mercredi 6 mai 2009

Avocats et télé réalité : quoi de neuf ?

On se rappelle la polémique qui a prospéré, il y a quelques semaines, à propos de la présence et de la prestation des avocats sur les plateaux de télévision, notamment, celui de l’émission de TV7 Elhaqq mâak. Cette polémique a vu l’intervention du bâtonnier des avocats, maître Bechir Essid, qui a voulu soumettre la participation de ses confrères à ce genre d’émissions à l’autorisation préalable du Conseil de l’ordre des avocats, tout contrevenant devant passer devant le conseil de discipline… Toutefois, les avocats concernés ont superbement ignoré leur bâtonnier et ont poursuivi sereinement leur participation à la télé réalité, sans qu’on enregistre une réaction de la part de l’Ordre des avocats. Il fallait s’y attendre : la partie entre l’ordre des avocats et Cactus Production était sans doute par trop inégale !!

mardi 5 mai 2009

Jeux de mains… chez les journalistes

Des incidents regrettables ont émaillé la lecture du rapport sur la liberté de la presse par le président du Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT) lors d’une rencontre à l’occasion de la Journée Mondiale pour la Liberté d’Expression qui a regroupé des dizaines de journalistes. Relevant les différentes atteintes à la liberté de l’expression et aux droits des journalistes en Tunisie, M. Neji Bghouri a été, en effet, interrompu par M. Kamel Ben Younes du quotidien Assabah, manifestement en désaccord avec le contenu du rapport. Les arguments rationnels lui faisant apparemment défaut, ce dernier opta pour des arguments physiques à même, selon lui, de convaincre son président. Heureusement qu’il a été empêché d’aller jusqu’au bout de ses… pensées.

La modernité, c'est aussi des valeurs !

Nous avons eu la désagréable surprise de retrouver sur le blog Tunisie et la modernité le texte intitulé Tahar Haddad ou la méthode de réforme en islam. En fait, il s'agit de l'article de M. Baccar Gherib publié à l'origine dans Attariq Al Jadid - le journal d'Attajdid, le parti de l'opposition démocratique - à l'occasion de la journée internationale de la femme et repris quelques jours plus tard dans notre blog.

Il n'y aurait pas eu de problème si l'auteur du blog, M. Naoufel Masri, ne s'était pas réapproprié l'article en supprimant le nom de son auteur et, surtout, en censurant un passage critique vis-à-vis du pouvoir en rapport avec la récente visite de M. Qaradawi en Tunisie. M. Masri a ainsi réussi l'exploit d'un plagiat doublé d'une censure ! Espérons que ce n'est pas tout ce qu'il a appris à l'académie politique du RCD !!!

Monsieur, la modernité c'est aussi des valeurs et nous vous demandons de faire une mise au point pour rendre à chacun son dû et rétablir la vérité.

PS : tous les articles d'Attariq Al Jadid sont repris dans notre blog avec l'autorisation préalable de la rédaction du journal.

Les amis d'Attariq

NDLR : Ci-dessous une capture d'écran de la note de "Tunisie et la modernité" plagiant et censurant l'article d'Attariq Al Jadid

Accident de la TRANSTU : où en est l’enquête ?

Après l’accident de son bus de la ligne Mornag – Tunis du vendredi 17 avril dernier, la TRANSTU avait précisé que «l'accident a eu lieu, lorsque le bus a fait une embardée à gauche puis à droite. Le conducteur a essayé d'éviter sa chute dans un ravin, mais le bus articulé (zina wa aziza) s'est renversé, provoquant la rupture de l'accordéon». Elle avait également annoncé que «les causes de l'accident seront déterminées par une commission qui a été mise en place par les services compétents». Cependant, et en attendant la publication des résultats de l’enquête, plusieurs voix mettent déjà en question la qualité de l’accordéon du bus qui, en principe, ne devrait pas rompre aussi facilement. D’autres bus, ayant le même type d’accordéon, auraient même été retirés de la circulation…

lundi 4 mai 2009

Usine Maklada : après trois jours de grève, les ouvriers obtiennent la réintégration de leurs camarades licenciés !

