lundi 20 avril 2009

Politique et mémoire

Le black-out dont a fait l’objet, la semaine dernière, la commémoration du neuvième anniversaire de la disparition d’Habib Bourguiba de la part des médias officiels et, surtout, de la part de l’organe du gouvernement La Presse – au point de le faire disparaître de la rubrique des éphémérides !* – soulève la question du rapport entre politique et mémoire. Il est, en effet, pour le moins paradoxal que ce soient, non pas les héritiers du néo-destour et du PSD, mais les anciens adversaires politiques de Bourguiba, ceux qu’il a réprimés et qui ont goûté à ses geôles, qui traitent de son empreinte, de cette partie de notre histoire, avec sérénité, objectivité et sans le moindre complexe ni ressentiment.

Ainsi, vu du côté de la gauche démocratique et moderniste, et en allant à l’essentiel, l’édifice construit par Bourguiba pendant trente ans à la tête du pays est grand, mais il est bancal. Cette construction portée par un incontestable souffle moderniste a donné au pays des acquis précieux tels la lutte contre la pauvreté, la généralisation de l’éducation, la promotion d’une large classe moyenne et le statut progressiste de la femme tunisienne. Mais elle a raté, pour son malheur et le nôtre, le passage à la démocratie qui devait accompagner ses réalisations, les préserver et les renforcer. Il est, dès lors, nécessaire de penser ce passé proche, ne serait-ce que pour comprendre notre présent. C’est pour cela que l’on a du mal à saisir pourquoi certains s’efforcent de le gommer, a fortiori s’il s’agit de ses héritiers directs. Et ce n’est pas une simple question d’éthique politique !

Parlant, lors d’une émission radiophonique, du propos de son œuvre Khamsoun et de l’importance de ce passé, l’homme de théâtre Fadhel Jaïbi s’est exclamé: «je suis, comme tous ceux de ma génération, le fils de Bourguiba !». Alors, de grâce, n’éludez pas cette page de notre histoire – avec ses réussites et ces défaillances – et ne laissez pas les jeunes s’interroger sur l’identité de leur «grand-père» et ses réalisations...

Baccar Gherib

* Voir n°123 d’Attariq Al Jadid

NDLR : Photo d'illustration,
source.

1 commentaire:

DIDON a dit…

ne le saviez vous pas, juste le nom de "bourguiba" fait peur tellement il est grand, alors qu'on devrait être fier et le faire vivre dans nos journaux, nos télévisions , nos livre d'école , nos études d'histoire ... l'étudier pour se reconnaitre ...
mais veut- on vraiment d'une culture prospective pour ce peuple ?