mercredi 12 mai 2010

En marge des négociations Tunisie - UE : La démocratisation, un acte de souveraineté nationale

Le conseil d’association Tunisie – Union Européenne doit se tenir le 11 mai prochain à Luxembourg. Le succès de ces négociations, est, certes, éminemment souhaitable pour notre pays, dont l’accès au statut de membre avancé est de nature à donner une impulsion nouvelle à son développement économique et social.

Cependant, il est connu que, parmi les exigences fondamentales pour un renforcement significatif des relations avec l’UE, il ya les questions récurrentes des réformes démocratiques, des droits humains et de la bonne gouvernance. La coopération n’est pas, en effet, qu’une affaire d’économie et de commerce. Elle implique, avec autant de force, un engagement mutuel des deux parties en faveur de ces valeurs politiques et morales communes.


Cet engagement, la Tunisie doit l’affirmer haut et fort, non pour se soumettre à des pressions, mais de manière spontanée, volontaire, en toute souveraineté. Des mesures concrètes pour un respect des droits de l’homme et des principes de gouvernance démocratique sont, en effet, d’abord une exigence nationale et une condition nécessaire pour un développement intégral et indépendant.


C’est dans cet esprit qu’elles doivent être envisagées, loin de toute crispation. Résoudre la question de la Ligue des droits de l’homme, libérer les prisonniers d’opinions, respecter les libertés individuelles et publiques-parmi lesquelles la liberté d’expression et d’organisation-cesser toute tentative de domestication des organisations de la société civile, inscrire dans les faits le pluralisme et la transparence des élections… : ce sont là autant d’actes que dicte l’intérêt bien compris de notre pays.
Un système de gouvernance nouveau, qui soit crédible aux yeux de notre opinion publique, serait, en soi, un acquis national.


Le regain de crédibilité qu’il donnera à notre pays aux yeux de nos partenaires sera, alors une conséquence bien venue, qui, tout en facilitant nos rapports avec l’union européenne renforcera, surtout, notre souveraineté.


Attariq Aljadid

Crédit image : Webmanagercenter

lundi 10 mai 2010

Elections municipales : misère de la politique


J’ai lu avec beaucoup d’intérêt et une certaine émotion le bel article de Faouzi Ksibi, paru dans le dernier numéro d’Attariq, racontant les difficultés de la constitution, dans sa ville de Kelibia, d’une liste citoyenne aux élections municipales et son rejet – non justifié, comme de coutume – par les autorités. Car cette petite histoire de la difficile bataille pour la constitution d’une liste qui sera, au bout du compte, rejetée, peu après sa présentation, par un anonyme et fort bureaucratique trait de plume, est emblématique. Elle révèle, d’abord, la prégnance d’une mentalité et la poursuite de pratiques tout à fait opposées au discours officiel de promotion de la démocratie et du multipartisme. Elle montre, ensuite, étant donné ces pratiques, l’extrême exiguïté du champ d’action pour une opposition politique légale et légaliste et, à cause de cette exiguïté, la position très inconfortable où se trouvent coincés d’authentiques militants patriotes et démocrates, obligés ainsi de choisir, entre continuer, malgré tout, à se battre pour le droit légitime de représenter leurs concitoyens ou cesser de «jouer le jeu». Bref, elle met au jour la misère de notre vie politique et nous somme de composer avec elle.

Ce contexte particulier fait en sorte que ces listes citoyennes qui se sont engagées dans les élections municipales sont la cible de deux discours opposés mais qui ont le même défaut de méconnaître la dure réalité du terrain. Il est bon de rappeler celle-ci pour mieux répondre à ces deux discours et ces deux faux procès. Pour le premier, qui prolifère sur les pages de Facebook, notamment, les listes citoyennes font partie du décor et, en participant dans un contexte n’offrant pas les minima pour une vraie compétition, elles ne font que cautionner une mascarade. Pour le deuxième que l’on trouve, par exemple, sur les pages d’Achourouk, le nombre très restreint de listes de l’opposition – treize, dont sept ont été rejetées – n’est que le signe de sa faiblesse politique et organisationnelle.