Mercredi 29 avril, et après avoir obtenu gain de cause, les ouvriers licenciés de l’usine de câbles métalliques «Maklada» ont mis fin à leur sit-in qui durait depuis une vingtaine de jours. En effet, la grève de trois jours déclenchée par les ouvriers de l’usine, solidaires de leurs camarades, en vue d’obtenir leur réintégration a fini par raisonner le propriétaire et le faire revenir à de meilleurs sentiments. Une réunion s’est ainsi déroulée qui a regroupé les différentes parties prenantes, en présence de l’inspection du travail, et a débouché sur la signature d’un accord stipulant l’annulation des licenciements. Une belle leçon de résistance et de solidarité !

dimanche 3 mai 2009

Précarité de la presse d’opposition indépendante

En cette journée mondiale de la liberté de la presse, il nous échoit de méditer, tant soi peu, sur le sort réservé, aujourd’hui, à la presse de l’opposition indépendante dans le paysage médiatique du pays et précisément, dans notre espace public. En d’autres termes, il s’agit de nous interroger sur la manière dont celle-ci s’efforce de se déployer en dépit des nombreux obstacles qu’elle rencontre et surtout, de la manière dont l’Administration publique et ses responsables la traitent, en comparaison au traitement réservé aux autres médias . Or, un regard rétrospectif sur cette même presse d’opposition, mais dans les années 1980, nous permet de nous remémorer que celle-ci était animée par des journalistes et des intellectuels qui brillaient par leurs écrits au style percutant, par des enquêtes audacieuses, par la diffusion de pétitions et de communiqués de dénonciations en tous genres… !

A titre d’exemple, notre journal « Attariq » s’était fait remarquer dès 1983 par des investigations journalistiques qui avaient débouché sur des révélations de scandales nationaux portant sur des cas de malversation, de détournement ou de dilapidation des derniers publics…! Bien évidemment, notre journal payait le lourd tribut de son audace en subissant régulièrement des saisies et des interdictions. Mais dans le même temps, ses rédacteurs et ses militants s’en enorgueillissaient et des mouvements de solidarité spontanés, impliquant les organisations politiques et de la société civile de l’époque, se formaient aussitôt ! Dans ce même ordre d’idées, il faut de même avoir en mémoire les débats d’idées contradictoires impulsés par les journaux de l’opposition - de l’époque - auxquels se joignaient souvent des personnalités de tous les horizons, et pas nécessairement des opposants irréductibles au pouvoir de Bourguiba. Et le débat qui s’instaurait n’opposait pas nécessairement les partisans de l’opposition à ceux de l’élite dirigeante, mais s’articulait et se déployait au gré des questions de l’actualité du moment, de la question de la démocratie à celle de l’autonomie syndicale, de la politique étrangère du pays à la préservation de ses acquis modernes et progressistes… Et il n’était pas rare aussi que des convergences apparaissent sur des questions cruciales pour notre devenir national. Même un média public comme la télévision nationale organisait de temps à autre des débats contradictoires auxquels étaient conviés des opposants notoires face à des dirigeants résolus. Le ton était certes vif, parfois même très vif, mais cela ne dérapait guère eu égard des limites que chacun se fixait. Le public était ravi et notre télévision - nationale - se réconciliait le temps de ces débats avec son audience nationale.

Mais qu’en est-il aujourd’hui ? L’Administration publique devient frileuse aussitôt qu’un journaliste qui exerce dans un de ces titres la sollicite, le responsable préfère tourner la tête que de répondre - ouvertement - aux questions qui lui sont posées, la quête d’un document officiel, pourtant public, en principe, se transforme, en ce cas d’espèce, en une denrée très précieuse, les médias nationaux, tant publics que privés, feignent de nous ignorer, nous rayant complètement du paysage politique… Au silence des sources officielles, s’ajoutent les surprises désagréables engendrées par une « mauvaise » distribution du journal ou carrément, parfois, par une « non diffusion » qui prend des allures de saisie déguisée-quand il ne s’agit pas d’une véritable saisie- et dont les tenants et les aboutissants nous échappent complètement, le plus souvent. De surcroît, pour cette presse militante, les temps, aujourd’hui, sont plus que difficiles ! Les journalistes audacieux et les intellectuels intrépides se font rares, n’osent plus s’afficher publiquement, ont souvent recours aux pseudonymes et pour cause… ! Par conséquent, le bouillonnement intellectuel et les débats passionnants des années 1980 tendent à se diluer dans les mœurs dominantes d’aujourd’hui, où se mêlent retenue excessive et prudence anesthésiante, le tout sur fond de « pensée unique » ! Le constat, c’est que les titres de l’opposition indépendante se trouvent confinés dans un espace très étriqué, tout hérissé de balises souvent infranchissables, en plus des nombreuses embûches, parfois insaisissables, qui se dressent de partout. En fait, dans le contexte d’aujourd’hui, la presse de l’opposition indépendante se trouve, malgré elle, face un véritable dilemme : soit elle succombe aux charmes du clientélisme d’Etat, au risque de perdre toute sa crédibilité , soit elle est condamnée à rester à la lisière, c’est-à-dire marginale, infréquentable, voire « pestiférée » ? Pour nous, la réponse est sans appel et ne fait pas l’ombre d’un doute : nous essayons constamment d’éviter ce dilemme stérile, nous défendons farouchement notre indépendance, tout en essayant de refuser la marginalisation : dans cet effort, il est évident que nous avons énormément besoin du soutien constant de nos lecteurs.

