vendredi 21 mai 2010

Manifestation contre la censure sur Internet: Ça bouge sur le front de la citoyenneté!

Avec l’appel à manifester ce samedi 22 mai à 15h devant le Ministère des technologies de la communication, le mouvement de révolte contre la censure sur Internet franchit, sans aucun doute, un palier. Car, cette fois, on passe d’un engagement virtuel à un engagement sur le terrain du réel. On ne se contente plus d’exprimer son ras-le-bol ou de montrer sa solidarité sur son blog ou sur sa page de Facebook, mais on revendique l’exercice d’un droit inscrit dans la Constitution: celui d’interpeller le gouvernement, de manifester pacifiquement sa colère dans les rues de Tunis – la rue d’Angleterre, plus précisément!
Mieux, les initiateurs de la manifestation, les jeunes Slim Amamou et Yacine Ayari, ont tenu à faire les choses dans les règles de l’art, c’est-à-dire dans le strict respect de la légalité. Ils ont essayé de déposer leur avis de manifestation au Ministère de l’Intérieur, où on les a dirigés vers le Gouvernorat de Tunis. Mais, étant donné l’absence du préposé aux affaires politiques, ils ont dû envoyer leur avis aussi bien au Gouvernorat qu’au Ministère de l’intérieur par lettre recommandée, avec accusé de réception. Tout en prenant la précaution d’en envoyer une copie à divers quotidiens et hebdomadaires tunisiens.
Quelle que soit l’issue de cette action, cet avis de manifestation publique mérite d’être souligné: même si, dans le cas d’espèce, il s’agit d’un engagement limité à la revendication d’un Internet  garantissant la liberté d’expression et le libre accès à l’information, on y décèle l’ébauche d’une lutte par des jeunes Tunisiens pour la conquête de leur citoyenneté. Car il y a là, d’abord, la ferme intension d’user d’un droit «accordé» jusque-là fort parcimonieusement et encore, seulement à l’occasion de guerres au Moyen-Orient, mais jamais pour des questions de politique intérieure! Ensuite, grâce aux abus de «Ammar-le censeur», il semble qu’une catégorie de nos jeunes- que d’aucuns considéraient comme irrémédiablement atteints par l’individualisme et l’opportunisme - découvre les bienfaits de l’action collective, et ce n’est pas la moindre des contributions de Ammar à la réanimation du front de la citoyenneté dans le pays!
Attariq Aljadid (n°181, du 22 au 28 mai)

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