Ainsi, aussi bien le discours «radical» (qui stigmatise ces listes comme complices d’une mascarade) que le discours «politiquement» correct (faisant mine d’ignorer les difficultés extrêmes du terrain) font fausse route: les citoyens qui ont réussi à constituer des listes citoyennes ont réalisé une véritable gageure. Ils ont réussi non seulement à s’imposer dans un contexte de démission et de scepticisme quasi-généralisés, mais surtout à résister aux multiples pressions, maniant carotte et bâton, visant la défection d’un de leurs colistiers et, partant, la chute de leur liste. Que celle-ci ait été finalement acceptée ou rejetée, ils méritent le respect de tous les démocrates de ce pays. À l’heure où beaucoup veillent à ne pas s’exposer, leur engagement pour leur ville, leur militantisme et leur courage sont à saluer et nul n’a le droit de les traiter comme les complices d’une «mise en scène destinée à flouer les Tunisiens».

Reste le constat de la faiblesse de l’opposition dont semblent se désoler certains commentateurs politiques… Elle est incontestable : seulement treize listes présentées sur un total de 264 municipalités. C’est peu, trop peu! Mais ce constat gagne à être relativisé en le rapportant au contexte politique évoqué ci-dessus. Considéré sous cet aspect, ce chiffre n’est plus ridicule. Loin de là! Dans treize villes, de Kelibia à Jbeniana, en passant par Hammamet, Gtar et Omm Larayes, des militants authentiques ont réussi à sensibiliser des citoyens pas encore totalement blasés et à les convaincre du bien fondé de se rassembler sous la bannière de l’opposition et de porter pour leur ville un projet alternatif à ceux qu’elle a subis jusque-là… Car, visiblement, ces listes gênent au plus haut point et l’idéal, pour certains, aurait peut-être été qu’il n’y en eût aucune! À croire que les listes de Khlidia, Ksiba ou Mateur représentaient un danger pour l’unité nationale! Bref, un diagnostic objectif de la santé de l’opposition en Tunisie ne peut faire abstraction des effets de cette formidable machine à désengager, démobiliser et dépolitiser, qui est à l’œuvre, inlassablement. 

Plus profondément, le contexte manifestement de plus en plus hostile à l’exercice par l’opposition de ses activités naturelles, dont la participation aux échéances électives, pose de manière lancinante la question des modalités d’action du Mouvement Ettajdid et de ses alliés sur la scène politique en général et leur positionnement par rapports aux élections à venir en particulier. Certes, le choix de la participation militante a été politiquement juste, aussi bien aux élections de 2004 que celles de 2009, et leur a permis notamment de réaliser une progression notable et de gagner en crédibilité et en visibilité. Certes, le boycott n’a de sens que s’il a un effet, que s’il est ressenti. Ce qui est, on le voit, hautement improbable dans un contexte où le désintérêt pour la chose publique et la démission sont l’état normal de la société. Et il risque ainsi d’être moins une action politique qu’une pétition de principe. Mais force est de constater que les Municipales de 2010 sont en train de confirmer le rétrécissement de la marge de manœuvre pour les listes opposantes, déjà constaté lors des Législatives de 2009. Dès lors, il est impératif de prendre en compte cette donne et, tout en militant pour un assainissement du climat politique et une réforme du code électoral, de repenser nos modalités d’action et de participation à la vie politique de notre pays. 

Tout en souhaitant bon courage aux six listes citoyennes rescapées, à nous de prendre conscience de la misère de la situation politique actuelle, de savoir composer avec elle et de faire en sorte de ne pas ressembler à ceux que plaint l’adage tunisien parce qu’ils «ont accepté un malheur qui n’a, hélas! pas voulu d’eux»!

Baccar Gherib

vendredi 7 mai 2010

Ammar is watchin' you!


La 404 de Ammar a finalement été identifiée! Ci-joint, sa photo. Venez la découvrir!!

Violences d’El Menzah : Autopsie d'un traitement médiatique

Sans doute plus que les violences au stade d’El Menzah du 8 avril dernier en elles-mêmes, c’est leur traitement par divers médias – publics et privés – qui est susceptible d’interpeller les observateurs et de les informer sur les caractéristiques de la scène politique en Tunisie, notamment sur l’articulation très particulière qui y prospère entre les champs politique, médiatique et… sportif.

Commençons par le commencement: tout le monde s’est accordé à souligner la gravité des faits, mais, à ce jour, personne n’a jugé utile de les décrire avec exactitude!! Dans pareils cas, en effet – du moins dans les pays qui respectent leur opinion publique – il est d’usage que le ministre de l’intérieur ou bien le directeur de la sûreté organise une conférence de presse. La vocation de celle-ci est non seulement de donner l’information exacte sur le nombre de victimes (s’il y en a) et de blessés (parmi les supporters et les forces de l’ordre), celui des personnes arrêtées et d’évaluer l’ampleur des dégâts matériels, mais surtout d’essayer de mettre au jour la séquence des faits qui a mené aux désordres. Seule cette mise au point permet de délimiter les responsabilités des uns et des autres et d’identifier les carences ou les erreurs aidant ainsi à la prévention de pareils épisodes dans le futur.

