dimanche 8 février 2009

UGTT/universitaires : la gifle

Les universitaires n’en reviennent pas encore. Ils en sont encore sonnés… L’attitude du Bureau Exécutif (BE) de l’UGTT qui a pris l’initiative de signer, sans les informer, un accord sur des augmentations salariales largement en deçà de leurs revendications, les a fortement secoués.

Ils avaient pourtant cru s’être dûment protégés contre un tel mauvais scénario, en soulignant, lors de leur dernier conseil sectoriel, que toute nouvelle proposition d’augmentations devait leur être soumise avant tout éventuel accord. Mais le BE n’a pas respecté son engagement, il n’a pas tenu parole. Il s’agit donc bel et bien d’un «coup de poignard dans le dos», selon l’image expressive d’un syndicaliste de l’enseignement supérieur.

En se désolidarisant des revendications des universitaires et en les traitant avec une telle désinvolture, la Centrale Syndicale a tout simplement affiché son mépris à leur égard. Pour eux, c’est une véritable gifle qu’elle leur a administrée ! Et son effet sur l’avenir de l’action syndicale au sein de l’université risque d’être catastrophique.

Comme si l’inlassable et harassante lutte que les syndicalistes de l’enseignement supérieur mènent pour la reconnaissance et le respect de l’action syndicale face aux divers abus et intimidations ne suffisait pas, voilà qu’ils se trouvent, par ce désaveu, confrontés à un véritable problème de crédibilité… Un deuxième front dont ils se seraient fort bien passés ! C’est triste à dire, mais l’UGTT risque, par ce coup «magistral», de réussir là où l’autorité de tutelle a longtemps échoué : à savoir briser l’élan de l’action syndicale à l’université… Un véritable coup de grâce !

Il ne faut pas se voiler la face. Le coup tordu de l’UGTT ouvre une période de crise pour l’engagement syndical dans le secteur, et le rassemblement de protestation de samedi dernier a été l’expression d’un ras-le-bol et d’une colère, mais aussi, peut-être, d’un désespoir.

Certes, les difficultés matérielles des universitaires sont bien réelles, et la chute de leur pouvoir d’achat est tangible. Mais ce qui les a indignés le plus, ce n’est pas tant la faiblesse des augmentations obtenues que la manière avec laquelle ils ont été traités. Et, d’ailleurs, ils sont loin d’être dupes. Ils ont, lors de ce rassemblement, stigmatisé la gestion bureaucratique des luttes syndicales et les petits calculs électoralistes qui font que leurs revendications ne bénéficient pas souvent du soutien qu’elles méritent. Toutefois, le mépris affiché est une tout autre affaire. Et le discours rituel sur la «place particulière des universitaires» dans la Centrale syndicale ne convainc désormais plus personne.

Ainsi, cette gifle, qui vient après plusieurs années de luttes et de combats, a poussé certains universitaires à poser, pour la première fois depuis longtemps, la question de leur sortie de l’UGTT et de la fondation d’un syndicat autonome. C’est dire la gravité de la situation. Le BE, qui est à l’origine de la crise, doit assumer la responsabilité de la résoudre.

Baccar Gherib

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je vois qu'ils ont complètement raison de créer leur propre syndicat car le BE de l'UGTT n'était à la hauteur des aspirations du corps enseignant ...

Unknown a dit…

Tout fait le temps est venu pour que l'enseignement supérieur, ) l'instar d'autres corporations, s'émancipe du joug de l'ugtt. Les gens ne paient pas 18 dinars par ans pour que les membres du BE de l'ugtt roulent en voiture de luxe...