Il est rare, dans nos médias, qu’un politicien ou qu’un commentateur de la chose publique dévoile aussi crûment l’état de notre démocratie que ne l’a fait, dans l’interview qu’il a accordée au journal Assabah el-ousbouî, le député RCD Abdellatif Mekki, inspecteur de l’enseignement primaire de son état.
En effet, notre député n’est pas un amateur de la langue de bois. Car à la question «Pensez-vous que les électeurs vous renouvelleront leur confiance à l’occasion des prochaines élections?», il a eu cette réponse lapidaire, fort édifiante: «C’est M. le Président, le président du RCD qui accorde sa confiance, et je serais heureux si j’en bénéficiais de nouveau…» !
Peut-on être plus explicite que cela? En gros, dans le système électoral tunisien, les électeurs n’ont aucune importance. Pour être sûr d’être député, il faut tout simplement être sur la liste du RCD. Et pour cela, il faut mériter la confiance de son président. CQFD.
Le propos de M. Mekki pourrait choquer des esprits habitués à une conception de la démocratie où ce sont les électeurs qui choisissent les députés, mais il résume sans doute à la perfection le fonctionnement démocratique dans notre pays : durant plus d’une cinquantaine d’années de «joutes» électorales, on n’a jamais enregistré l’échec d’un candidat du parti au pouvoir à la chambre des députés !
Ainsi va la démocratie chez nous ! Et nous savons gré à M. Mekki de nous en rappeler les règles du jeu en cette année électorale. Mais pour plus de rigueur sémantique, ne faudrait-il pas appeler, désormais, nos élus les «députés du président» au lieu de «députés de la nation» ?
Boubaker Jridi
1 commentaire:
assurément
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