Lundi dernier, vers 11heures, une vingtaine de policiers en civil ont brusquement entouré les locaux de notre journal, nous laissant stupéfaits par un tel déploiement de force dont nous ne voyions pas la raison. Nous avons bientôt été «éclairés»: peu de temps après, les journalistes Neji Bghouri et Lotfi Hajji ont été empêchés d’accéder à nos locaux; quant à M. Khemaïs Chammari (qui continue, par ailleurs, à subir un véritable harcèlement à l’aéroport de Tunis à chacune de ses entrées), il a vu son taxi stoppé par la police plusieurs centaines de mètres avant nos locaux et il lui a été signifié qu’il n’avait pas le droit d’aller plus loin !!Quelles sont donc les raisons de ce « blocus » intolérable (qui a, cette fois-ci, épargné la rédaction de notre journal) ?
Il semble que les autorités aient reçu l’information qu’une réunion de la «Commission pour la défense de la liberté d’expression et la liberté de la presse» (une commission de vingt membres qui avait été constituée la semaine dernière par les trois journaux de l’opposition, à l’appel de nombreux intellectuels, et qui n’a besoin d’aucune «reconnaissance légale», vu son caractère provisoire, agissant dans le cadre de la coordination entre trois journaux qui, eux, sont légaux) allait avoir lieu dans nos locaux ce jour-là. Sauf que…l’information était tout bonnement fausse! Encore un signe de la nervosité excessive dont font preuve ces jours-ci les autorités vis-à-vis de toute voix différente!
Nous souhaitons, quant à nous, que cet accès de nervosité ne dure pas plus longtemps, car cela n’est ni efficace ni justifié : notre activité s’inscrit clairement et strictement, nous le disons encore une fois, dans le cadre de l’information indépendante et de la défense de la liberté de la presse en général, et de l’opposition plus particulièrement – une défense ferme, résolue, mais en même temps calme et réfléchie, dans le cadre de la légalité. Il n’y a donc, selon nous, aucune raison, ni aucun intérêt, à prolonger une tension qui ne peut que compliquer la situation.
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