vendredi 19 février 2010

Sommes-nous tous en liberté surveillée?


Décidément, les jours sont devenus très difficiles pour les défenseurs des droits de l’homme et les militants de l’opposition, et ces difficultés atteignent de plus en plus leur liberté de mouvement et de circulation dans leur propre pays!

Déjà, dans le passé, des militants et parfois même de simples citoyens se trouvaient, malgré eux, empêchés de se déplacer dans les régions pour assister à une réunion convoquée par une organisation légale ou pour participer à une manifestion appelée par une formation de l’opposition. Au lendemain des élections présidentielles et législatives, ces interdictions tendent à se banaliser pour se focaliser sur certaines personnes en particulier. Ainsi, l’accès aux locaux des organisations et des partis de l’opposition leur est systématiquement interdit par des hommes en civil, leur participation aux réunions publiques leur est très souvent refusée sous des prétextes des plus saugrenus, et il est même devenu courant que les visites aux domiciles privés (maisons, cabinets d’avocats…) soient filtrées ou carrément interdites par ces mêmes personnes qui ne trouvent qu’à répliquer à ceux qui s’en offusquent: «Ce sont les instructions!». Ainsi, des militants connus, mais aussi des citoyens comme tout le monde dont la liberté de circulation et de mouvement se trouve malgré eux soumise à des restrictions sans qu’ils ne sachent ni les raisons de ces mesures qui les frappent, ni le moment où celles-ci s’abattront sur eux. Dans cette situation qui frise parfois le burlesque, le ridicule ne tue plus! Des responsables nationaux peuvent même se trouver interdits d’accès à leurs propres locaux, comme ce fut le cas en novembre dernier lorsque notre Directeur de la rédaction, Hichem Skik, avait été empêché pendant plusieurs heures de rejoindre les bureaux d’Attariq et ce, le jour même du bouclage de notre journal!

Mais qui donne des ordres de cette nature? Qui a compétence à défier ainsi les instances judiciaires? Faut-il supposer que des sentences limitant la liberté de mouvement de certains citoyens auraient été prononcées sans que les intéressés, eux-mêmes, ne soient tenus informés? Que faut-il déduire du «respect de la légalité républicaine et du principe de l’égalité des citoyens devant la loi et l’administration»?

Le plus déconcertant, le plus affligeant, c’est que ces restrictions et ces interdictions tendent à se banaliser de nos jours et, à chaque réunion, il est devenu «normal» que nous nous interrogions pour savoir qui d’entre nous sera, cette fois-ci, interdit d’accès, refoulé…? Et dans ce cas, à quelle «autorité» peut-il se plaindre pour que ces droits et ces libertés individuels soient préservés et garantis?

Le dernier en date de ces comportements inadmissibles a été l’interdiction faite, la semaine dernière, à M. Khémaïs Chammari, qui collabore régulièrement à notre journal, d’accéder à nos locaux, où il venait remettre son article! Le même jour, l’accès d’Ettajdid, du PDP et du Forum ont été interdits à des hommes politiques qui voulaient discuter avec ces partis des perspectives des élections municipales!! De tels agissements sont totalement inadmissibles: ils mettent en cause gravement non seulement la liberté de mouvement des citoyens et l’activité ordinaire de partis et d’associations légaux, mais aussi la crédibilité des Autorités qui ne cessent de proclamer, face à l’opinion publique comme de l’opinion internationale, leur respect total des libertés et des droits de l’homme.

Attariq Aljadid

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