vendredi 14 mai 2010

En marge des Municipales: Dix questions à Monsieur le Ministre de l’Intérieur

Monsieur le Ministre,
 Vous avez, lors de votre conférence de presse consacrée aux résultats des élections municipales, rejeté le qualificatif de «dominant» attribué au RCD. «C’est un parti qui se caractérise par une forte présence et par une légitimité historique…», aviez-vous déclaré (voir le journal Le Temps du 11/05). Ceci nous suggère la question suivante: ces propos sont-ils ceux du ministre de l’intérieur, autorité chargée des élections et supposée être neutre et impartiale, ou ceux du membre du bureau politique du RCD, responsable, de surcroît des élections en son sein?
Vous avez également déclaré que «ces élections se sont déroulées dans la transparence et le respect strict de la loi». Permettez-nous, à ce sujet, monsieur le ministre, de vous poser en vrac ces quelques questions:
- Pourquoi, et cela est vrai pour toutes les élections, le RCD occupe-t-il toujours l’emplacement numéro un dans les affiches électorales, suivi des partis de la Mouwalat, alors que le dernier emplacement est toujours réservé à l’opposition sérieuse ? Est-ce par respect de l’article 34 du code électoral, qui dispose que «les emplacements sont attribués dans l’ordre d’arrivée des demandes…»? Ou bien est-ce que l’emplacement n°1 est «hors concours», car toujours réservé au RCD?
- Pourquoi de simples citoyens se voient-ils interdire le droit de s’inscrire sur les listes électorales, alors que des dizaines de cartes sont distribuées le jour du scrutin pour d’autres citoyens, ou s’agit-il de citoyens «recrutés» pour voter «rouge»?
- Pourquoi vos services régionaux et locaux ont-ils refusé d’accorder le récépissé définitif à des listes indépendantes et citoyennes constituées en respect de la loi, alors que d’autres listes ont été admises malgré le non respect des dispositions du code électoral? On songe notamment à certaines listes du RCD qui ont changé certains de leurs membres après la dite limite fixée pour le dépôt des candidatures et après la publication de la liste initiale dans les journaux du RCD, ou à la liste du MDS de la circonscription d’Om Laarayes qui ne contenait que 15 noms et dont les «résultats» ont été validés, alors que le nombre des sièges à pourvoir y est de 16 (voir une copie de cette liste dans la partie arabe d’Attariq).
- Pourquoi, et cela est valable aussi bien en temps normal qu’en période électorale, vos services centraux, régionaux et locaux, s’abstiennent-ils toujours, en violation des dispositions législatives, d’accorder des récépissés aux citoyens et ce quel que soit le type d’opération effectuée ?
- Pourquoi, malgré le discours officiel qui glorifie le pluralisme à la tunisienne, vos services régionaux et locaux, aidés par les responsables du RCD, ont-ils exercé des pressions et de l’intimidation pour dissuader des membres de certaines listes citoyennes de se présenter aux élections municipales, alors que d’autres partis de la Mouwalat sont aidés par les mêmes services dans leur recherche de candidats ?
- Pourquoi, au vu et au su de tout le monde, certains membres de bureaux de vote, présidents inclus, portent-ils des écharpes et des casquettes rouges indiquant publiquement leur appartenance au RCD, alors que l’article 40, paragraphe 2, du code électoral dispose: «il est interdit aux membres du bureau de vote de porter des insignes indiquant leur appartenance politique»?
 - Pourquoi avez-vous obligé les listes indépendantes et citoyennes à se déplacer jusqu’au siège central du ministère de l’intérieur à Tunis pour exercer votre censure sur leur programme électoral, alors que le code électoral et le code de la presse ne vous donnent pas ce pouvoir ?
- Pourquoi les présidents des bureaux de vote désignés par vos services ont-ils admis, surtout dans les bureaux réservés aux femmes (une singularité tunisienne), que des électeurs votent par procuration, alors que l’article 49 (paragraphe 2) dispose qu’ «est interdit le vote par procuration»?
- Pourquoi, en violation de l’article 56 du code électoral, les forces de l’ordre ont-elles refusé l’accès des représentants des listes citoyennes aux bureaux centralisateurs dans les Délégations pour assister aux opérations de dépouillement, ce qui a donné lieu, selon les représentants de ces listes, à «une fraude massive»?

A ces questions et à des dizaines d’autres, nous ne nous attendons, hélas! pas à des réponses. C’est pour cela que nous nous permettons, monsieur le ministre, de vous adresser une  dernière question: ne vaut-il pas mieux, en fin de compte, qualifier le RCD de PARTI HÉGÉMONIQUE?
ATTARIQ ALJADID

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