vendredi 19 décembre 2008

La magie des «60 ans» en Tunisie

«Soixante ans» en Tunisie, c’est l’âge de la retraite d’office pour des universitaires, fussent-ils de grande valeur, connus pour leur indépendance d’esprit et leur liberté de penser, ou encore pour leurs activités syndicales ou politiques qui ne plaisent pas à certains ministres connus pour leur tendance à confondre université et parti au pouvoir.

«Soixante ans» serait-il aussi, dans notre pays, l’âge de la retraite pour la Déclaration universelle des droits de l’homme qui subit, à l’occasion de son soixantième anniversaire, le même sort, ou pire, malmenée qu’elle fut par des procès iniques, précédés de tortures et suivis de mauvais traitements, ou encore par l’interdiction de manifestations aussi pacifiques que la réception organisée par la Ligue tunisienne des droits de l’homme le 10 décembre 2008, ou la commémoration organisée par «Amnesty International» le 13 décembre dernier à Tunis.

Pourtant, comble de l’ironie et de la duplicité, une circulaire, émanant du Ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la technologie, appelle les enseignants à consacrer le 10 décembre 2008 une partie de leur séance de cours pour expliquer le sens de cette Déclaration universelle! Comment les collègues se sont-ils tirés d’affaire et quels débats cela aurait-il suscités? Il serait intéressant de s’en enquérir auprès des enseignants concernés!

Dans cette même circulaire, adressée aux doyens et directeurs, il est recommandé d’organiser des «caravanes» d’étudiants ayant pour objet de les sensibiliser sur l’importance des principes de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Certains responsables de facultés et écoles auraient été bien inspirés de concrétiser cette recommandation en dirigeant leurs caravanes vers la région de Gafsa et plus précisément vers le Palais de justice rattaché au «Ministère de la justice et des droits de l’homme» ou encore vers les familles victimes du non respect de ladite Déclaration, à Redeyef en particulier!

Après l’éclatant succès du film «Thalathoun» de Fadhel Jaziri, et de l’œuvre théâtrale «Khamsoun» de Fadhel Jaïbi, n’y a-t-il pas là matière à une nouvelle production artistique, aussi engagée, qui serait intitulée «Settoun» et signée F.J.?

Jounaïdi Abdeljaoued

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