En l’absence de cette information crédible et détaillée, le Tunisien se trouve confronté à l’énorme hiatus qui sépare la langue de bois des médias et ce qui circule sur Internet, notamment grâce au réseau social Facebook, comme images et vidéos retraçant quelques épisodes des affrontements. Ainsi, le surlendemain des faits, un quotidien de la place s’empressait-il de titrer «Les forces de l’ordre gèrent la situation avec calme et doigté», tandis que, dans le même temps, la photo d’un agent des forces de l’ordre s’apprêtant à jeter de toutes ces forces une pierre au public dans les travées du stade, faisait le tour du net. Idem pour des vidéos relatant des épisodes particulièrement brutaux!! Décidément, certains n’ont pas compris qu’on ne pouvait plus s’amuser à refaire La Pravda au moment où un grand nombre de téléphones portables sont équipés de caméra et où près d’un million de Tunisiens sont sur Facebook…

Par ailleurs, la stratégie médiatique habituelle adoptée sous nos cieux, quand on veut communiquer sur un problème plutôt délicat, suppose, après l’incontournable moment de la langue de bois, un deuxième temps. Celui-ci consiste dans l’envoi sur les plateaux de télé d’un journaliste «indépendant» chargé de faire passer la lecture officielle des faits. Ce qui fut fait. Invité à une émission spéciale sur Hannibal TV, où les présents arboraient une grave mine de circonstance, le journaliste «indépendant» de service se lança, sûr de lui, dans une diatribe qui consistait à affirmer la gravité des faits, à en désigner les responsables (l’entraîneur de l’Espérance et, surtout, son public, «habitué de ces dérapages violents») et, enfin, à appeler à la fermeté.

L’exercice est rodé, parfaitement maîtrisé. Il a souvent servi, en l’absence de contradicteurs, à attaquer et essayer de discréditer des personnalités politiques opposantes, des chaînes satellitaires d’information ou des ONG. Et cela se faisait dans l’impunité la plus totale, car il n’y a jamais eu retour de boomerang. Ce n’était vraisemblablement pas le cas cette fois-ci. Car quelle ne fut pas notre surprise, quelques jours plus tard, de voir réapparaître, sur l’écran de la même chaîne, la mine défaite de notre justicier présentant ses plus plates excuses au public incriminé, évoquant pêle-mêle, un malentendu, la grandeur du club, son rôle dans le mouvement national et dans l’encadrement de la jeunesse… Le tout clôturé par un pathétique «je me suis rendu compte que le sport est plus dangereux que la politique»! Traduisez: il est plus facile de s’attaquer à des partis politiques et à leurs représentants qu’à des clubs de football…

Marx disait à peu près que les idées se changeaient en force matérielle dès qu’elles saisissaient les masses. Nous vivons, hélas ! dans une étrange société où ce sont moins les idées politiques et sociales que les appartenances sportives qui sont susceptibles de saisir les masses et de se muer en force matérielle. Notre Zorro des plateaux télés l’a sans doute appris à ses dépens en circulant dans les rues de Tunis après sa triste intervention télévisée…

Baccar Gherib

Crédit image : Leaders

dimanche 2 mai 2010

الفصّاص






يوم 17 من الأسبوع قبل المنصرم من أفريل المنصرم، آخر أجل لتقديم ترشحات القائمات البلدية، دخلنا الى معتمدية قليبية، 22 مترشحا وضعوا أنفسهم على ذمّة مدينتهم، وقد اختاروا الاستقلاليّة منهجا ورفعوا شعار " بلديّة الجميع لخدمة الجميع "....

أثناء الجلسة، فتحت نوافذ قاعة الاجتماعات، وفوجئنا جميعا بمساحة واسعة من الحديقة الرحبة المحيطة بمكاتب المعتمديّة مزروعة فولا "فصّاصا "، الفصّاص كلمة نطلقها في جهة الوطن القبلي وفي جهات أخرى كثيرة من بلادنا على الفول الأخضر إذا كبرت " قرونه " وبلغت حبّاته وأصبح جاهزا للأكل مطبوخا أو مغلّى ، متمّما لطعام أو مكتفيا بذاته أكلة مستقلّة (المدمّس)...

