinente et sans langue de bois.

Les auditeurs qui avaient la chance d’être à l’écoute ce jour-là ont entendu de leurs propres oreilles l’un(e) des participant(e)s à l’émission se demander pourquoi notre Président de la République n’engage-t-il pas, à l’occasion des élections présidentielles, « un débat en direct sur les plateaux de notre télévision nationale, avec les candidats de l’opposition, afin que le Tunisien puisse choisir ses élus en toute connaissance de cause ? »


Ils ont entendu de leur propres oreilles une jeune intervenante affirmer que l’appropriation des medias de Dar Essabah par Mohamed Sakhr El Materi, « personnalité trop proche du pouvoir pour être capable de faire du quotidien Essabah un journal indépendant et trop impliquée dans les affaires économiques mais aussi religieuses par le biais de la chaîne de radio privée Ezzitouna, n’est pas sans rappeler la stratégie d’un certain Berlusconi ! »


La conduite de l’émission a poussé certains journalistes tunisiens indépendants à réagir en direct sur les ondes en exprimant leur stupéfaction et leur joie mêlée d’émotion de voir enfin une chaîne tunisienne, débarrassée provisoirement de ses chaînes, laisser libre cours à de jeunes Tunisiens pour donner leur avis sur la liberté de la presse et la censure et briser des tabous qui pèsent encore lourdement sur nos moyens d’information.

Ce fut le cas notamment de ce cinéaste et journaliste chevronné, correspondant d’une agence de presse étrangère, qui n’a pas hésité à exprimer son admiration pour le franc-parler et le courage de tous ces jeunes qui ont animé ou simplement participé au débat, et qui ont dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas, ainsi que sa reconnaissance à celles et ceux qui ont pris l’initiative d’une telle émission.

Après l’émission de ce dimanche là, aucune atteinte à l’ordre public et aucune manifestation de révolte n’ont été constatées, à part la virulence des propos de certains commentateurs sportifs qui ont fustigé en direct, sur les antennes de télévision, le recours de la Fédération tunisienne de football aux arbitres étrangers pour diriger des rencontres tunisiennes, ou la violence verbale de certains dirigeants d’une association sportive qui ont librement exprimé sur les ondes leur colère suite à l’élimination de leur équipe en demi-finale de la Coupe de Tunisie.


S’il a fallu, comme d’habitude, mobiliser des centaines de policiers pour juguler les manifestations de colère des uns et canaliser les manifestations de joie des autres à la suite d’un match de football, l’émission sur la liberté de la presse n’a coûté aux pouvoirs publics que l’enthousiasme des auditeurs, et n’a valu aux réalisateurs de cette émission que reconnaissance et admiration. Elle a suscité espoir et confiance en l’avenir avec des jeunes parfaitement conscients de leurs droits et profondément attachés à leur citoyenneté, mais à qui la parole est, malheureusement, bien rarement donnée.


Nous espérons de notre côté que cette ouverture des ondes ne soit pas simplement occasionnelle et restreinte à RTCI, qui diffuse en langues étrangères, et qu’elle soit immédiatement étendue à toutes nos chaînes nationales de radio et de télévision. Cela n’a malheureusement pas été le cas, loin de là, sur la chaîne nationale TV7 qui a consacré, le lendemain même, un « dossier » portant sur le même thème de la liberté de la presse (voir l’article de M. Khemaïes Khayati dans la partie arabe de ce numéro). Pourquoi, par exemple, n’y aurait-il pas un débat qui réponde à l’attente de nos jeunes, et des moins jeunes entre les différents candidats à l’élection présidentielle ? Cela ne donnerait à notre démocratie « naissante » que plus d’assurance et de crédibilité.


Jounaïdi Abdeljaoued