mercredi 1 avril 2009

La «pause d’un député» ou les députés vus par eux-mêmes !

Nous nous étions arrêtés, il y a deux semaines, sur le contenu – édifiant – de l’interview d’un député RCD par notre consoeur Assabah Al-ousbouî dans le cadre de sa rubrique istirâhatou nâ’ib (pause d’un député). Nous l’avons, en effet, trouvée fort révélatrice des «spécificités» de notre démocratie. Car elle contenait l’aveu d’une déconnexion entre la députation, les électeurs et les élections tout court !

Il était, dès lors, fort intéressant pour nous de suivre cette rubrique et de voir ce qu’elle pouvait encore révéler – à son insu ? – du fonctionnement du système politique tunisien et de la perception de la députation. L’interview étant structurée selon un canevas immuable – on demande essentiellement au député de se présenter, d’évaluer son (ou ses) mandat(s) et d’apprécier ses chances pour les prochaines «élections» – , il est possible d’en tirer quelques enseignements quant aux constantes ou quant aux nuances.

Aussi, remarquons-nous, pour la livrée du 23 mars, qui concerne encore un député RCD, des réponses plus nuancées que celles de son prédécesseur qui s’est distingué, il est vrai, par son franc-parler. Il faut avouer, aussi, que les questions (préparées par M. Sofiane S’hili) ont été légèrement retouchées et il n’y est plus fait allusion à la confiance des électeurs, mais seulement à leur «regard» (sic). Ce qui évite d’acculer le député sur un terrain glissant. Toutefois, dans ce cas aussi, la députation reste tributaire du préélectoral – le choix du RCD – et le principal regret est celui de «ne pas avoir pu rendre service à tous ceux qui l’ont souhaité».

Notons, par ailleurs, l’apparition d’une nouvelle question portant sur l’intérêt pécuniaire de la députation et évoquant un enrichissement possible après deux mandats consécutifs. Ce à quoi notre député, pourtant président régional de l’UTICA, répond que, à la fin de son deuxième mandat, il «continue d’appartenir, comme 80% des Tunisiens, à la classe moyenne» ! Heureux pays, la Tunisie, où même d’éminents représentants du patronat appartiennent à la classe moyenne…
A bientôt ! En espérant, grâce à la prochaine «pause» et au prochain député, en savoir un peu plus sur la députation en cette année électorale et voir ce qui importe à «nos élus», au-delà de figurer sur les listes RCD, mettre du beurre dans ses épinards et rendre service.

Boubaker Jridi

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