من الغريب أن كل شيء امّحى من ذاكرتنا بمجرّد مغادرتنا للمعتمديّة: كلام المعتمد كان كلاما بروتوكوليّا ، مقالا اقتضاه المقام، لا أكثر ولا أقلّ، لذلك كان بلا معنى تقريبا...
ما قاله بعضنا أيضا امّحى، كان كلاما طقوسيّا ، مقالا اقتضاه المقام، لا أكثر ولا أقلّ، لذلك كان بلا كبير معنى تقريبا...

عدد السيارات والوجوه التي كانت مرابطة أمام المعتمدية تذهل وهي ترى الفريق كاملا يدخل الى مقر المعتمديّة ...هي التي راهنت الى آخر لحظة على استحالة تكوين قائمة !!… ترصد المترشحين وتكتشف اسماء لم تكن متوقعة وتستبق المآخذ والامكانيات لسقوط القائمة ...تنتظر ما سيفضي اليه التحاقنا بالمعتمدية من نتائج أوليّة، وتبرمج اجتماعا طارئا لتدارس الوضع المستجدّ والتباحث في الحلول الممكنة...

امّحت السيارات وعادت بلا "ماركات" ولا أرقام تقريبا، وامّحت الوجوه وعادت بلا ملامح تقريبا.
لم يبق عالقا في مخيّلاتنا جميعا الاّ الفصّاص...
دخلنا مجموعة مؤلفة من 22 مواطنا تتزاحم في دواخلنا أحلام لا محدودة عن قليبية الغد وعن عرس الديمقراطية: عروس تجلس في الصدارة تنتظر عريسها الذي بلتحق بها ، ويكتمل العرس، ولم نخرج إلاّ بالـ : " الفصّاص " في مخيلاتنا...

وها إنّ العروس تجلس وحدها تنتظر عريسا منعوه من الوصول اليها بدون توضيح أي سبب، ولمرّة أخرى وأخرى لا يكون للعرس معنى...لأنه عرس عروس بلا عريس..
ستكون الصناديق هنا في قليبية بلا معنى...أيّ قيمة لصندوق بقائمة واحدة؟ أليس الاختيار أساس الانتخاب الأول وعماد جوهره ؟

عام 2005 سقطت القائمة المستقلة هنا أيضا والى حدّ الآن تغمر نفوس أعضائها الحسرة لا لسقوطها ولكن لعدم تمكينهم من معرفة السبب ، لأن الإدارة اختارت ، كما في هذه المرة أيضا، ألاّ توافينا بالسبب، بعدها شعر الكثيرون في قليبية بالخيبة لأن أداء المجلس البلدي الذي فسح له مجال "العزف الانفرادي" كان ضعيفا الى أقصى الدرجات...وتنحية رئيس البلدية وبعده كاتبها العام مؤشر أكثر من دالّ..

أردنا بلديّتنا ومجلسها على ثقافة الصّوت الآخر والتنوّع والجرأة في المقاربة ومساءلة الملفّات الكبيرة، فقصرت وأراد لها آخرون التعاود والتشابه والتماثل والتمادي...فليكن...

أيّ خير فات قليبية؟؟؟
أيّ خير فوّته أبناء قليبية على مدينتهم؟؟؟

ذات يوم من الأسبوع قبل المنصرم، من الشهر المنصرم، من قليبية المنصرمة، من ديمقراطيتها المنصرمة، من عرس منصرم، امّحى كلّ شيء وبقي الفصّاص...



تحيّة خاصّة الى صديقي الذي أعرفه ويعرفني: الشاعرجمال الجلاصي
والى صديقي الذي أعرفه ولا يعرفني: الشاعر المنصف الوهايبي
منهما استوحيت هذه الملحة

فوزي القصيبي
يتيم المنصورة

samedi 1 mai 2010

Syndicat, es-tu là ? (Réflexions à propos du dernier congrès de l’UTAP)

L’agriculture contribue à 12% du Produit Intérieur Brut, voire plus si l’on comptabilise la part de l’agro-alimentaire. Elle occupe encore près du quart de la population active. Malgré cela et d’énormes progrès techniques réalisés, elle souffre d’un déficit d’image, et plus encore d’un «déficit de représentation», hérités de l’histoire récente et d’une certaine conception des priorités économiques, mais aussi de la désaffection à peine dissimulée des élites dirigeantes depuis l’Indépendance. En effet, c’est le secteur où la profession, pourtant nombreuse (prés de 500.000 agriculteurs au dernier recensement), est la moins bien représentée auprès des pouvoirs publics et peine souvent à s’affirmer à travers un syndicat agricole, pourtant ancien.