Larbi Chouikha

samedi 2 mai 2009

A travers la blogosphère #5 : spéciale foire du livre

La foire du livre de Tunis est un événement culturel majeur dans notre pays. Depuis quelques années elle est devenue un sujet récurrent d'indignation. Les blogueurs ne sont pas en reste.

Alors que Marsaletta s'avoue "apeuré" par "l'invasion extérieure" de "voilées" et de "talibans", Un œil sur la planète se demande si la foire du livre ne s'est pas progressivement transformée en "forum religieux" où les "femmes voilées se couvrant même les mains" côtoient des "hommes (vraiment) barbus". Il s'étonne de cette "invasion du dogme religieux" qui a couvert les stands de la foire de "livres de religion et encore de religion" et s'interroge sur la place qui a été laissée à "la culture francophone (…), anglophone ou même la littérature arabe". Khanouff, quant à lui, continue de croire au livre malgré le "débordement (…) de livres jaunes d'une autre époque" sur les "étals, (…), des tréteaux et (...) à même le sol". Des livres sur "la conduite de la jeune bonne musulmane", des couvertures avec "la fillette de moins de cinq ans voilée"… Le blogueur tient malgré tout à respecter son "engagement" de visiter les "rares éclairés îlots" qui restent et continue de "croire dans le livre", un jeu de mot subtil dont il use pour exprimer sa foi dans la culture.

Ayech mel Marsa, tout en tournant en dérision ces "Tunisiennes" rencontrées dans les halls de la foire du livre, "gantées" et couvertes de la "tenue totale du ninja saoudien", s'essaye dans sa note à une analyse de ce phénomène en adoptant la posture d'un "observateur (…) critique de la société tunisienne". Le blogueur se demande si cet "engouement des jeunes pour les livres jaunes" n'est pas en réalité un indicateur d'une "crise identitaire profonde". Il définit l'identité comme un "produit (…) commun" ne relevant d'aucune "nature" donnée, mais une "entité en mouvement". Ce "produit culturel" est, en définitive, le reflet de "notre pauvreté et notre vacuité culturelles". Poursuivant son analyse qui, selon lui, relève désormais du politique, le blogueur pointe un doigt accusateur vers "la dictature et l'autoritarisme", coupables d'empêcher l'intellectuel de créer et, partant, de participer à la construction d'une identité nouvelle grâce à une nouvelle production culturelle, seule voie "intelligente" capable de "contrecarrer la force de l'autorité". Le blogueur appelle enfin à un effort collectif de "construction identitaire", un "devoir de création" pour s'opposer à l'autoritarisme que nous subissons dans "nos familles, notre société et notre Etat", pour que l'idée de "république continue (encore) d'avoir un sens".

Marsoise choisit un angle d'analyse différent pour tenter d'expliquer le succès de la "littérature" religieuse à la foire du livre. La blogueuse évoque d'abord "la loi de l'offre et de la demande" pour expliquer l'offre importante de "livres religieux" chez les "maisons d'édition orientales", tout en s'interrogeant parallèlement sur la faible présence des "maisons d'édition françaises". Et la blogueuse de stigmatiser immédiatement la politique culturelle de la France à l'endroit de nos pays qui va entraîner, selon elle, son "suicide culturel" en "s'éloignant de plus en plus des pays qui formaient le maillon fort de la francophonie". Elle cite d'abord la disparition de nos écrans des chaînes françaises de télévision "qu'on regardait gratuitement" et qui ont cédé la place à "la concurrence des chaînes du Golfe". Puis elle poursuit en critiquant, pêle-mêle, la "présence insignifiante" des "maisons d'édition françaises à (la) foire du livre", et les "prix exorbitants" des livres qui les rendent "inaccessibles au Tunisien moyen" allant même jusqu'à déplorer que "la collection des livres (…) de la bibliothèque Charles de Gaulle (…) est pratiquement la même depuis longtemps…".

NB : La caricature a été empruntée au blog de Ayech mel Marsa

Hédi Ben Smail