Décidément ! Depuis quelques mois, les saisies des publications reviennent de plus belle, comme si notre pays est condamné à avancer en reculant : ceux qui prétendent régenter nos médias ne semblent arborer que leur pouvoir d’interdire, de censurer, de museler….
Le plus déroutant et déconcertant, c’est que toutes ces mesures coercitives qui s’abattent sur les quelques médias indépendants sont de plus en plus enveloppées, enrobées, dissimulées dans du « velours », comme si le but - non avoué - était de ne pas laisser de traces, pour que notre belle vitrine, aux yeux de l’Autre, demeure toute reluisante, sans la moindre ombre au tableau. En effet, «l’exception tunisienne» en cette matière se distingue par son usage acrobatique des subterfuges, des prétextes, des faux semblants, susceptibles d’embobiner les esprits trop cartésiens. Et les faux-fuyants ne manquent pas ! Pour les uns, la responsabilité en incombe aux sociétés de distribution des journaux qui n’ont pas fait correctement leur travail ou ne daignent pas le faire, et pour cause! Pour d’autres, c’est tout bonnement les entreprises économiques qui ont décidé de fermer leur robinet publicitaire qui alimentait jusque là les recettes de certaines publications indépendantes, et après tout, c’est la loi du marché qui prime, n’est-ce pas ? Nous pouvons de même proposer comme autre argutie rhétorique, cet argument «dialectique» : que les lecteurs de ce pays se détournent carrément de ces publications et refusent de les acheter, parce qu’ils n’y retrouvent pas leur style journalistique préféré, fait d’un mélange de panégyrique et de langue de coton. Je propose que nous enrichissions cette panoplie discursive en affirmant que les gérants des kiosques à journaux sont devenus très mal à l’aise face à ces publications «subversives au contenu insidieux», et ils préfèrent donc préserver le lecteur en dissimulant ces damnées publications ! Et pour couronner cette comédie aux accents burlesques, en réaction à nos réprobations publiques relayées par les médias étrangers, «un démenti formel» surgi aussitôt d’«une source anonyme» et repris par des agences de presse, nous apprend que «le journal n’a jamais été saisi», et qu’«il est même exposé dans les kiosques» ; certes, mais cinq jours après son impression ! Voilà qui lèse considérablement un hebdomadaire.
Décidément, le ridicule ne tue plus, mais il devient grotesque à l’ère de l’explosion des technologies de la communication. En effet, face à ces réactions somme toutes primaires, se dressent des franges de plus en plus importantes de notre population qui assouvissent leurs besoins en informations et en analyses critiques dans les chaînes satellitaires de télévision et, surtout, à travers Internet. Que nos décideurs ouvrent grands les yeux pour découvrir qu’aujourd’hui, les Tunisiens ne sont plus dupes, et ils se laissent encore moins berner par ces prétextes fallacieux qu’on leur assène. Ils sont de plus en plus critiques à l’égard des informations que leur livrent à satiété les grands médias et peuvent aisément les croiser avec celles qu’ils reçoivent via les médias étrangers et Internet.
Aujourd’hui, la métaphore édifiante qui prime est celle d’un pays qui avance sur deux béquilles : la première, toute frileuse, sous le coup des réflexes autoritaires dont les germes gisent dans ce conservatisme politique ambiant entretenu par la volonté de vouloir perdurer. La seconde, totalement à l’opposé, est celle d’une société toute bouillonnante d’idées et de projets, qui ne demande qu’à s’extérioriser et à se déployer en toute liberté. Ainsi, à quelques mois d’une compétition électorale, le recours aux artifices les plus saugrenus pour masquer la persistance des pratiques autoritaires nous laisse plus que dubitatifs devant la contradiction criante entre ces pratiques et la proclamation que la prochaine échéance sera «transparente et loyale» !
Larbi Chouikha
Le plus déroutant et déconcertant, c’est que toutes ces mesures coercitives qui s’abattent sur les quelques médias indépendants sont de plus en plus enveloppées, enrobées, dissimulées dans du « velours », comme si le but - non avoué - était de ne pas laisser de traces, pour que notre belle vitrine, aux yeux de l’Autre, demeure toute reluisante, sans la moindre ombre au tableau. En effet, «l’exception tunisienne» en cette matière se distingue par son usage acrobatique des subterfuges, des prétextes, des faux semblants, susceptibles d’embobiner les esprits trop cartésiens. Et les faux-fuyants ne manquent pas ! Pour les uns, la responsabilité en incombe aux sociétés de distribution des journaux qui n’ont pas fait correctement leur travail ou ne daignent pas le faire, et pour cause! Pour d’autres, c’est tout bonnement les entreprises économiques qui ont décidé de fermer leur robinet publicitaire qui alimentait jusque là les recettes de certaines publications indépendantes, et après tout, c’est la loi du marché qui prime, n’est-ce pas ? Nous pouvons de même proposer comme autre argutie rhétorique, cet argument «dialectique» : que les lecteurs de ce pays se détournent carrément de ces publications et refusent de les acheter, parce qu’ils n’y retrouvent pas leur style journalistique préféré, fait d’un mélange de panégyrique et de langue de coton. Je propose que nous enrichissions cette panoplie discursive en affirmant que les gérants des kiosques à journaux sont devenus très mal à l’aise face à ces publications «subversives au contenu insidieux», et ils préfèrent donc préserver le lecteur en dissimulant ces damnées publications ! Et pour couronner cette comédie aux accents burlesques, en réaction à nos réprobations publiques relayées par les médias étrangers, «un démenti formel» surgi aussitôt d’«une source anonyme» et repris par des agences de presse, nous apprend que «le journal n’a jamais été saisi», et qu’«il est même exposé dans les kiosques» ; certes, mais cinq jours après son impression ! Voilà qui lèse considérablement un hebdomadaire.
Décidément, le ridicule ne tue plus, mais il devient grotesque à l’ère de l’explosion des technologies de la communication. En effet, face à ces réactions somme toutes primaires, se dressent des franges de plus en plus importantes de notre population qui assouvissent leurs besoins en informations et en analyses critiques dans les chaînes satellitaires de télévision et, surtout, à travers Internet. Que nos décideurs ouvrent grands les yeux pour découvrir qu’aujourd’hui, les Tunisiens ne sont plus dupes, et ils se laissent encore moins berner par ces prétextes fallacieux qu’on leur assène. Ils sont de plus en plus critiques à l’égard des informations que leur livrent à satiété les grands médias et peuvent aisément les croiser avec celles qu’ils reçoivent via les médias étrangers et Internet.
Aujourd’hui, la métaphore édifiante qui prime est celle d’un pays qui avance sur deux béquilles : la première, toute frileuse, sous le coup des réflexes autoritaires dont les germes gisent dans ce conservatisme politique ambiant entretenu par la volonté de vouloir perdurer. La seconde, totalement à l’opposé, est celle d’une société toute bouillonnante d’idées et de projets, qui ne demande qu’à s’extérioriser et à se déployer en toute liberté. Ainsi, à quelques mois d’une compétition électorale, le recours aux artifices les plus saugrenus pour masquer la persistance des pratiques autoritaires nous laisse plus que dubitatifs devant la contradiction criante entre ces pratiques et la proclamation que la prochaine échéance sera «transparente et loyale» !
Larbi Chouikha
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