Le dernier congrès de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP), qui s’est tenu du 16 au 18 avril dernier,, était un rendez-vous important. D’abord parce qu’il se tient une fois tous les cinq ans et ensuite parce que c’est une occasion importante pour les agriculteurs et les pêcheurs de se retrouver, de débattre de leurs préoccupations, de renouveler leurs instances et de se faire entendre des pouvoirs publics et de l’opinion.

Au-delà de l’événement et de la couverture médiatique de circonstance, que peut-on retenir d’un rendez-vous longtemps attendu ?

Une adaptation qui tarde à venir

Cet événement était d’autant plus attendu qu’il se tenait à un moment où notre agriculture doit faire face à une double échéance : celle de l’ouverture à l’extérieur dans le cadre de l’accord d’association avec l’Union européenne et des accords de l’OMC, et celle de la libéralisation des marchés et du désengagement de l’Etat des activités de collecte et de commercialisation des principaux produits agricoles (céréales, huile d’olive, lait..).

Il était donc attendu, à l’occasion de ce rendez-vous quinquennal, que l’organisation professionnelle censée représenter le monde agricole dans sa diversité et sa richesse, s’appropriât les problématiques majeures qui conditionnent largement son devenir: vieillissement de la population agricole, problèmes fonciers, recul des investissements, obsolescence des structures de développement…: les sujets ne manquaient et ne manquent toujours pas!

Mais il eut fallu pour cela que l’UTAP fasse son aggiornamento, qu’elle renouvelle ses structures et revoie le mode de désignation et d’élection de ses dirigeants, qui reste d’un autre âge. Car il est aujourd’hui impensable pour un adhérent d’espérer se faire élire s’il n’est pas préalablement désigné par ceux-là qu’il risque de concurrencer aux élections du Conseil Central. Quant à atteindre le Bureau exécutif, il faut être tout simplement adoubé ! Or, il faudra bien se résoudre à revoir ce fonctionnement si l’on veut retrouver une représentativité qui s’est effritée et une crédibilité bien entamée auprès des professionnels. Sinon comment espérer porter la voix des quelques 500.000 agriculteurs et peser sur l’échiquier national, si ce n’est en comptant sur une reconnaissance bienveillante des pouvoirs publics? Or, si cette reconnaissance est nécessaire, elle ne doit pas être une sorte d’indulgence accordée ou d’un compromis précaire qui fragilise l’autonomie de ce qui est avant tout un syndicat agricole de dimension nationale.

Et l’on est en droit de s’interroger sur les conditions de cette autonomie lorsqu’on observe le financement de la centrale agricole. Car on est frappé par l’importance de la subvention reçue de l’Etat, qui représente, à elle seule, près de 60% du total de ses recettes annuelles. Peut-être est-ce là une juste récompense? Mais à s’y laisser prendre, on y perd sans doute beaucoup d’autonomie et de liberté de manoeuvre!

N’y a-t-il pas moyen d’obtenir, non seulement une plus grande contribution des adhérents à travers les cotisations, mais aussi à travers les diverses taxes parafiscales prélevées sur les produits agricoles? C’est, nous semble-t-il, une voie plus satisfaisante, qui renforcerait l’autonomie de l’organisation professionnelle tout en garantissant la transparence de sa gestion.

Des défis qui restent à relever

Mais on attendait aussi que, sur le fond, ce congrès fût à la hauteur des enjeux de l’étape à venir en même temps que des attentes de sa base réelle, en exprimant des propositions fortes.

Sur quelques thèmes majeurs, on aurait voulu entendre plus, et notamment sur :

  • La situation économique et financière des agriculteurs - toutes catégories confondues - de plus en plus fragilisée par le double effet de la libéralisation ou plutôt la déréglementation des marchés des principales productions agricoles, à l’exception des céréales (mais pour combien de temps encore ?) et de l’explosion des coûts de production, mais aussi par le poids insupportable des taux d’intérêts bancaires et l’inadaptation de la politique de crédit à l’agriculture. Est-il normal en effet que seuls 7% des agriculteurs accèdent encore aux concours bancaires?
  • La nécessité qu’il y a d’une organisation des filières de production et des marchés, afin de garantir les intérêts des producteurs, de sécuriser les approvisionnements et d’assurer la traçabilité des produits. Ceci sans parler de la nécessité qu’il y a de prévoir des mécanismes de régulation et de soutien publiques. Car la dernière crise alimentaire de 2008 nous a montré combien il peut être risqué de mettre l’agriculture d’un pays entre les seules mains du commerce mondial et son auto-régulation supposée.
  • La mise en place d’un Programme National de Mise à Niveau de l’agriculture, qui doit être réclamée d’urgence, avec des moyens conséquents et des objectifs à respecter tant par l’Administration que par les bénéficiaires. Faute de quoi, l’ouverture prochaine de nos frontières aux produits agricoles européens et aux autres sera dévastatrice pour nos agriculteurs autant que pour notre économie.
A l’heure où l’UTAP se prépare à fêter son soixantième anniversaire, il reste encore beaucoup à faire pour retrouver la confiance des agriculteurs et renouer avec l’esprit des pionniers du syndicalisme agricole.

L. B. B.

تحية الى الشغالين في عيدهم


بمناسبة غرة ماي عيد العمال الأممي، عيد التضامن النضالي بين الكادحين في العالم ورمز تحررهم من سائر أشكال الاستغلال والاضطهاد ، نتوجه إلى صانعي خيرات تونس وثرواتها ، بسواعدهم وعقولهم، بالتحية والتقدير.
إن هذا العيد فرصة للاعتبار واستخلاص الدروس وتقييم النتائج وكذلك هو مناسبة للتخطيط والتفكير في الأهداف المقبلة وحبذا لإحياء تقاليد التعبئة الجماهيرية الاستعراضية من مسيرات احتفالية وتجمعات في كافة جهات البلاد.
إننا نتابع باهتمام وندعم، من موقعنا السياسي، نضالات الاتحاد العام التونسي للشغل، المنظمة العريقة، من أجل المزيد من المكاسب والضمانات الاجتماعية خاصة وبلادنا مقبلة على جولة ثامنة من المفاوضات الجماعية وكذلك على طرح مراجعة لأنظمة التقاعد، ينتظر أن تكون عسيرة.
وإذ نؤكد على حرية قرار المنظمة الشغيلة واستقلاليتها فإننا نساند مسعى الاتحاد إلى تأمين وحدة العمال والرفع من وعيهم النقابي والسياسي وتجسيم مواطنتهم كاملة حتى يتبوءوا مكانتهم اللائقة في بلادهم.
إن الانغلاق الذي يتسم به الوضع السياسي يحدّ من القدرة على التصدي للمشاكل الاقتصادية والاجتماعية، زادتها تداعيات الأزمة الاقتصادية والمالية التي تفجرت في المركز الرأسمالي الرئيسي، الولايات المتحدة الأمريكية، تفاقما.
وتعددت مظاهر إلقاء أعباء هذه الأزمات على الطبقة العاملة و الشرائح الشعبية و أصبح مشهد التسريح الجماعي من العمل واحتداد البطالة وخاصة لدى الشباب حاملي الشهائد العليا، والنزوع، أكثر فأكثر، إلى التشغيل الهش يؤرق عائلات هذه الفئات الشعبية بالإضافة إلى الارتفاع المطرد للأسعار وتدهور القدرة الشرائية وتزايد الإنفاق على الخدمات الأساسية وتفاقم نسب التداين.

فالمكاسب الاجتماعية، التي انتزعت بعد نضال طويل، تبقى محدودة ومهددة إذا لم يقع تأمينها في ظل إصلاح سياسي يبدّد قلق العمال على استقرارهم الوظيفي ومستقبلهم.
وكخطوة عاجلة، يتحتّم تضافر الجهود النقابية والسياسية لطي ملف الحوض المنجمي عبر إطلاق سراح المسجونين وإيقاف كل التتبعات التي لا تزال متواصلة، والتراجع عن صيغة السراح الشرطي في حق المسرحين وإرجاعهم إلى سالف عملهم والبحث عن حلول تعتمد إتاحة تكافؤ الفرص وتحقيق التوازن بين الجهات وتكريس الحق في الشغل وضمان العيش الكريم.
ويبقى دور حركة التجديد داعما ومثريا ومتكاملا مع نضال الحركة النقابية من أجل تحقيق العدالة الاجتماعية والديمقراطية والتقدم، ونصرة قضايا التحرر الوطني والاجتماعي في العالم.

سليم بن عرفة